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Vidéo Revoir le spectacle de Qudus Onikeku qui a fait vibrer la Biennale de la danse aux rythmes du Nigeria

Avec sa nouvelle pièce intitulée "Re:Incarnation", le chorégraphe nigérian est l’une des têtes d’affiche du grand rendez-vous lyonnais. Il y fait fusionner le travail d’une nouvelle génération de danseurs formés à Lagos, l’énergie et la créativité de tout un pays. Nous vous proposons la captation de ce spectacle réalisée par Culturebox/france.tv.

Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
The QDance Company présente sa nouvelle création "Re:Incarnation" à la Biennale de la danse de Lyon (Jean Couturier)

Avec Re:Incarnation, le chorégraphe nigérian Qudus Onikeku présente le travail d’une nouvelle génération de danseurs formés à Lagos. Programmée à la 19e Biennale de la danse de Lyon dans le cadre de la Saison Africa2020, la compagnie QDance a électrisé la salle avec son groove et son énergie communicative. 

Foisonnement culturel du Nigeria

Lorsque les portes du Radiant de Caluire se ferment et que le noir se fait quasi total, le spectateur n'imagine pas le voyage qui l'attend. Une heure et demie ponctuée en trois étapes de couleurs, de sons, de musiques et d'émotions. Le chorégraphe Qudus Onikeku nous transporte, avec ses dix danseurs et le musicien Olatunde Obajeun, à travers tous les territoires physiques et spirituels du Nigeria. Nous voici dans les rues de Lagos, capitale gigantesque du pays où les rixes, les jeux de palabres et d'intimidation s'expriment par tous les pores de la peau. 

Voir ou revoir l'intégrale du spectacle capté par Culturebox/france.tv

Ambiance boîte de nuit, costumes ultra colorés, rumeur de la ville, rite de passage, rite d'apprentissage, la cité tentaculaire est le lieu où l'on naît, vit, meurt et...  renaît. "Re:Incarnation est l'œuvre d'une toute nouvelle génération de danseurs qui repoussent radicalement les limites d'un monde jusqu'alors conçu sur des bases racistes, patriarcales, misogynes, sexistes et élitistes", explique le chorégraphe dans sa note d'intention.

Back to black

Dans Re:Incarnation, le chorégraphe Qudus Onikeku alterne des moments de danse en groupe très puissants et des solos intimes et envoûtants. Avec son slogan "Back to black", l'artiste questionne la différence, le pouvoir et la couleur noire qu'il intensifie sur les corps de ses interprètes. Des corps qui s'expriment par toutes sortes de performances physiques hypnotisantes. Du déhanchement très sensuel en tutu à la danse des cheveux roses interminables, du hip hop à la danse contemporaine, les interprètes endossent tous les costumes : tour à tour humains, esprits ou animaux. 

"Re:Incarnation" création 2021 du chorégraphe nigérian Qudud Onikeku  (Jean Couturier)

Sur scène, les jeunes artistes dansent, chantent ou crient, leurs mouvements traduisent le foisonnement musical nigérian, dont les racines afrobeat des années 1970 sont revisitées par le dance-hall ou l’électro. Ils réactivent cette énergie intense et la font renaître dans un métissage de cultures urbaines et ancestrales. À la guitare électrique et derrière les consoles, le musicien d'Olatunde Obajeun invente un univers planant mêlant ses compositions personnelles aux chants traditionnels du Nigeria. Des tableaux de toute beauté qui nous transmettent une transe réjouissante, jusqu'à l'étonnante et longue scène finale.

Des racines dans la philosophie yoruba

Cette nouvelle création de Qudus Onikeku s'ancre profondément dans l'héritage de la communauté des Yorubas dont il est issu. Les Yorubas composent l'une des plus grandes ethnies du Nigeria. À travers les âges, elle s’est illustrée par une riche production artistique et artisanale. Au-delà des arts, le terme yoruba désigne également une langue, une philosophie et une religion.

La philosophie yoruba, tente d’expliquer les causes et la nature des choses affectant l’univers matériel et spirituel. Celle-ci accorde une grande importance aux mouvements corporels intenses comme moyen d’influencer l’homme et le divin. Avec Re:Incarnation, le chorégraphe confronte les sens au point de créer une expérience inoubliable qui incite le spectateur à se souvenir et à guérir des traumatismes du passé. "Dans la vision du monde Yoruba, le mot "iran" désigne les performances de toutes sortes, "iran" vient de la racine du mot "iranti", qui signifie se souvenir. En créant quelque chose qui se produit rarement dans la vie quotidienne, nous offrons un plaisir pour les yeux, "iran" est une expérience mémorable, qui s'attarde visuellement et auditivement", rapporte encore l'artiste. 

"Re:Incarnations" chorégraphie de Qudus Onikeku pour la Biennale de la danse 2021 (Jean Couturier)

Entre Afrique et Occident

Avec une formation d’acrobate et de danseur, Qudus Onikeku est l’un des chorégraphes majeurs de sa génération. Né à Lagos en 1984, il y grandit puis rencontre Heddy Maalem en 2003 qui l’invite à intégrer sa compagnie à Toulouse. Reçu au Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne, il en sort diplômé en 2009 puis crée sa propre compagnie YK Projects à Paris en 2009.

Les premières créations de Qudus Onikeku, My Exile is in my head (2010), Still/life (2012) et Qaddish (2013), lui valent d’être invité au sein d’événements culturels du monde entier comme la Biennale de Venise, le Festival d’Avignon ou encore le Yokohama Dance Collection au Japon. Après une dizaine d’années passées en France, en 2014, il rentre vivre à Lagos où il ouvre le QDance Center, lieu de ressources, de formation et de repérage de talents, structure pilier et unique au Nigeria.

La QDance company montée à Lagos (Nigéria) par le chorégraphe Qudus Onikeku (Ayobami Ogungbe)

De Lagos à Lyon 

Invitée pour le grande défilé de la Biennale, la compagnie a pleinement investi la ville de Lyon. Elle a proposé le 30 mai dernier à l'initiative de l'association Afromundo, un événement sur le parvis arrière du musée des Confluences. 

Compagnie Qdance

(Vidéo : Jean-François Lixon)

"Re:Incarnation" dans le cadre de la 19e Biennale de la danse de Lyon au Radiant Caluire-et-Cuire les 8 et 9 juin 2021. 

Puis en tournée : 

15 juin : Espace Sarah Bernhardt – Goussainville
17 juin : L’imprévu – Saint-Ouen L’Aumône
23 juin : Reggio Emilia – Italie
30 juin : Centre Georges Pompidou, Paris
2 juillet : Théâtre Rive Gauche – Saint-Etienne du Rouvray
4 juillet : Théâtre Jean Vilar de Vitry

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