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Des ouvriers asiatiques obligés de participer à un marathon au Qatar

Bien décidés à battre le record du monde de participants à un marathon, les organisateurs du "Qatar Mega Marathon" auraient forcé des ouvriers asiatiques à y participer, rapporte The Telegraph. Après les multiples accusations de travail forcé sur les chantiers de la Coupe du monde 2022, cette nouvelle révélation risque d'écorner un peu plus l'image de l'émirat.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2min
Au départ du marathon... (ALBERTO ESTEVEZ / MAXPPP TEAMSHOOT)

La scène se passe le 27 mars dernier. Au départ de ce qui était annoncé comme le plus important marathon de l'histoire, se présentent de nombreux participants qui n'ont visiblement pas l'habitude de courir 42 kilomètres d'une traite, pas même cinq… Certains sont habillés en jeans, d'autres ont chaussé des tongs en guise de chaussures de sport. Tous ces inhabituels concurrents sont d'origine asiatique, et cela intrigue bon nombre des habitués.

Obligés à poursuivre leur effort

Alors qu'ils pensaient franchir le cap des 50 000 participants et entrer au Guinness Book des records, les organisateurs -le Al Sadd Sports Club- auraient donc cherché tous les moyens pour gonfler les chiffres. Finalement, ils n'étaient que 30 000 au départ. Pourtant, ce sont des bus entiers d'ouvriers asiatiques qui ont été affrétés pour l'événement. Tous ont été forcés de se présenter à la course, et selon le quotidien britannique The Telegraph, un témoin aurait même vu que certains des ouvriers voulant abandonner, auraient été obligés à poursuivre leur effort. Un peu plus tard, le marathon a été écourté et les ouvriers ont été vus chargés dans les bus, en direction de leurs dortoirs.

"Ils s​ont humains aussi, pas vrai ?"

Ce marathon a dès le début rencontré de grandes difficultés d'organisation. D'abord prévu le 6 février (jour national du sport au Qatar), il avait été repoussé au 27 mars alors que la chaleur est plus étouffante à cette époque de l'année. Pour l'un des concurrents cités par le journal local The Doha News, il s'agissait de "l'un des événements les plus désorganisés et chaotiques auquel j'ai participé". Selon le représentant du club organisateur, Mega Gonzales Cervantes, ces ouvriers ont bien été encouragés à continuer, mais se défend de les avoir forcé. "Je leur ai parlé poliment. Ils sont humains aussi, pas vrai ?", a-t-il osé dire. Pour Nicholas McGeehan, membre de l'association Human Rights Watch, ce n'est pas la première fois que des ouvriers immigrés sont obligés de participer à un événement pour augmenter le nombre.

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