La Vuelta fait sa révolution
Parent pauvre des trois grands tours, la Vuelta a décidé de faire sa révolution pour renouveler son intérêt aux yeux du peloton. La tête à l'envers par rapport à 2009 où elle s'était élancée des Pays-Bas, elle prendra son envol depuis Séville plein sud pour remonter dans le sens inverse des aiguilles d'une montre le long de la côte méditerranéenne jusqu'à Madrid en passant par les Pyrénées. Mais c'est surtout sa quintessence même qui a été repensée pour ses 75 ans. Un coup de jeune sans doute salutaire et surtout nécessaire. Premier acte symbolique: le fameux maillot or est remisé au placard, bienvenue au maillot rouge de leader, couleur symbolique de l'Espagne. Une façon de se démarquer du rose italien et du jaune français. La course débutera par un contre-la-montre par équipes de 13km en nocturne. Départ de la première équipe à 22h pour une soirée que les organisateurs espèrent "différente et spectaculaire".
Mais c'est surtout sur leur approche du tracé que les organisateurs ont apporté le plus gros changement pour rendre ses lettres de noblesse à une course qui a aussi sacré par le passé Eddy Merckx, Bernard Hinault, Luis Herrera ou encore Laurent Jalabert et Raymond Poulidor, et pas seulement les représentants du contingent ibérique. Bien trop souvent assimilé à une répétition pour les sprinteurs en vue des championnats du monde et à une succession de passages sur autoroute, le Tour d'Espagne a limité les occasions d'arrivée massives et opté pour un parcours particulièrement escarpé cette année. Certes, les plus prestigieuses fusées du peloton seront bien au départ (Thor Hushovd, Alessandro Petacchi, Mark Cavendish, Oscar Freire ou encore Tyler Farrar). Mais les occasions d'enrichir leur palmarès sont bien minces, surtout s'ils n'entendent pas rallier l'arrivée à Madrid. En tout et pour tout, deux étapes sont dédiées aux sprinteurs dont la dernière dans la capitale.
Auparavant, ils auront eu l'arrivée à Salamanque (Etape 18) pour briller et, en la jouant finement, peuvent-ils escompter sur un regroupement final (peu probable) à Lorca (Et.5) ou à Orihuela (Et.7). Avec huit étapes de montagne, dont six arrivées au sommet, la part belle a été faite aux candidats à la victoire finale. Les baroudeurs pourront tirer leur épingle du jeu avec de nombreuses journées au parcours accidenté. Mais globalement, dès les premières étapes, c'est bien le gain du maillot rouge qui sera déjà en jeu jusqu'à la veille de l'arrivée à Madrid, pour une bataille au sommet du Bola del Mundo (2247m), qui fait son apparition sur la Vuelta. Pour le reste, 59km chronométrés dont les 13 premiers par équipes et un second contre-la-montre à Penafiel à quatre jours de la fin de la course.
Les Schleck et Menchov en favoris
Privée de ses deux derniers vainqueurs, Alberto Contador (2008) et Alejandro Valverde (2009), absents pour des raisons diverses, la Vuelta s'offre néanmoins un plateau de grande qualité. En tête d'affiche, deux coureurs présents sur le podium du Tour de France: Andy Schleck et Denis Menchov, le double vainqueur du maillot blanc hexagonal et le double vainqueur du Tour d'Espagne (2005, 2007). Seulement, le premier cité, déjà 2e du Tour et du Giro, n'est pas venu jouer sa carte personnelle, mais épauler son aîné, Frank, au grand dam des organisateurs qui avaient déjà dû déplorer l'abandon des deux frangins luxembourgeois à mi-parcours l'an dernier. "Je crois vraiment que le plateau proposé pour cette édition 2010 est le plus relevé depuis des années. Menchov a une grosse expérience sur le Tour d 'Espagne, mais les étapes de montagne devraient convenir à Schleck, explique Javier Guillen d'Unipublic. N'oublions pas aussi Frank, car j'ai entendu dire qu'il était en grande forme, ou encore Carlos Sastre." Le coureur Cervelo sera d'ailleurs le leader de la légion ibérique de prétendants à la victoire finale (Oscar Pereiro, Joaquin Rodriguez, Luis Leon Sanchez, David Arroyo notamment).
