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Cyril Moré : "L’escrime française au grand complet"

Nombreux sont les sportifs qui aimeraient se targuer de posséder un tel palmarès. Avec sept médailles aux Paralympiques, dont cinq titres en escrime, Cyril Moré fait partie des grands champions du handisport français. Salarié à EDF lorsqu’il ne fait pas vibrer les foules, Moré a en outre la particularité d’avoir participé aux Paralympiques d’été et d’hiver. Il a en effet terminé 4e du Géant de Vancouver, en mars dernier.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

Consultant pour France Télévisions à l’occasion de ces Mondiaux, Cyril Moré apprécie de pouvoir voir une compétition où valides et handisports se côtoient. Il donne son avis sur les premiers résultats des Français, la place du handisport en France, et revient également sur ses exploits passés et à venir.

La première journée a montré la voie à tout le camp tricolore, c’est très satisfaisant…
- Cela vient en tout cas apporter des médailles à la France, même quand les valides sont à la peine, en espérant qu’aujourd’hui, ce soit un peu différent. En tout état de cause, l’escrime française est vraiment forte, et les attentes de médailles sont toujours assez importantes. Donc samedi, nous avons fait des médailles, ce qui est appréciable, même si je ne suis pas sûr qu’individuellement chacun était content d’avoir effectué le parcours qu’il voulait. Quelques tireurs de l’équipe auraient espéré faire un peu mieux. Malgré tout, honneur au médaillé d’or Laurent François qui a fait retentir la première Marseillaise ici au Grand Palais. Et il ne faut pas oublier les sabreurs Marc-André Cratère en catégorie B, Romain Noble en catégorie A, et le fleurettiste Fabrice Moufle en catégorie C, qui sont tous montés sur la troisième marche du podium.

Cette performance était-elle prévisible ?
- Le sabre est une arme forte pour les Français. On pouvait attendre un petit peu mieux, un Romain Noble avec ses qualités aurait pu aller chercher l’or. D’autres « seconds couteaux » auraient pu s’avancer d’avantage au classement. Donc la journée de samedi était belle, on ne va pas le nier, mais en tant que sportif, on en veut toujours plus, donc on ne va pas se satisfaire de ce premier résultat.

Pourquoi ne faites-vous pas partie de l’équipe de France d’escrime cette année ?
- C’est la question qui tue ! En fait, j’ai fait beaucoup de ski cette année. 2010 a été une grosse saison. Je me suis investi à bloc pour les Paralympiques de Vancouver, avec une quatrième place en Géant.

Vous avez été aussi 6e du Super-Combiné…
- Oui, mais après on ne compte plus. C’est surtout la quatrième place du Géant qui aurait pu être une médaille. Pendant une demi-heure j’étais même champion paralympique, avant que les trois derniers ne passent et fassent un meilleur temps que moi. Ces Paralympiques m’ont donc éloigné des pistes d’escrime, et je n’ai pas pu rentrer dans la sélection. Mais je suis très content d’être présent avec France Télévisions, et découvrir une nouvelle aventure.

Avec sept médailles aux Paralympiques, dont cinq en or en escrime, une médaille a-t-elle plus de valeur pour vous ?
- La médaille qui me fait vibrer encore, c’est mon titre individuel (obtenu en 2004 à Athènes, ndlr). C’était à l’épée. J’étais parti pour tout déchirer au sabre, et juste me chauffer à l’épée. J’ai très mal commencé la compétition, et le scénario a été complètement hallucinant avec que des gros matches, et une montée en puissance, une prise en main de mon arme qui s’améliorait match après match, jusqu’à maîtriser la finale. C’était un bonheur total !

Vous avez la particularité de pratiquer deux sports à haut niveau, l’escrime et le ski, d’avoir participé aux Paralympiques d’hiver et d’été, qu’est-ce que cela vous a apporté ?
- Cela m’offre la chance et le bonheur de connaître des grands événements mondiaux. Ils sont toutefois de nature différente, avec des Jeux d’hiver plus petits, plus chaleureux malgré la neige, et c’est quelque chose de formidable de pouvoir découvrir de tels événements. En tant que sportif, cela me forge un mental qui me permet d’avoir plus de facilité à aborder les grands événements, à être tranquille par rapport à la pression. Je n’ai jamais si bien skié qu’à Vancouver, ce qui est quand même la panacée pour un sportif que d’être au top le jour des Jeux, et pas aux Championnats de France ou d’autres compétitions…

Peut-on trouver des points communs entre le ski et l’escrime ?
- J’ai plus de difficulté à trouver les points qui sont divergents. Pour la blague, l’escrime, comme le ski se déroule sur des pistes ! Mais après, tout ce qui est préparation, anticipation, les choix à effectuer rapidement, la concentration, tous ces éléments que l’on peut retrouver dans d’autres sports, mais qui sont essentiels dans ces deux sports en particulier se retrouvent. La préparation du matériel, connaître la piste, ou connaître son adversaire, ce sont des éléments comparables. La démarche mentale est en tout cas la même. Ce sont deux sports qui peuvent se compléter pour arriver à être un sportif de haut niveau à part entière.

Le handisport français est-il suffisamment reconnu ?
- Médiatiquementparlant, on est en phase de progrès. Nous ne sommes pas encore à maturité avec la connaissance que le grand public peut avoir du handisport, et du coup, le public ne peut pas vibrer autant, que ce soit pour des défaites, ou des succès. Mais la fenêtre qui a été ouverte aujourd’hui à l’occasion de ces Mondiaux par France Télévisions, est une belle opportunité. Mon rôle (en tant que consultant, ndlr) est de faire vibrer davantage et de faire découvrir le handisport. C’est aussi l’occasion de réunir la famille de l’escrimeau grand complet, et sans doute qu’il y aura d’autres possibilités de le faire dans des prochains championnats.

Quel est votre prochain grand rendez-vous ?
- Aujourd’hui même ! A 15h25, sur France Télévisions, ce sera sur France 3 aujourd’hui. Et après ce seront les Championnats du monde de ski, en janvier à Sestrières.

Serez-vous au rendez-vous en 2012, pour les Jeux de Londres ?
- Pour 2012, et malgré mon grand âge (38 ans), je vais tenter un come-back à l’escrime, c’est sûr !

Visitez le site de Cyril Moré sur www.cyrilmore.com

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