Le président du RC Toulon s'en prend à RTL, qui a accusé de dopage plusieurs joueurs du club
Mourad Boudjellal veut porter plainte contre la radio et afficher le numéro de portable d'une journaliste sur l'écran géant du stade. L'affaire révélée par RTL semble être, en réalité, une affaire d'escroquerie à l'assurance-maladie.
Le président du club de rugby de Toulon (RCT) ne veut pas en rester là. Mourad Boudjellal a annoncé, vendredi 11 septembre, son intention de porter plainte contre RTL qui a relayé des soupçons de dopage. Le président du RCT a accusé violemment, au passage, la journaliste en question d'avoir mené "une enquête à charge".
"Depuis le début de la semaine, on associe l'image du RCT à 'dopage'. Le préjudice est énorme. On va porter plainte contre RTL", a déclaré Mourad Boudjellal à la presse. "Le procureur, le responsable de la lutte antidopage à la fédération ont précisé que ce n'était pas un problème de dopage. Que faut-il maintenant ? Que François Hollande affirme lui aussi que ce n'est pas une affaire de dopage ?" a lancé le président toulonnais.
L'humour et la provocation comme arme de communication
Pour bien signifier que cette affaire d'escroquerie à l'assurance-maladie ne concerne que des pharmacies et n'a rien à voir avec du dopage, le club toulonnais a choisi l'humour et la provocation. Ainsi, le site du RCT promet une réduction de 50% à qui viendra au stade muni de sa carte vitale lors du prochain match.
Mais Mourad Boudjellal s'en prend aussi directement à la journaliste de RTL qui a révélé l'affaire. "Avec les événements de ces dernières 24 heures, tout le monde a compris l'escroquerie médiatique de RTL, cela de la part d'une journaliste qui (...) a juste omis de m'appeler, comme le ferait un bon journaliste. Elle s'est contentée de faire une enquête à charge", a ajouté le patron du club triple champion d'Europe en titre.
"Elisabeth Fleury de RTL a jugé une fausse info assez clitoridienne pour faire une enquête à charge contre nous". pic.twitter.com/rPq19RupnI
— RCT - RC Toulon (@RCTofficiel) 11 Septembre 2015
Le président du club menace même de révéler au grand public le numéro de téléphone portable de la journaliste. "Ecoute Elisabeth. Ton numéro de portable c'est le 06 71... Je donne la suite sur les écrans géants du stade Mayol demain avant le match. Je ne vais pas hésiter une seconde. Tu as une après-midi pour changer de téléphone", a-t-il déclaré.
RTL dénonce des "méthodes inacceptables"
"Les méthodes d'intimidation de M. Boudjellal sont inacceptables", a déclaré RTL dans un communiqué. La radio soutient sa journaliste Elisabeth Fleury "après les propos déplacés, insultants et menaçants tenus" par le président du club. "Le sérieux du travail d'enquête mené par la journaliste Elisabeth Fleury ne peut pas être remis en cause", ajoute la direction.
La Société des journalistes de RTL (SDJ) a également apporté dans un communiqué son "soutien sans réserve à Elisabeth Fleury, dont le sérieux et le professionnalisme ne sont plus à prouver", et fait part de son "dégoût envers ces méthodes d'une misogynie affligeante". La journaliste n'exclut pas de porter plainte "s'il passe aux actes et qu'il révèle mon numéro de portable à la terre entière", assure-t-elle.
Deux enquêtes distinctes ouvertes
Concernant l'affaire, partie d'une enquête judiciaire, "des noms de joueurs sont apparus sur de fausses ordonnances", a confirmé Mourad Boudjellal. Le dirigeant toulonnais a également assuré avoir "demandé à voir les gendarmes" : "Je leur ai dit qu'on avait laissé des ordonnances vierges chez le pharmacien, j'ai également précisé qu'on avait laissé les numéros des cartes Vitale des joueurs. On a joué la transparence", a-t-il assuré.
Deux enquêtes distinctes, l'une à Toulon et l'autre à Marseille, sont ouvertes dans cette affaire visant une ou plusieurs pharmacies qui travaillaient avec le Rugby club toulonnais. Celle de Marseille a été ouverte après une notification de l'AFLD et s'attache au "non-respect de la réglementation du Code de la santé publique en matière de délivrance de médicaments", selon le procureur. L'autre, ouverte à Toulon, concerne des fraudes à la Sécurité sociale.
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