"Entre-soi", "défaillances systémiques" et "omerta" : un rapport parlementaire accable les fédérations sportives françaises

Le document vise notamment les 400 000 euros brut annuel et 100 000 euros de prime d'objectif touchés par la ministre Amélie Oudéa-Castéra quand elle était directrice générale de la Fédération française de tennis de 2021 à 2022.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, le 3 mai 2022, à Paris. (THOMAS COEX / AFP)

Un document accablant à six mois des Jeux olympiques de Paris. Dans un rapport rendu public, lundi 22 janvier, la commission d'enquête parlementaire sur les fédérations sportives françaises fustige des "défaillances systémiques" en matière d'éthique et de lutte contre les violences sexuelles, et réclame la création d'une autorité indépendante de contrôle. 

Le rapport, rédigé par la députée écologiste Sabrina Sebaihi, brosse un portrait au vitriol du sport français, l'estimant gangréné par la "culture du secret, du mensonge et du faux témoignage" et "pas suffisamment habitué à rendre des comptes". L'élue évoque une "omerta à tous les étages" et dénonce un "entre-soi". Le document conclut six mois d'auditions houleuses à l'Assemblée. Le parquet de Paris avait ouvert plusieurs enquêtes après des signalements de la commission sur d'éventuels "faux témoignages" de dirigeants sportifs devant les parlementaires.

Un appel à un "choc de contrôle" 

Le rapport juge "très élevées, voire anormales" les rémunérations de certains responsables. Le document vise notamment les 400 000 euros bruts annuels et 100 000 euros de prime d'objectif touchés par Amélie Oudéa-Castéra, quand elle était directrice générale de la Fédération française de tennis de 2021 à 2022. "En février 2022, l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche avait appelé à reconsidérer le niveau de rémunération des dix principaux cadres de la Fédération française de tennis et pointé l'absence de procédures de recrutement pour ses principaux cadres", souligne Sabrina Sebaihi. 

La parlementaire réclame un "choc de contrôle, de transparence et de culture démocratique", grâce à la mise en place d'une "autorité administrative indépendante chargée de la protection de l'éthique du sport". Elle voudrait doter cette autorité d'un "pouvoir de sanctions financières" contre les fédérations qui ne respecteraient pas leurs "obligations et engagements". La rapporteure pointe aussi les "défaillances de l'Etat" dans ses missions de contrôle, critiquant les nouveaux contrats de délégations mis en place avec les fédérations, "lacunaires" et "assortis d'engagements insuffisamment précis".

Parmi 60 recommandations, Sabrina Sebaihi demande de "relever les moyens de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche, afin de renforcer la fréquence (tous les trois ans) et la profondeur des contrôles". 

Un "long déni" au sujet des violences sexuelles

En matière de violences sexuelles, qui secouent le monde du sport depuis les révélations de la patineuse Sarah Abitbol, Sabrina Sebaihi dénonce un "long silence", un "long déni" et une "longue inertie" du sport français. Elle considère notamment que la plateforme Signal-Sports, lancée par le ministère en 2020, est "invisibilisée", "sous-dimensionnée" et "très largement méconnue".

Sabrina Sebaihi fustige la "désinvolture" de certains dirigeants durant les auditions. Elle critique notamment le directeur juridique de la Fédération française de football, Jean Lapeyre, à qui "il aura fallu 1 heure 30" pour mentionner les "relations un petit peu hors code" avec des "femmes" de son ancien président, Noël Le Graët. Ce dernier, visé depuis mi-janvier 2023 par une enquête judiciaire pour harcèlement moral et sexuel, conteste ces accusations. 

La rapporteure reproche aussi au Comité olympique français (CNOSF) d'avoir mené un "lobbying intense contre la parité" femmes-hommes, lors de la loi de 2022 sur la démocratisation du sport. Elle voudrait "fixer dans la loi le principe de parité réelle dans tous les organes dirigeants du mouvement sportif". L'élue insiste aussi sur des "accusations graves" visant la fédération française de kickboxing et son club d'Aulnay-sous-Bois, réclamant un "état des lieux". La justice a été saisie au sujet de faits susceptibles de révéler un chantage de nature sexuelle. La Fédération conteste en bloc ces accusations. 

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