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"Faut qu'on parle" : six sportifs professionnels évoquent leur homosexualité dans un documentaire, pour en finir avec les tabous

Article rédigé par Hortense Leblanc, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Kévin Aymoz, Céline Dumerc, Amandine Buchard, Jérémy Clamy-Edroux, Astrid Guyart et Jérémy Stravius ont révélé leur homosexualité dans un documentaire intitulé "Faut qu'on parle" et diffusé sur Canal+ samedi 19 juin 2021. (Capture d'écran Canal+)

La basketteuse Céline Dumerc, l'escrimeuse Astrid Guyart ou le nageur Jérémy Stravius, notamment, racontent les difficultés qu'ils ont eues à assumer leur homosexualité dans leur sport respectif. 

Dans un documentaire touchant et plein de sincérité, Faut qu'on parle, diffusé sur Canal+ samedi 19 juin, six sportifs professionnels font leur coming-out médiatique, pour briser les tabous sur l'homosexualité dans le monde du sport et faire avancer le combat contre l'homophobie. La basketteuse Céline Dumerc, l'escrimeuse Astrid Guyart, le patineur Kévin Aymoz, la judokate Amandine Buchard, le nageur Jérémy Stravius et le rugbyman Jérémy Clamy-Edroux se livrent et libèrent la parole des sportifs homosexuels. 

Ils ont mis du temps à l'accepter et à en parler, et le font aussi bien pour eux que pour les autres. Ces six sportifs racontent avoir longtemps souffert du regard des autres, notamment à l'adolescence, où certains ont préféré mentir, quitte à s'inventer des vies. "Je sortais avec une fille trois-quatre jours, pour voir si ça matchait, mais ça ne pouvait pas durer", témoigne par exemple Jérémy Stravius, champion du monde du 100 mètres dos en 2011. Kévin Aymoz a quant à lui été déscolarisé à deux reprises : "L'homosexualité hantait mes idées, j'essayais de ne pas être trop maniéré." 

"Des coéquipières avaient peur de prendre leur douche en même temps que moi"

Alors qu'ils ont chacun brillé dans leur discipline respective, ces sportifs ont eu du mal à assumer leur homosexualité et à la dévoiler à leurs coéquipiers ou partenaires d'entraînement : "C'est dur de révéler son homosexualité alors que ça fait dix ans qu'on entend des blagues homophobes à l'entraînement", explique Astrid Guyart, vice-championne du monde par équipes en escrime. Parmi eux, certains redoutaient aussi les arrières-pensées et les sous-entendus de leurs coéquipiers ou concurrents dans les vestiaires, "surtout en natation où on est 24 heures sur 24 en maillot de bain", souligne Jérémy Stravius.

Sous les douches, Jérémy Clamy-Edroux, pilier de Rouen en Pro D2, raconte s'être tourné vers le mur en levant la tête, pour éviter tout signe qui pourrait être mal interprété par ses partenaires. Céline Dumerc, vice-championne olympique de basket, a également connu des situations blessantes dans les vestiaires : "J'ai eu des coéquipières qui avaient peur de prendre leur douche en même temps que moi, comme si j'allais scanner toutes les filles." 

Soutien et soulagement

Finalement, tous ont trouvé du soutien auprès de leurs proches et de leurs coéquipiers. Un soutien synonyme de soulagement pour ces sportifs, désormais plus heureux et épanouis. "Ils ont été surpris, ils pensaient que c'était une blague. Puis ils ont apprécié ma sincérité et ont appris à me connaître. Je ne pense pas que le milieu du rugby est homophobe. Il est un peu macho, mais personne ne m'a tourné le dos", raconte Jérémy Clamy-Edroux.

Alors qu'ils n'avaient jamais révélé publiquement leur homosexualité, les six sportifs mis en avant par Canal+ ont accepté de témoigner pour faire passer des messages. "Ce qui compte, ce sont mes performances sur le terrain, pas si je sors avec une fille ou un garçon", clame Céline Dumerc. Pour Amandine Buchard, championne d'Europe de judo, "c'est quelque chose qui est difficile à dire. Je sais que ça peut aider, alors je le fais". Astrid Guyart espère elle aussi donner du courage à de jeunes sportifs qui n'assument pas encore leur orientation sexuelle : "Avoir des références, ça aide à se projeter, à relativiser. On ne se sent pas tout seul et ça peut donner de la force". Et s'ils redoutent désormais qu'on leur colle une étiquette, ces athlètes se disent finalement libérés d'avoir évoquer leur homosexualité. 

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