Cet article date de plus de huit ans.

A Jœuf, dans la ville natale de Platini

Michel Platini ne baisse pas les armes après sa condamnation par le comité d'éthique de la Fifa. En France, les réactions sont nombreuses après la mise en cause de l'ex-numéro 10 des Bleus, particulièrement dans sa ville natale de Jœuf, en Meurthe-et-Moselle. S’il compte de nombreux soutien auprès de sa famille et de ses amis, la jeune génération, elle a la dent un peu plus dure.
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (Michel et Aldo Platini dans les rues de Joeuf. © Maxppp)

Cette pelouse du petit club de foot de Jœuf, Michel Platini l’a foulée jusqu'à ses 17 ans. Aujourd’hui, le stade porte son nom.

Et d’autres à sa place ont enfilé les crampons. Des ados très déçus par leur champion : "On est tous déçu parce qu'on l'aimait bien. Il est dans notre c œ ur. Il a apporté beaucoup choses ici. Il a développé le foot à J œ uf. Après, il y a beaucoup de problèmes avec l'argent. Il faut changer le foot. Avant, il était petit et il n'avait pas problème, il a donné plein de choses à la ville. Et après, il a occupé un gros poste et il a eu des problèmes d'argent ", dit un adolescent. "Personne n'a le droit de détourner de l'argent. Vu qu'il s'est fait virer huit ans, s'il a fait des détournements, il est coupable ", renchérit son copain.

"Michel, il avait des parents qui l'ont éduqué à certains principes. (...) Personnellement, je suis persuadé qu'il n'aime pas l'argent. Par contre, il aime le pouvoir. Michel a toujours été un gagneur "

Des paroles qui font bondir. Les frère Keff, des amis de longue date de Platini. A l’époque, tous les trois jouaient dans la même équipe. Pour Gérard comme pour Michel, leur copain ne peut pas avoir trempé dans ces affaires de corruption : "Moi je le connais encore assez bien. J'ai eu l'occasion d'aller le voir plusieurs fois à l'UEFA. Ce n'est pas du tout son style. Pour moi, c'est un homme intègre. On peut peut-être lui reprocher un peu de négligence : d'avoir attendu neuf ans pour être payé pour un travail qu'il a fait. Mais quand même, au niveau de l'intégrité, ce n'est pas possible. Moi, le connaissant bien, c'est impossible ", assure l'un. "Je n'y crois pas. Michel, il avait des parents qui l'ont éduqué à certains principes et je suis sûr, certain que ce n'est pas possible. Personnellement, je suis persuadé qu'il n'aime pas l'argent. Par contre, il aime le pouvoir. Michel a toujours été un gagneur. Quand il jouait au foot, il n'aimait pas perdre. Mais je peux vous assurer qu'il aurait pu gagner beaucoup plus d'argent avec un autre circuit ", fait remarquer son frère.

Dans le fief de Michel Platini, c’est toute la vieille génération qui monte au créneau pour défendre l’enfant du pays. En première ligne, son oncle, Mario Piccinelli, très choqué par cette suspension, accepte de nous recevoir chez lui. Il y a trois semaines son neveu était assis là dans le salon l’air plutôt serein : "J'ai entendu l'information dans ma voiture. Je ne sais pas quoi dire. Autant j'étais heureux quand il s'est présenté. Maintenant... ", laisse échapper le vieil homme, qui confie, la voix étouffée par un sanglot, sa proximité avec Michel Platini. "Il était encore chez nous il y a quinze jours. Il ne s'est pas caché d'avoir touché l'argent. Il me l'a dit : ça a été déclaré. Tout est en règle. C'est un problème mondial, politique, moi je ne suis pas dans le coup. Je vais essayer de lui téléphoner mais j'attends de savoir ce qui va se passer ".

Sa famille, ses amis, ses anciens voisins, tous sont persuadés qu’il est tombé dans un piège. Hervé Thiéry, l’actuel président du club de foot de Jœuf; fan de son "Platoche", comme il dit, et qui a décoré son local de photo de son champion, dénonce l’hypocrisie de la FIFA : "Il a été jugé par rapport à quoi ? Jugé par qui ? La justice de la Fifa ? On la connaît. Qui a mis ces juristes en place dans la commission d'éthique ? C'est Blatter bien sûr. On sait d'où ça vient. Il y a eu un contrat moral, oral. Mais c'est le système de la Fifa, ça fait des décennies que c'est comme ça. On ne peut pas reprocher à quelqu'un d'avoir accepté un contrat en l'état ! On lui aurait fait signer un papier, il l'aurait fait ! Non, ça marchait comme ça, la Fifa. Et ça aussi, je pense que lui, il aurait réformé ça. Blatter veut que rien ne lui survive. Il veut emmener tout le monde avec lui ".

Ici, personne ici ne doute que Platini se battra jusqu’au bout. Et que la page Platini n’est certainement pas encore tournée.

Le reportage de Gaele Joly à Jœuf, dans le fief de Michel Platini
 

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