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Dans le sillage de Na Li, la Chine s'éveille

En devenant jeudi la première Chinoise à entrer en finale de Roland-Garros, Li Na s'est un peu plus affirmée comme l'ambassadrice de son sport en Chine, où le tennis s'éveille lentement mais sûrement, surtout chez les femmes. Déjà finaliste à l'Open d'Australie en janvier, Li, 29 ans, 17e mondiale, est déjà assurée de devenir lundi la première Chinoise à intégrer le Top 5.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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La Chinoise Na Li

M.Kong Quan s'est peut-être un peu emballé jeudi au micro de France Télévisions,après la victoire de Na Li sur Maria Sharapova en demi-finales deRoland-Garros. «Plus de 400 millions de Chinois ont suivi ce match. La Chine commence à apprendre à aimer ce sport», avançait l'ambassadeur de Chine en France. La réalité est tout autre. Les chiffres  font état d'une audience moyenne de 14 millions de spectateurs, le pic ayant atteint 25 millions en fin de match. Au total, 65 millions de Chinois ont regardé une partie de la rencontre diffusée sur CCTV-5, qui n'a pas hésité à déprogrammer un match de tennis de table, sport roi dans l'Empire du Milieu. Toutefois, même si les chiffres n'atteignent pas les records annoncés, la communication s'organise autour de l'aventure de Na Li qui ne laisse pas indifférent un pays qui ne cesse de vouloir affirmer sa prédominance internationale et se cherche des champions dans toutes les disciplines. Peu populaire avant les années 1990, le tennis a pris son essor en Chine en vue des Jeux Olympiques de Pékin (2008). Longtemps contrainte de reverser la quasi totalité de ses gains à la Fédération chinoise de tennis, Na Li avait un temps mis entre parenthèses sa carrière avant de revenir plus forte que jamais. Aujourd'hui 7e mondiale, elle pourrait devenir la première Asiatique à remporter un tournoi du Grand Chelem.

Originaire de Wuhan, dans la province de Hubei, Li Na a commencé le tennis il y vingt ans, après avoir pratiqué le badminton, alors qu'elle avait neuf ans, alors que ce sport se démocratisait lentemennt. .Entrée sur le circuit professionnel en 1999 poussée par les autorités qui souhaitaient investir le champ tennistique, elle s'est faite sa place au soleil. Entraînée par son mari Jiang Shan, elle s'est ensuite émancipée, en choisissant le Danois Michael Mortensen, pour pouvoir progresser encore et se mettre sur orbite.

Avant même son aventure parisienne, la souriante Li avait déjà apporté sa pierre à l'édifice. En 2004, elle était devenue la première Chinoise à remporter un titre sur le circuit WTA à Canton. Elle était entrée peu auparavant dans le giron de la Fédération chinoise, décidée à sortir le tennis de l'anonymat en vue des jeux Olympiques de Pékin. Poussée à travailler d'arrache-pied -elle a avoué avoir alors failli craquer devant les conditions d'entraînement imposées par une Fédération, Li a progressé régulièrement.En août 2006, elle est devenue la première Chinoise à intégrer le Top 20.En février 2010, c'est le Top 10 qui s'est ouvert à elle, alors qu'elle avait repris son indépendance après les Jeux de Pékin.Elle venait alors juste d'accéder à la demi-finale de l'Open d'Australie, en même temps, événement incroyable, que sa compatriote Zheng Jie, l'autre grande dame du tennis chinois.

Zheng, 27 ans, aujourd'hui 80e mondiale après avoir été 15e en 2009, était devenue en 2008 la première Chinoise à atteindre le dernier carré d'un tournoi du Grand Chelem, à Wimbledon. Elle avait aussi remporté la médaille de bronze du double dames aux JO de Pékin, avec Yan Zi. Aujourd'hui, elles sont quatre joueuses à figurer dans leTop 100. On trouve, outre Li et Zheng, Peng Shuai, 25 ans et 25e mondiale, et Zhang Shuai, 22 ans et 76e mondiale. Mais la révolution tennistique est pour l'instant l'apanage des filles et a encore bien du chemin à parcourir chez les messieurs. Le premier Chinois au classement ATP est Bai Yan, au 354e rang.

Le tennis prend donc son essor en Chine après de longues années au cours desquelles ses représentantes ont pris le temps de progresser. Li plaisante d'ailleurs de son éclosion tardive. "L'âge ne veut rien dire, c'est juste un chiffre sur un papier! Peut-être que les joueuses asiatiques s'épanouissent dans leur sport un petit peu plus tard que les joueuses européennes. En tout cas, je me sens toujours très jeune!". La Chine du tennis explose. Cette finale exacerbe la fibre patriotique et a fait la une de tous les journaux du pays. Na Li se dit ravie d'en être en quelque sorte la porte parole, sur un événement aussi symbolique que le tournoi de Paris:"C'est important pour le tennis chinois, certains se diront à leur tour qu'ils peuvent peut-être aussi le faire".

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