Vasseur: "Les Anglo-Saxons ont la culture du CLM par équipes"
« C’est une épreuve très importante pour les équipes car on sait qu’on a beaucoup à perdre sur ce genre d’épreuves. Les équipes le préparent longtemps à l’avance, déjà dans le recrutement de certains coureurs, ensuite dans la phase de reconnaissance proprement dite qui commence dès le début de saison. Celles qui n’ont pas pu le faire à ce moment-là l’ont probablement fait la journée qui suivait l’arrivée de Paris-Nice.
Les grimpeurs pénalisent l’équipe
Les coureurs qui vont s’élancer sur ces 25 km connaissent parfaitement le moindre kilomètre de ce chrono, un peu à l’image d’un skieur qui s’élance dans une descente de ski. Ensuite, il faut se préparer psychologiquement pour cet exercice. Je crois que c’est d’abord un travail de management. Il convient de trouver le meilleur ordre possible pour qu’on puisse aller vite. Lorsqu’on suit un coureur qui imprime une allure trop vite, l’équipe va souffrir d’un rythme trop saccadé. L’idéal est d’avoir une allure linéaire, d’aller le plus vite possible et de rester sur un plateau.
Il faut respecter un ordre bien établi au sein de l’équipe. Il y a 9 coureurs et certains grimpeurs pénalisent forcément l’équipe donc ils vont être amenés à prendre très peu de relais voire aucun. On fait tourner les habitués. Un coureur comme Andy Schleck ne devrait pas prendre beaucoup de relais dans la formation RadioShack. L’objectif pour ces équipes-là n’est pas de remporter l’étape ou de prendre le maillot jaune, mais de limiter la casse et de protéger son leader. D’autres sont des spécialistes de ce type d’effort comme Sky, BMC, Orica-GreenEdge.
Pas de gros écart
On ne peut pas perdre le Tour sur un contre-la-montre par équipes mais on peut prendre un coup psychologiquement. C’est en montagne et dans les chronos individuels que les écarts sont les plus importants. Sur ce clm de 25 km à Nice, l’écart ne devrait pas excéder 1’20 entre la meilleure équipe et la plus faible. Ce n’est pas insurmontable pour certains leaders.
C’est surtout une photographie de l’état général des équipes. En général, une équipe qui remporte le Tour de France termine dans le top 3 ou 4 du clm par équipes. Une équipe classée 18e ne peut pas remporter le Tour même avec un coureur d’exception.
Les équipes anglo-saxonnes adorent ça. Sky, Garmin, c’est dans leur culture. Quand on est bon sur la piste, on excelle dans le chrono par équipes. Quand on est Australien, Britannique, Néo-Zélandais, on affectionne ce genre d’exercice, ce genre de douleur parce que c’est une douleur particulière. Il faut savoir se mettre au seuil et subir la douleur durant 30 voir 40 minutes. Et ça, quand on est passé par l’école de la piste, on arrive plus facilement à l’accepter. Hormis le Crédit Agricole, les équipes françaises n’ont en revanche pas vraiment brillé ces dernières années.
J’ai vécu un enfer en 2005
Personnellement, j’en garde de très mauvais souvenir dont l’un marquant parce que je n’étais pas un spécialiste. Lors du Tour 2005, sous le maillot de Cofidis, je m’étais élancé en deuxième position dans la roue de David Millar, un vrai spécialiste. Il m’avait dit de rester dans sa roue car il faisait les trois premiers kilomètres. Le problème est qu’il est tellement parti vite qu’il m’a mis dans le rouge. J’étais à 180 pulsations et j’ai été incapable de prendre le relais quand il s’est écarté. J’ai été un véritable poids pour mes coéquipiers tout au long du clm. J’ai vécu un enfer car je ne pouvais pas ralentir sous peine d’être lâché et d’arriver hors délais. C’est peut-être l’exercice dans lequel on se fait le plus mal quand est coureur cycliste ».
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