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Deschamps redonne vie aux Bleus

Même si les Bleus ont raté le coche face à l'Espagne, les choix du sélectionneur Dider Deschamps depuis sa prise de fonction sont difficilement critiquables. Après plusieurs années de crise, l'équipe de France retrouve une âme, et de l'ambition. Deschamps n'y est pas pour rien, et reste l'homme de la situation.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Deschamps lors d'une séance d'entraînement des Bleus (FRANCK FIFE / AFP)

Un palmarès au profit du jeu

Il y a 60 millions de sélectionneurs se plaisait à rappeler Aimé Jacquet avant d’avoir remporté la Coupe du monde. 15 ans plus tard, son capitaine de la belle épopée de 1998, Didier Deschamps, se retrouve à son tour sélectionneur. Sa vision du jeu lorsqu’il portait les couleurs de Marseille ou de la Juve lui ont permis de se forger une identité propre en tant qu’entraîneur. C’est d’ailleurs aussi pour son expérience, son sens du jeu, que les dirigeants de Chelsea et Valence lui avaient fait confiance sur la fin de sa carrière. L’ancien milieu défensif ne possède pas l’un des plus beaux palmarès du monde par hasard, et lorsqu’il décide de raccrocher les crampons, sa reconversion en tant qu’entraîneur ne surprend personne. Trois ans après avoir endossé le rôle de coach, il conduit l’AS Monaco en finale de la Ligue des Champions. C’est aussi Deschamps qui permet à la Juve de remonter en Serie A, et c’est encore lui qui permet à Marseille de renouer avec les titres (3 Coupes de la Ligue, et un championnat).

L'âme du capitaine

Depuis qu’il est arrivé à la tête des Bleus, l’ancien capitaine de l’équipe de France a eu l’intelligence de ne pas faire table rase de ce qui avait été mis en place par Laurent Blanc. En fin stratège, il a procédé par petites touches, pour au final, construire son projet et apporter ce petit plus qui a tellement manqué aux Tricolores depuis ces derniers temps. Si le match aller face à l’Espagne est devenu un élément fondateur, c'est d'abord parce que la France est parvenue –en deuxième période- à bousculer comme jamais les champions du monde et d'Europe en titre. Il faut également rappeler un fait de jeu important. Giroud qui avait encore du mal à trouver ses repères à Arsenal est entré en jeu à la 88e minute, et c’est bien lui qui a égalisé face aux champions du monde et d’Europe. Depuis, Giroud s’est d’ailleurs montré bien plus efficace avec son club… Deschamps a cette faculté de transcender ses joueurs, d'en faire des guerriers.

Des choix payants

Lors de ce match retour, le résultat n'est certes pas au rendez-vous, mais les Bleus n'ont pas à rougir de leur prestation. Le nombre d'occasions penche en faveur des Tricolores, et Vicente Del Bosque a lui-même admis que son équipe a marqué alors que la France commençait à l'user. C'est contre vents et marées que Deschamps a refait confiance à Karim Benzema, et si l'attaquant du Real n'est pas parvenu à trouver le chemin des filets, il n'est pas passé à côté de la rencontre, provoquant sans arrêt les défenseurs adverses, et ratant de peu une reprise de volée compliquée. Les présences des jeunes pousses que sont Paul Pogba et Rafaël Varane représentaient un bien plus gros risque que celui de faire confiance à Benzema, mais comme toujours avec le sélectionneur, il s’agissait d’un risque calculé. Si l’on a souvent critiqué le manque d’audace et de clairvoyance d’un Raymond Domenech, l’attachement invétéré d’un Laurent Blanc à un système ou à un joueur comme Yoann Gourcuff, les choix de Deschamps ont pour le moment rarement été fustigés. Rassembler et tirer l’équipe vers le haut, c’est aussi ce qui a toujours fait la force de Deschamps, et c’est sans doute aussi pour cette raison qu’il reste l’homme de la situation pour remettre la maison bleue en état.

Un discours qui plaît

La défaite contre l’Allemagne en amical avait permis au Bayonnais d’origine de peaufiner son plan pour les deux matches cruciaux face à la Géorgie et l’Espagne. Dès le match face à la Mannschaft terminé, Deschamps a insisté sur le fait qu’avant de se projeter sur la Roja, il fallait impérativement se concentrer sur la Géorgie. Difficile en ces temps où l’image prend le pas sur l’essentiel, de convaincre ces chers footballeurs que de battre la Géorgie est plus important que de briller contre l’Espagne. Mais là encore, le discours de Deschamps s’est avéré efficace. Sur ce point, il suffit d'écouter les joueurs de cette équipe, cadres ou non, pour se rendre compte que l'ambiance y est bonne. Très ému après la défaite des Bleus mardi soir, on sent que Deschamps vit pour cette équipe, il en est imprégné. Son rapport avec le public et les médias y est aussi pour beaucoup. Il est moins distant que ses prédécesseurs, et reste très diplomate vis-à-vis d'un public pas toujours très coopérant. Il ne suffit pas de grand-chose pour que son souhait de participer au Mondial brésilien se réalise. La France a le sélectionneur et les joueurs pour y parvenir, il ne reste plus qu'un petit coup de pouce du destin et l'équipe de France aura définitivement retrouvé son âme.

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