Pour pimenter ses 75 ans, l'épreuve a ajouté aux multiples difficultés à surmonter des bonifications aux arrivées (20, 12 et 8 secondes pour les trois premiers). Des ajouts qui devraient pimenter la bagarre entre les ténors à laquelle se mêleront sûrement Filippo Pozzato et Vincenzo Nibali, débarrassé de son coéquipier Ivan Basso, mais qui devra s'accommoder d'un autre Liquigas, Roman Kreuziger.
Un parcours relevé
Alors que la Grande Boucle privilégie généralement les sprinteurs en première semaine avant de laisser la scène aux favoris en montagne, la Vuelta a décidé d'annoncer directement la couleur. Le long des 3400km au programme, huit étapes seront consacrées à la montagne dont six arrivées au sommet, sachant que bon nombre de tracés dits de plaine seront particulièrement vallonnés. Dès la 3e étape, les jambes vont être mises à rude épreuve avec le Puerto del Leon (1re cat, 920m), situé à 37km de l'arrivée. Une première occasion de se tester avec un début d'ascension à 10% (pente moyenne 5,5%) et une ligne d'arrivée du jour en légère montée (5%). La première semaine est parsemée de difficultés de 2e et 1re catégorie quasi-quotidiennement, très souvent placées à quelques kilomètres de la ligne. Le second week-end de la course sera le premier rendez-vous décisif de l'édition 2010 avec la route de Xorret del Cati (Et.8) semée d'embuches: 3 cols de 2e catégorie, l'Alto de Xorret del Cati à moins de 4km de l'arrivée (3,8km à 11,5%). Le lendemain, place aux montagnes russes entre Calpe et Alcoy (4 difficultés de 2e cat, 3 de 3e catégorie).
La moitié de la 2e semaine de course sera consacrée à la montagne avec l'arrivée au sommet à Andorre, puis les pentes raides des Asturies vers les lacs de Covadonga. Un 3e week-end de haute volée avec deux arrivées au sommet. La Pena Cabarga (5,9km à 9,2% de moyenne) donnera une tendance quant aux chances des favoris avec son dernier kilomètre à plus de 10% dont un passage à 19%. La montée vers Covadonga (12,5km à7%), le dimanche, sera le test ultime des prétentions de chacun avec ses pentes irrégulières et son ascension casse-jambes. Les organisateurs n'ont pas fait appel au mythique Angliru cette année. A la place, ils ont offert aux spectateurs un feu d'artifice à la veille de l'arrivée. A moins que la Vuelta se soit trouvé un vrai patron d'ici-là, tout se jouera sur les pentes de la Bola del Mundo, un col inédit aux mensurations dignes des plus célèbres cols: 22km de montée à 6,1%, mais des rampes pouvant attendre les 23% dans les derniers kilomètres où le macadam cède sa place au béton. Et quand on sait que cette 20e étape aura déjà offert en apéritif l'alto del Leon (7,8km à 6,9%) et la Navacerrada (7km à 7,5%), autant dire qu'il n'y aura pas de demi-mesure au sommet où le plus fort l'emportera.
Le parcours (28/08/10 19/09/10)
Etape 1: Séville-Séville (13km) - contre-la-montre par équipes
Etape 2: Alcala de Guadaira - Marbella (173,7km) - plaine
Etape 3: Marbella - Malaga (157,3km) - montagne
Etape 4: Malaga - Valdepenas de Jaén (183,8km) - plaine
Etape 5: Guadix - Lorca (198,8km) - plaine
Etape 6: Caravaca de la Cruz - Murcie (151km) - plaine
Etape 7: Murcie - Orihuela (187,1km) - plaine
Etape 8: Villena - Xorret de Cati (190km) - montagne
Etape 9: Calpe - Alcoy (187,7km) montagne
REPOS
Etape 10: Tarragone - Vilanova i la Geltru (175,7) - plaine
Etape 11: Vilanova i la Geltru - Andorre/Pal (208,4km) - montagne
Etape 12: Andorre-la-Vieille - Lleida (172,5 km) - plaine
Etape 13: Rincon de Soto - Burgos (196km) - plaine
Etape 14: Burgos - Pena Cabarga (178 km) - montagne
Etape 15: Solares - Lagos de Covadonga (187,3km) - montagne
Etape 16: Gijon Cotobello (181,4km) montagne
REPOS
Etape 17: Penafiel - Penafiel (46km) - contre-la-montre
Etape 18: Valladolid - Salamanque (148,9km) - plaine
Etape 19: San Martin de Valdeiglesias - Bola del Mundo (172,1km) - montagne
Etape 20: San Sebastian de los Reyes - Madrid (87km) - plaine
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