E-sport : le géant Blizzard visé pour avoir suspendu un joueur pro-manifestants à Hong Kong
La NBA n’est pas la seule entreprise américaine à soigner ses intérêts économiques avec la Chine. Deux jours après les excuses publiques de James Harden suite au tweet polémique du manager des Rockets Daryl Morey – qui appelait à soutenir les manifestations pro-démocratie à Honk Kong – c’est un mastodonte de l’E-sport qui se retrouve dans la tourmente, détaille Le Monde.
L’entreprise Blizzard, mondialement connue pour avoir édité des jeux comme World of Warcraft ou encore Overwatch, est visée pour avoir suspendu un joueur professionnel de son jeu de cartes Hearthstone. La raison ? Elle est encore une fois politique, puisque Chung Ng Wai, le joueur en question, a été suspendu de son championnat et s'est vu priver de tous ses gains, pour avoir exprimé publiquement son soutien envers les manifestants Hongkongais, qui, rappelons-le, prônent la démocratie dans la région administrative spéciale (RAS) chinoise.
"Libérer Hong Kong de la Chine"
"Il est interdit aux joueurs de discréditer publiquement, d’offenser une partie ou un groupe du public, ou de nuire de quelque façon à l’image de Blizzard". C’est sur ce point de règlement que l’éditeur américain s’est appuyé pour justifier sa décision, qui interpelle outre-Atlantique. Le joueur d’Hearthstone, connu sous le pseudonyme de "Blitzchung", s’était présenté ce mardi lors d’une interview avec un masque à gaz sur le visage, symbole de la rébellion pro-démocratie, avant d’appeler à "libérer Hong Kong de la Chine". Une sortie qui n’est pas sans rappeler celle du manager de Houston Daryl Morey avant lui.
Si les intérêts économiques de la NBA en Chine sont évidents, et peuvent en partie expliquer la réaction et les excuses express du club de Houston, celles de l’entreprise Blizzard le sont tout autant. En effet, comme le rappelle Venture Beat, qui s’appuie sur une étude de Sensor Tower, l’application mobile du jeu de cartes Hearthstone puiserait 31% de ses bénéfices en Chine, soit un peu plus de 51 millions de dollars. Voilà qui vient éclaircir les faits quant à la sévérité de l’éditeur envers son joueur.
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Invitations à boycotter Blizzard
Il est également intéressant de constater que la maison-mère de Blizzard, Activison Blizzard, appartient à 5% à l’entreprise chinoise Tencent, spécialisée dans les télécommunications. De quoi interroger, forcément, d’autant que cette décision prise sur fond de conflit politique n’a pas échappé aux joueurs de la communauté Blizzard. Le hashtag #BoycottBlizzard n’a pas tardé à germer sur les réseaux sociaux, et plusieurs grand noms du jeu vidéo ont réagi à cette polémique.
C’est notamment le cas de Mark Ken, co-créateur du célèbre World of Warcraft produit par Blizzard : "J’ai fait ce jeu avec l’équipe mais je suis contre le fait que Blizzard ait peur de la Chine" a-t-il tweeté, "Je suis contre la censure de Blitzchung et je demande à Blizzard de défendre la bonne cause". Un conflit d'intérêt qui n'a pas fini de faire parler aux Etats-Unis.
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