Deschamps a choisi sa charnière
Une question de rythme
Trois mois après la déception de l'Euro (élimination en quart de finale) et le départ de Laurent Blanc, l'ancien capitaine des champions du monde et d'Europe a la lourde tâche d'ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire des Bleus et de relancer une sélection qui a bien du mal à retrouver son standing d'antan. Depuis le fiasco du Mondial-2010, l'équipe de France semble tourner en rond et Deschamps doit reprendre le flambeau de la reconstruction subitement abandonné par son prédécesseur, et essayer de terminer un travail inachevé par "le Président". Au-delà de la restauration de l'image, encore écornée en Ukraine et sur laquelle a d'emblée insisté le nouveau sélectionneur lors de sa nomination, l'enjeu de ce voyage en terre nordique est avant tout d'ordre sportif. Dans une poule à 5 qui comprend notamment les Espagnols, champions du monde et d'Europe, aucun accroc face aux petites formations ne sera pardonné, sous peine de voir s'envoler le rêve d'une qualification directe (pour le vainqueur du groupe) ou d'une participation aux barrages, réservée aux 8 meilleurs deuxièmes de la zone Europe. Sur bien des aspects, les Tricolores, en dépit des efforts de Blanc, n'ont en effet guère avancé dans leur entreprise de restauration. La défense reste un éternel chantier, Deschamps ayant visiblement décidé d'en finir avec la charnière Rami-Mexès à laquelle l'ancien sélectionneur s'est accroché jusqu'au bout.
Deschamps a pris la mesure de cette question et à tranché. Si Rami, au contraire de Mexès, s'est vu offrir une nouvelle chance, Deschamps rêvant de l'associer dans l'axe à Koscielny, il n'a pas considéré comme possible d'aligner le duo défensif, le début de saison des deux joueurs ayant été perturbé par quelques pépins physiques. C'est donc la paire de novices Sakho-Yanga Mbiwa, plutôt à l'aise face à l'Uruguay, qui débutera à Helsinki ."C'est un choix difficile, c'est comme ça, s'est justifié Didier Deschamps. C'est une question de rythme, de compétition. Je n'aurais peut-être pas eu la même réflexion si je n'avais pas eu cette obligation de résultat. Au haut niveau, la condition physique est importante. Et ils ont joué ensemble le 15 août. Il n'y a pas 36 solutions. Ils n'ont pas à avoir d'appréhension".
Sakho et Yang Mbiwa avaient déjà commencé le match contre l'Uruguay le 15 août dernier sans encaisser le moindre but. Ils ont davantage joué que Rami et Koscielny et bénéficient donc à ce titre de la confiance de l'entraîneur.
Les moyens du moment
Devant le gardien Hugo Lloris, confirmé évidemment comme titulaire, la charnière centrale toujours considérée comme expérimentale devrait donc vraisemblablement être encadrée par les expérimentés Anthony Réveillère et Patrice Evra. Le sélectionneur n'a pas voulu dévoiler davantage ses batteries. Un joueur toutefois est sûr de ne pas jouer: l'attaquant d'Arsenal Olivier Giroud, forfait pour des problèmes d'ordre musculaire.
Ce qui laisse un peu de latitude à Karim Benzema. L'Euro n'a pas permis à l'attaquant du Real Madrid, encore une fois muet en Ukraine, d'asseoir son autorité à la pointe de l'attaque. A 24 ans, il est cependant grand temps que Benzema que l'on annonce partout comme un joueur d'exception prenne définitivement le pouvoir et devienne le fer de lance tricolore. Un autre joueur sera particulièrement attendu, c'est Abou Diaby. Longtemps désiré par Blanc mais meurtri par un corps fragile, le Gunner au potentiel exceptionnel renaît enfin et devrait être titularisé au milieu, où on abattage et sa technique sont censés offrir de nouvelles perspectives. Deschamps espère bien avoir déniché avec lui ce petit plus qui peut faire la différence et qui a cruellement manqué à Laurent Blanc. Pour lancer cette campagne sur des bases idéales.
Malgré tout, Deschamps sait qu'il s'agit là d'une aventure au long cours et que la vérité de l'automne ne sera peut-être pas celle du printemps." Je fais avec les forces du moment. On est en sélection, on n'est pas en club. Ils peuvent être moyens en club et efficaces en sélection ou l'inverse. Ce que je veux, c'est qu'ils le soient" en Finlande. Ne dépendons pas des autres mais pensons à nous et prenons le maximum de points. L'objectif est d'être le plus haut, c'est-à-dire la première place et ça passe par un résultat dès demain."
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