Voeckler, la French touch
Et dire que cette année 2011 aurait pu mal commencer. Elle sera finalement faste pour Thomas Voeckler. Il y a un an, si on lui avait dit quil finirait meilleur cycliste français de 2011, Ti Blanc aurait sans doute trouvé cela crédible tant son profil polyvalent le place au-dessus dune bonne partie du peloton tricolore, mais il ne se serait probablement pas attribué autant de lauriers que lannée lui en a offerts. Il nen reste pas moins que cest logiquement que Vélo Magazine lui a décerné le Vélo dOr français 2011 récompensant le meilleur coureur de la saison.
Jean-René Bernaudeau sait quil doit la survie de son équipe à cet homme. Cet Alsacien, bercé par la douceur martiniquaise, qui choisit à lautomne 2010 de ne pas quitter un navire Bbox Bouygues Telecom en perdition et de se porter caution pour son maintien à flots. Chef de file dune équipe remaniée, amputée de nombreux cadres partis sous des cieux moins hostiles (Fédrigo, Pinault, Bonnet), le champion de France 2010 reconnaît cependant que tout na pas été facile. "Mon avant-saison a été compliquée", admet-il dans les colonnes de Vélo Magazine. "Je sentais que beaucoup de choses allaient dépendre de moi. En décembre-janvier, je ne savais pas si jallais avoir les épaules assez solides." Mais il était écrit que sa fidélité et sa persévérance méritaient récompense. Et rapidement, le vent a tourné en sa faveur.
Le sacre du printemps
Sa saison commence sur les chapeaux de roue. Noël se prolonge jusquen février avec une étape du Tour Méditerranéen et le classement général du Tour du Haut Var dans la foulée. "Jai gagné alors que jétais loin de mon meilleur niveau, cétait bon signe et ça ma rassuré", explique lAlsacien. Des signes annonciateurs dune grande saison. Début mars, cest sur Paris-Nice quil sillustre en signant deux victoires détape dont la dernière avec panache et ruse, sous la pluie, sur la Promenade des Anglais.
Fort de ce début de saison tonitruant, Voeckler ne compte pas sarrêter en si bon chemin. Il simpose "à domicile" lors de Cholet-Pays de Loire, puis sen va briller sur le Tour du Trentin (2e étape) et les Quatre jours de Dunkerque (général + 1 étape). Une véritable razzia en à peine trois mois avant de se mettre en évidence lors du Critérium du Dauphiné. Aux Gets, Europcar est à la fête avec un succès collectif dont le palmarès ne retiendra que le nom de Christophe Kern, porté ce jour-là par Pierre Rolland et Voeckler. Déjà dans le tempo en Italie, ce dernier prend conscience de son potentiel en montagne. "A la fin du Dauphiné, je savais que jallais être dans les 15 meilleurs grimpeurs du Tour. Ceux qui sécartaient en même temps que moi sappelaient Gesink et même Evans," explique le leader Europcar.
Voeckler : "Certains ne mont pas pris au sérieux"
Tous les feux étaient donc au vert pour que Voeckler réalise un grand Tour de France. Si sa virée en jaune en 2004 sétait apparentée à un coup du hasard, cette fois-ci, il nen fut rien. Dix jours en jaune et une place au pied du podium à Paris, mais surtout un sens de lopportunisme qui lui a permis de profiter pleinement de lattentisme des favoris. "Ce que je savais à Saint-Flour (ndlr : le jour où il prend le maillot jaune), cest que, sauf circonstance défavorable, je serais toujours en jaune après les Pyrénées. A partir de là, je ne pensais quà ça", explique le Vélo dOr français 2010. "Courir comme un favori, ça oui, je me suis forcé à le faire." Pour aller batailler avec les Schleck, Evans et autre Contador, il fallait prendre de la hauteur. "Aujourdhui, je grimpe, cest un atout de plus", explique le coureur polyvalent. "Certains ne mont pas pris au sérieux. On ne faisait pas très attention à moi avant ce Tour Ça ma permis dacquérir une confiance qui na pas de prix. Je nai pas grand-chose à envier aux meilleurs."
Une renaissance au printemps, un été lumineux et un automne couronné de succès, Vockler peut marquer 2011 dune pierre blanche alors quil sest envolé vers les Antilles pour des vacances bien méritées à la Martinique avant de rejoindre mi-novembre le Team Europcar en Guadeloupe pour la préparation de la prochaine saison. Mais tous ces succès ne devraient pas le changer. Il promet quil ne deviendra pas pour autant un coureur de Grand Tour misant toute sa saison sur une seule course. Non. Si 2011 lui a donné des idées, elles sont dun autre ordre. "A présent, physiquement, je crois que je peux accrocher à mon palmarès une classique", confie le meilleur coureur français de la saison. "Si je ny arrive pas, ça ne mempêchera pas de respirer, mais comme je suis attaché à lhistoire du cyclisme, ça membêterait !"
En 10 ans, ils ne sont que trois routiers à avoir privé les pistards ou les vététistes du sacre (Jalabert en 2002, Chavanel en 2008, Voeckler en 2010 et 2011). Cette année, le jury de Vélo Magazine a honoré deux cyclistes sur route. Thomas Voeckler devance largement son coéquipier chez Europcar Pierre Rolland, meilleur jeune du Tour de France (11e) et vainqueur avec classe à lAlpe-dHuez. Grégory Baugé (piste) doit se contenter de la 3e place.
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