Les épéistes français dans l'histoire
L'incroyable série de la "Scherma Azzura" avait fait rêver plus d'un épéiste, et les Français s'en sont sans doute inspirés dans le prestigieux cadre du Grand Palais. Depuis un premier titre olympique obtenu en 1952, l'équipe italienne avait tout raflé, enchaînant trois titres mondiaux (1953, 1954, 1955), un nouveau sacre olympique en 1956, puis deux autres titres mondiaux (1957 et 1958). Ce règne s'arrêtait en 1959, avec le couronnement de la Hongrie. Et l'histoire s'est donc répétée pour les Français, qui ont commencé leur série aux JO 2004. Avant d'égaler ce record, il fallait en découdre avec de redoutables équipes...
Cette journée a débuté de manière bien étrange. Au moment d'affronter au premier tour les épéistes de la Sierra Leone, les trois appels des officiels de la compétition sont restés lettre morte. Les Français ont été ainsi déclarés vainqueurs sur forfait, ce matin à 8h. Après une courte sieste bien méritée, les hommes de Jérôme Roussat devaient alors affronter au deuxième tour l'Estonie, tombeuse de l'Afrique du Sud (45-26). Ce match a priori à la portée des Tricolores ne devra toutefois pas être pris à la légère, car l'Estonie possède dans ses rangs un atout de poids, le champion du monde individuel, Nikolai Novosjolov.
Devant un public chauffé à blanc, les Français le trio composé de Jean-Michel Lucenay, Gauthier Grumier et Ulrich Robeiri sentaient comme jamais qu'ils devaient se montrer à la hauteur des attentes du public... et de la Fédération. Car la moisson de médailles s'est révélée relativement pauvre lors de ces Mondiaux, et une cinquième médaille ne serait pas de trop. Et le duel face à l'Estonie débutait bien mal, avec un 5-1 encaissé par Lucenay face à Novosjolov. Avec cette place pour les quarts de finale en jeu, les Français ne se démobilisaient pas pour autant, et Gauthier remettaient les siens à deux points (6-8). Robeiri et Priinits s'observaient davantage et l'écart restait le même (9-7). Dans le relais suivant, Lucenay revenait à un point face à Allika (12-13).
Rien n'était gagné loin de là, mais Grumier parvenait à égaliser à 21-21 face à Priinits et terminait ce sixième relais à 23-23. Le mano a mano se poursuivait entre Robeiri et Allika et le Guyannais parvenait à compter désormais deux points d'avance 26-24. Lucenay et Priinits ne marquaient pas le moindre point et c'était donc à Grumier d'assurer la qualification face à ni plus ni moins que le champion du monde, Novosjolov. Et Grumier débutait bien en prenant les devants avant de se faire rattraper à 34 secondes de la fin (32-32), mais un finish de folie a permis à Grumier de faire gagner la France, dans la douleur (37-33). "C'était vraiment difficile à manoeuvrer. Leur équipe est vraiment construite au tour de Novosjolov. On s'est battu et la victoire était au bout", déclarait Grumier après l'affrontement.
En quarts de finale, la France retrouvait alors l'Ukraine, vainqueur de l'Espagne 45-34. Cette fois, les hommes de Jérôme Roussat ne se faisaient pas surprendre et prenaient même les devants rapidement. Jérôme Jeannet prenait cette fois place dans le trio, Robeiri restant remplaçant, et permettait même à la France de terminer la troisième série avec une avance de six touches face à Khvorost (15-9). Opposé à Karuchenko, Lucenay creusait l'écart à 20-11. Grumier et Khvorost se rendaient coup pour coup (25-16), et Jeannet enfonçait le clou contre Nikishin (29-19). Dans le huitième relais, Lucenay tenait à distance Khvorost (33-23), alors que Jeannet baissait de rythme face à Karuchenko qui revenait à cinq longueurs (38-33). Grumier gardait son sang froid et concluait finalement face à Nikishin et donnait la victoire aux Français 45-38. Pour Lucenay, interrogé à chaud, la confiance est là. "Ce n'était pas évident lors des deux premiers matches. On se bat bien, on fait ce qu'il faut", indiquait-il.
Comme en huitièmes de finale face à l'Estonie, les Tricolores avaient du mal à se mettre en jambes contre des Russes gonflés à bloc. Vainqueur de la Pologne 45-43, les Russes faisaient course en tête. Au troisième relais, Jeannet débutait ainsi avec un retard de deux touches sur Avdeev. Par la suite, Lucenay pourtant mené de quatre points, remettait les pendules à l'heure face à Tikhomirov et prenait même les devants devant un public parisien conquis (20-19). Opposé à Avdeev, Grumier devait batailler et le score était alors de parité (25-25) avant l'entrée en piste de Jeannet et Sukhov. Le Guadeloupéen, champion d'Europe en 2007, faisait parler son expérience et redonnait un avantage précieux de trois touches (29-26). Lucenay, opposé cette fois au champion du monde 2009 Avdeev, gardait le cap et les Tricolores comptaient cinq points d'avance (35-30). Robeiri rendait la piste à Grumier à 38-34. Le natif de Nevers sortait encore le grand jeu, et emmenait ses camarades en finale (45-38).
En finale, ils retrouvaient les Etats-Unis, surprenants vainqueurs de la Hongrie 45-38. Dans une ambiance incroyable dans un tel cadre, Gauthier Grumier débutait les hostilités face à Cody Mattern. Le Français donnait un avantage de 4-3, avant que Kelsey ne recolle au score face à Lucenay (6-6). Mais la situation allait se corser dans le troisième relais, Robeiri ne trouvant pas de solution face à un Bratton intenable (8-11). Sous les yeux de Jean-François Lamour, la France peinait et Lucenay avait lui aussi du mal à trouver la clé de son adversaire, Mattern (13-17). Opposé à son tour à Brutton, Grumier sentait qu'une partie de la rencontre pouvait se jouer, mais là encore, la France subissait. Dans le sixième relais, Robeiri redonnait le sourire aux siens en infligeant un 5-1 à Kelsey, mais la France était toujours menée 22-26. Dans le tour suivant, Lucenay s'en inspirait et ramenait la France à une longueur (29-30). Mattern prenait un carton jaune pour un assaut trop musclé, et Robeiri prenait enfin les devants (34-31). Grumier et Kelsey prenaient place pour le dernier relais et le Français confirmait en concluant sur le score de 45-36, et apportant la cinquième médaille à la France. Tout le camp tricolore sautait de joie et pouvait célébrer avec le public du Grand Palais, ce septième titre majeur d'affilée, un exploit historique pour l'escrime française.
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