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Éliminatoires Euro 2020 : les Bleus s'effondrent dans l'enfer turc (2-0)

Méconnaissable. Dominée de la tête et des épaules durant quatre-vingt-dix minutes, l’Equipe de France a concédé sa première défaite de l’année, ce samedi, en Turquie (2-0), pour son troisième match des éliminatoires de l’Euro 2020. Totalement absents des débats, les hommes de Didier Deschamps ont été happés par la 39e nation au classement FIFA, portée par une ambiance de folie. Il y avait bien longtemps que les Bleus n’avaient pas affiché une telle fébrilité.
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (EVRIM AYDIN / ANADOLU AGENCY)

À croire qu’elle aime perpétuer les mauvaises traditions. Comme toujours en juin les années impaires, et ce depuis six ans, l’Equipe de France a sombré sans donner l’impression de lutter ce samedi, dans le vacarme de Konya. Après le Brésil et l’Uruguay en 2013, la Belgique et l’Albanie en 2015, et la Suède en 2017, l’histoire récente retiendra la Turquie 2019 comme l'équipe qui a fait tomber les champions du monde. Dans ce qui devait être leur match le plus important depuis le début des éliminatoires à l'Euro 2020, les Bleus n'ont jamais existé, et ont logiquement concédé leur deuxième défaite sur leurs 21 derniers matches (2-0). Ils laissent la tête du groupe H à leurs adversaires du soir, qu'ils avaient toujours battu en quatre confrontations depuis 1996. 

On leur avait promis l'enfer, et ils y ont eu droit. Perturbés par l'ambiance suffocante du stade de Konya (Turquie), les champions du monde ont souffert comme rarement, face à la 39e nation au classement FIFA. Les hommes de Didier Deschamps étaient pourtant prévenus. Ils savaient que la Turquie, co-leader du groupe après ses victoires probantes en Albanie (0-2) et contre la Moldavie (4-0) ne leur ferait aucun cadeau. "Il ne faudra pas se chercher d'excuses" avait d'ailleurs prévenu le sélectionneur des Bleus, en référence aux absences des cadres comme N'Golo Kanté et Lucas Hernandez, tous deux blessés.

Mais pour ses retrouvailles avec la France, dix ans après la dernière confrontation entre les deux équipes (victoire 1-0 des Bleus en amical en 2009), la Turquie de Kenan Karaman - préféré en attaque à la star de l'AC Milan Hakan Calhanoglu - n'a fait aucun complexe, et a profité de l'ambiance volcanique de son antre pour faire suffoquer les Bleus d'emblée. Après vingt premières minutes décousues et hachées, Cengiz Under a envoyé une première alerte à Hugo Lloris. Son centre a bien failli trouver un Tokoz bien trop esseulé au point de penalty, avant que le portier de Tottenham ne s'interpose (18e). Le premier coup de chaud dans la défense française. Bien d'autres allaient suivre. 

L'envie n'y était pas

Apathiques, sans envie et absents des duels , les champions du monde avaient visiblement les jambes lourdes, très lourdes dans cette première période, où il n'ont tenté qu'une seule fois leur chance au but, sans  parvenir à la cadrer. Tout le contraire des hommes de Senol Gunes, qui se sont totalement réveillés la demi-heure de jeu passée. C'est donc assez logiquement que les Turcs ont ouvert le score sur un coup-franc provoqué par Benjamin Pavard. Laissé seul par Raphael Varane, fantomatique samedi soir, le jeune Kaan Ahyan a profité d'une bonne remise de Demiral, pour tromper Hugo Lloris d'une tête imparable (1-0, 30e). Le deuxième but en sélection pour le défenseur du Fortuna Dusseldorf. 

Alors qu'elle avait été si performante il  y a de cela 11 mois au Mondial, la défense française a excellé dans la médiocrité. Une nouvelle perte de balle de Varane, un double-raté de Samuel Umtiti et Paul Pogba. Il n'en fallait pas plus pour que les Turcs se sentent poussés des ailes. Véritable plaie pour la charnière centrale des Bleus, Burak Yilmaz a d'abord cru pouvoir corser l'addition en faveur des rouge et blanc (37e). Lloris a bien stoppé la frappe du joueur de Besiktas, mais n'a en revanche rien pu faire sur la nouvelle accélération de Tokoz, qui a parfaitement servi Cengiz Under pour le but du break. La frappe imparable de l'attaquant de la Roma laissait de marbre le capitaine de l'Equipe de France (2-0, 40e). Les champions du monde à terre, le chaudron de Konya pouvait exulter. 

"On a laissé des munitions à cette équipe. Je fais des changements, j’aurais pu en faire d’autres. Il manque beaucoup de choses. On joue sur la pointe des pieds avec et sans le ballon. Il y a trop peu de mouvement" a reconnu Didier Deschamps à la mi-temps. Mais les entrées de Kinglsey Coman et Ferland Mendy à la place de Blaise Matuidi et Lucas Digne n'y ont rien fait. Les Bleus ont bien tenté de faire preuve d'un sursaut d’orgueil au retour des vestiaires, mais la tête et les jambes n'y étaient pas. 

Mbappé, symbole des errements français

L'Equipe de France n'avait toujours pas cadré la moindre frappe à l'heure de jeu, symbole de l'impuissance des coéquipiers de Kylian Mbappé (avec 22 ballons perdus, le joueur du Paris Saint-Germain a probablement réalisé l'une de ses pires prestations en Bleu). Dans le même temps, Karaman aurait pu offrir le but du 3-0 aux Turcs si Hugo Lloris ne s'était pas interposé à nouveau (57e). Extrêmement fébriles dans les duels (65% perdus), les Bleus ont payé l'absence de N'Golo Kanté dans l’entre jeu. L'impact physique du meneur de Chelsea a cruellement manqué, tout comme l'envie, dans ce match. 

Incapables de se montrer dangereux en seconde période, les attaquants français ont eux-aussi symbolisé la nonchalance et la fébrilité rare de l'Equipe de France, qui concède somme toute logiquement sa première défaite de l'année, la deuxième seulement sur ses 21 derniers matches. Les hommes de Didier Deschamps payent ce couac au prix fort. Ils laissent la tête du groupe H à leur adversaire du soir, et restent coincés à 6 points. Il faudra montrer autre chose, face à la modeste Andorre mardi prochain. 

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