Dopage organisé : Le cas russe n’est pas une première
Le dopage chez les sportifs de RDA, le cas extrême
L’Allemagne de l’Est, qui souhaitait faire du sport une vitrine du socialisme, n’a pas hésité à mettre sur pied un système de dopage organisé qui a touché durant les années 1970-80, selon diverses estimations, quelques 10.000 athlètes. Il s’agissait d’un dopage d’Etat, systématique, qui visait notamment les jeunes sportifs (boissons et pilules étaient présentées comme des vitamines), aux effets immédiats sur le plan des performances et dévastateurs sur le plan médical. En effet : la RDA a terminé 2e des Jeux de Montréal (1976), derrière l’URSS et devant les Etats-Unis (quel symbole !), place conservée à Moscou quatre ans plus tard, puis une nouvelle fois à Séoul en 1988. Mais elle a par la même occasion laissé à ces athlètes, bourrés de stéroïdes et d’hormones masculines, des séquelles irrémédiables au niveau du cœur ou du foie. Le cas d’Andreas Krieger, né Heidi, est symptomatique : dopée à son insu, elle est devenue homme à coups d’hormones masculines et a même subi une opération pour changer de sexe en 1997. Aujourd’hui, plusieurs anciens sportifs d’Allemagne de l’Est se battent pour que leur soit reconnu le statut de victime. D’autres sont morts (Detlef Gerstenberg, Birgit Dressel), conséquence directe du programme scientifique de dopage est-allemand.
Festina, US Postal, Liberty Seguros : le cyclisme dans l’œil du cyclone
Difficile d’évoquer le dopage organisé sans évoquer les cas surmédiatisés du monde du cyclisme, et notamment celui qui a permis à Lance Armstrong de remporter sept Tour de France (tous lui ont depuis été retirés). L’USADA, l’agence antidopage américaine, avait révélé une "conspiration US Postal", l’équipe du Texan ayant mis sur pied "le programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu", un "système hautement professionnel" dans lequel Armstrong agissait en parrain. Y étaient impliqués des équipiers, des entraîneurs, des responsables d’équipe, des médecins, voire l’Union cycliste internationale (qui a enterré un résultat positif de Lance en 2001, sur le Tour de Suisse) : tous ont participé à la dissimulation des produits utilisés (EPO, testostérone, hormones de croissance). L’affaire Festina, qui avait fait vaciller le Tour 1998 après la découverte de quatre cent flacons de produits dopants et stupéfiants dans la voiture d’un soigneur, avait elle aussi impliqué le personnel encadrant de l’équipe. Tout comme l’affaire Puerto, qui avait mis en lumière les agissements de l’équipe Liberty Seguros - prédécesseur de l’actuelle formation Astana - dans le cadre du vaste réseau de dopage sanguin organisé par le médecin Eufemiano Fuentes.
Scandale du dopage en Russie : le live
L’haltérophilie, la gymnastique et la natation pas épargnés
Le cyclisme et l’athlétisme ne sont pas les seules disciplines concernées par le dopage organisé. La preuve avec l’exemple ahurissant des championnats du monde d’haltérophilie en 1995, lors desquels 64 athlètes sont contrôlés positifs ! La CIO avait alors très menacé la Fédération internationale d’exclure l’haltérophilie du programme olympique. La politique de sévérité n’a pas empêché de nouvelles dérives : en mars 2015, onze athlètes bulgares ont été contrôlé positifs à un stéroïde anabolisant. En 2008 déjà, tous les présélectionnés bulgares (tous !) avaient été contrôlés positifs à la métandiénone, un autre stéroïde anabolisant. Autre exemple : aux Mondiaux de natation 1994, la Chine rafle sept des dix médailles d’or, dont deux records du monde, plus huit titres en plongeon. Un mois plus tard, 11 nageurs chinois sont contrôlés positifs. Le médecin en chef de l’équipe chinoise de gymnastique évoquera, près de vingt ans plus tard, un dopage d’Etat en racontant comment les hormones de croissance et les stéroïdes faisaient tout naturellement partie de la préparation des sportifs de haut niveau.
Le football également concerné : l’exemple de la Juve
Parmi les disciplines les plus médiatisées (foot, rugby, basket), beaucoup de on-dit et de rumeurs de surmédicalisation, mais peu de faits. L’exemple de la Juventus Turin dans les années 1990 est une exception, le club ayant fait l’objet au début des années 2000 d’un procès en appel pour "fraude sportive", lors duquel un rapport d’expertise avait notamment mis en évident l’usage d’EPO ("systématique et intensif"). Dans l’infirmerie de la Juve avaient été saisis 281 types de médicaments, dont des stimulants et des corticoïdes qui auraient expliqué l’explosion physique des joueurs turinois. Pendant l’enquête, Zinedine Zidane avait admis qu’il prenait "trois grammes de créatine deux ou trois jours par semaine et, de temps en temps, à la mi-temps des matches". Il avait aussi "subi des perfusions d’un produit dont (il) ne connaît pas le nom".
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