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Warren Barguil : "Je vise le Top 15"

Surprenant double vainqueur d’étape l’an passé sur la Vuelta, Warren Barguil (22 ans) aborde le Tour d’Espagne 2014, qui débute ce samedi, en tant que chef de file de l’équipe Giant-Shimano. Un rôle de leader que le jeune espoir français, offensif et polyvalent, aborde avec un naturel assez bluffant. Entretien.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Warren Barguil va-t-il encore lever les bras sur le Tour d'Espagne? (JAVIER LIZON / MAXPPP)

- Vos deux succès sur la Vuelta 2013 vous avaient-ils permis de passer un cap?
"Gagner chez les professionnels, dès ma première année pro, dès mon premier grand Tour, ça a été un gros déclic sur le plan sportif et médiatique. C’était une vraie surprise. Pour moi, c’était inaccessible, mais il suffisait d’y croire et ça l’a fait. J’y ai aussi compris qu’un grand Tour, ça ne dure pas une, ni deux, mais trois semaines. Les derniers jours, j’avais vraiment accusé le coup. Maintenant, je sais que pour gagner du temps, tout se joue dans la seconde partie de course."

- Quel regard portez-vous sur votre saison, avant d’entamer le Tour d’Espagne?
"C’est une très bonne année pour moi. Je suis content, j’ai eu les résultats que j’attendais (prometteuse 9e place au général du Tour de Catalogne, ndlr). Je voulais briller sur une course d’une semaine World Tour et jouer les premiers rôles sur les classiques. Même si je n’ai pas tout le temps eu la chance avec moi, c’est ce qui s’est passé."

- Vous n’avez pas été retenu pour le Tour de France. Comment avez-vous encaissé la nouvelle?
"C’était une déception, mais seulement avant d’en avoir parlé à mon manager. Il m’a bien expliqué les raisons (de ma non-sélection). Il m’a présenté le projet qu’il avait en tête pour moi. Quand votre manager vous dit qu’il veut vous voir dans un rôle de leader plutôt qu’en soutien de (Marcel) Kittel, c’est plus un compliment qu’autre chose… C’était important de discuter, il m’a prouvé qu’il comptait beaucoup sur moi. Ça m’a beaucoup rassuré. Ça m’a permis de mettre les idées au clair."

- Les performances des Tricolores sur le Tour 2014 vous ont-elles fait rêver?
"C’est sûr. Quand Thibaut avait gagné son étape à Porrentuy (en 2012), dans une région que je connais bien, ça m’avait déjà beaucoup donné envie. Pour autant, je ne me suis pas mis à leur place. Je ne me suis pas dit : ‘j’aurais pu faire ci, j’aurais pu faire ça’. J’ai plutôt apprécié le spectacle qu’ils nous ont offert."

- Peut-on vous comparer à Romain Bardet?
"Au niveau du style oui. En espoir déjà, nous étions très, très proches. Comme moi, c’est un coureur de classiques qui peut aussi performer sur un grand Tour. Nous sommes des attaquants, nous ne nous laissons jamais faire."

"Je ne suis pas à l'écart"

- Alterner grands tours et classiques, est-ce faisable pour un coureur de votre profil?
"J’aimerais bien pouvoir faire les deux, pour moi ils sont complémentaires. Mais c’est compliqué à gérer et un jour, il faudra bien décider. On peut faire dixième, troisième, deuxième d’un grand tour. Mais le gagner, ça demande d’autres choses, comme ne pas avoir son pic de forme au moment d’un Liège-Bastogne-Liège."

- Dans la nouvelle génération française, vous êtes l’un des rares expatriés, dans une équipe étrangère. Vous vous sentez à l’écart?
"Pas du tout, je me sens bien dans mon équipe à l’étranger. C’est une mentalité particulière, avec une bonne ambiance et beaucoup de nationalités différentes. Je ne suis pas à l’écart des autres coureurs français, la preuve : vous m’interviewez ! (rires)"

- Ne pas faire le Tour, ça veut aussi dire être moins connu du grand public français...
"Pour moi, c’est un mal pour un bien. Ça me permet de progresser ‘anonymement’, tranquillement, dans mon coin. J’ai la sensation d’avoir moins de pression de la part des médias. On l’a vu l’an passé, ça n’a pas été facile pour Thibaut (Pinot). Depuis, il a prouvé à tout le monde qu’il n’était pas mort, que ça n’était pas un espoir déchu comme certains journalistes l’avaient annoncé. Le vélo, c’est unique, ça ne s’improvise pas. On peut tout à fait enchaîner une année blanche avec une année exceptionnelle."

- Quelle est votre forme, à quelques jours du départ?
"Je suis bien. Je l’ai prouvé au Tour de Pologne, même si je manquais encore un peu d’intensité. Depuis, j’ai passé une semaine de stage dans les Pyrénées avec ma compagne. Ça m’a permis de parfaire ma condition et d’être prêt avant la Vuelta, sachant qu’il y a encore une dizaine de jours pour être bien : les premières étapes sont très plates et il va falloir être surtout prêt pour les deuxièmes et troisièmes semaines."

"Plus il y a de kilomètres, mieux je me sens"

- Vous êtes-vous fixé un objectif chiffré?
"Je vise le Top 15 au général. Après, s’il y a une opportunité pour jouer une étape, j’irai ! Mais l’équipe m’a recruté pour le général. On a un plan. L’an passé, c’était pour apprendre, pour voir comment je réagissais. Les deux victoires, ça n’était que du bonus. Cette fois-ci, il va falloir se concentrer sur le général, avec des coureurs pour me protéger. A moi de jouer mon rôle."

- Ça vous met la pression?
"En amateur déjà, j’avais fait une année dans la peau d’un leader. Je sais ce que c’est, on me l’avait demandé avant de passer pro. Pour la bagarre avec les leaders, on verra déjà comment je suis. J’espère rivaliser avec eux."

- Et les championnats du monde, dans un peu plus d’un mois?
"C’est un objectif, j’affectionne les courses comme ça. Plus il y a de kilomètres, mieux je me sens. Cette année, c’est la course qui me correspond avec un super parcours. J’espère être de la partie. J’en ai déjà discuté avec Bernard (Bourreau, sélectionneur de l’équipe de France, ndlr). Cela dépendra de ma forme à la sortie de la Vuelta."

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