Federer vient à bout de Simon
La 900e victoire de la carrière de Roger Federer aura été longue à se dessiner et il a bien failli attendre quelques jours de plus avant de l'apprécier. Particulièrement tranquille depuis le début de ces Internationaux de France où il avait martyrisé tous ses adversaires dont Julien Benneteau au tour précédent, le Suisse a du s'employer. Il n'avait pas perdu un set en trois matches. Il en a lâché deux en un seul. Il avait passé 4h13 en tout sur le court, ce dimanche il a du batailler 2h58. A cause de qui? D'un Français qui connaît la recette pour perturber l'orfèvre helvète. Gilles Simon l'avait dominé lors de leur deux premières confrontations. En Grand Chelem, à l'Open d'Australie, il l'avait contraint à disputer 5 sets dès le deuxième tour (2011). Rebelote ici. Mais encore une fois, Federer a été le plus fort. Il compte désormais 57 victoires à Roland-Garros (nouveau record) et est pour la 36e fois consécutive au rendez-vous des quarts de finale.
Une leçon d’abord
Gustavo Kuerten est donc toujours le dernier à avoir privé Federer des quarts de finale d’un Grand Chelem. Simon aurait pu inscrire son nom dans les livres d’histoire. Mais comme souvent, c’est le Suisse qui a rajouté une ligne. Après la rencontre, Gilles Simon ne pouvait cacher sa déception. « Là tout de suite je suis très triste ». Le sourire est forcé, la tristesse bien réelle. Après son revers dans le couloir qui lui brisait son rêve d’exploit, il a du mesurer la portée de l’exploit qu’il a tutoyé. Mais on n’est pas recordman des titres en Grand Chelem (17) comme ça. On ne colle pas 6-1 en 37 minutes au 18e mondial comme ça. Cette première manche, le Suisse l’a survolée. Comme à ses plus belles années. Toute la palette y est passée, les amorties sur le retour de service, le revers. A ce moment-là, Simon est spectateur comme les 16000 personnes qui ont garni le Philippe Chatrier.
Erreurs fatales
Mais Simon connaît la musique face à Federer. Les échanges en cadence, il sait les contrer. Et à force de répondre, de trouver de la longueur, la belle mécanique suisse s’est déréglée. Le break dans le septième jeu de la deuxième manche a été le point de départ de la mauvaise passe de « Roger ». Celle-ci commençait par la perte de la deuxième manche, 6-4. La première lâchée par le Suisse en une semaine. Puis la deuxième, 28 minutes plus tard (6-2). Fini le Suisse virevoltant, le Philippe Chatrier (re)découvrait le Suisse des mauvais jours : la tête basse, les coups boisés. Pourtant, le vent de la révolte n’allait pas tarder à souffler. Muet pendant 1h30, le premier « come on » se faisait entendre dès l’entame de la quatrième manche. « J’ai perdu confiance mais le mérite lui revient », a-t-il déclaré en conférence de presse. « Il y a peut-être eu un petit pêché d’orgueil du Suisse, à vouloir à tout prix jouer en force et en vitesse », a expliqué Patrice Dominguez pendant la rencontre. Il a donc fallu adapter la tactique. Fini la cadence, bonjour les variations. Celles qui ont gêné « Gillou ». Celles qui ont coûté cher et qui ont poussé le Français à la faute, notamment à 3-2 sur son service. Deux revers et un coup droit dehors et une attaque de coup droit du Suisse et le voilà qui creusait l’écart (4-2). Avant d’égaliser à deux manches partout (6-2).
Sauvé par le service
Le cavalier seul du quatrième set a duré le temps de trois jeux dans le cinquième. Un, deux et trois zéro… un hit français remixé par le Suisse. Après soufflé le chaud, puis le froid, puis à nouveau le chaud, son jeu balbutiait à nouveau. La fébrilité apparaissait. A 5-3 sur son service, il sauva deux balles de débreak avec une arme, celle des moments brûlants : sa première balle. Elle a été monstrueuse au cinquième set : aucun ace certes, mais 86% de première balle, et 11 points sur 12 gagnés sur celle-ci. Elle a compensé des hésitations dans le jeu à l’image de ses smashes plein centre dans le dernier jeu de la rencontre. On peut disputer son 1104e match en carrière et trembler au moment de conclure. Le Suisse est humain et Simon n’a pas été loin de le rappeler à tous. Jo-Wilfried Tsonga va avoir l’opportunité de le faire. Encore un Français, le troisième de suite pour le 40e quart de finale de sa carrière. Jimmy Connors et ses 41 apparitions dans un Top 8 ne sont plus très loin. La défaite, ce dimanche, ne l’était pas non plus…
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