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Van Summeren sur le haut du pavé

Alors que tout le monde attendait Fabian Cancellara, Tom Boonen, ou encore Thor Hushovd, c’est un « second couteau », Johan Van Summeren (Garmin-Cervélo), qui a surpris tout le monde pour remporter ce 109e Paris-Roubaix en solitaire. Il s’agit de la 54e victoire d’un Belge dans l’Enfer du Nord, record absolu. Van Summeren devance Cancellara (Team Leopard) et Tjallingi (Rabobank). Guesdon (FDJ) termine premier français.
Article rédigé par franceinfo
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Johan Van Summeren (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Il était 10h10, lorsque les 197 coureurs s’élançaient de la Place du Palais de Compiègne, sous un soleil radieux. La voix de Daniel Mangeas s’éloignait peu à peu. Douze minutes plus tard, le Directeur de la course, Christian Prudhomme, donnait le signal du départ réel de cette 109e édition du Paris-Roubaix. Et les coureurs pouvaient enfin entrer dans le vif du sujet. Sur ces premiers kilomètres, déjà quelques spectateurs encourageaient en famille le peloton. Certains coureurs amateurs s’étaient même donnés rendez-vous pour profiter ensemble du spectacle, et contempler « les machines » des professionnels. Le tout premier fait de course, intervenait très rapidement, l’Ukrainien Buts jetant l’éponge après seulement quelques tours de roue.

La veille, un grand nombre de Directeurs sportifs avaient prévenus, il faudrait attaquer tôt pour ne pas se faire dévorer par les grosses écuries. Et la consigne était respectée à la lettre par Malori et Schillingen qui portaient la première offensive au km5. Les deux rebelles étaient aussitôt repris, puis une deuxième attaque ne tardait pas, cette fois emmenée par Ignatyev, Curvers et King. Mais une fois encore, ils étaient vite repris.

Une troisième échappée se formait après seulement 14 kilomètres, et cette fois, neuf coureurs s’y collaient, puis 10, puis 15. Ils étaient là encore rattrapés après deux kilomètres. Avant même, le début des premiers secteurs pavés, Simon Clarke déplorait une première crevaison, alors que Wiggins, Bandiera et Selvaggi s’extrayaient du peloton au km25. Ce groupe Wiggins allaient être repris peu après midi. Quelques nouvelles attaques allaient encore fuser, à l’image de celle tentée par Kevin Ista au km 78, mais il était repris quatre kilomètres après.

Chutes et crevaisons en pagaille

Sur une attaque d’Elmiger, huit cyclistes menaient la danse, avec notamment Jimmy Engoulvent. Ils franchissaient le premier secteur pavé de Troisvilles avec 50 secondes d’avance sur le peloton, alors que Arnaud Coyot jetait l’éponge avant le 100e kilomètre. Six coureurs se trouvaient alors en tête et allaient compter jusqu’à 1 min 25 secondes d’avance. Avant la Trouée d’Arenberg, Chavanel crevait, et sentait qu’il serait difficile d’aller chercher un podium. Peu après, c’était au tour de Leukemans de crever dans le secteur de Capelle-sur-Ecaillon. Ils n’étaient par la suite plus que sept aux commandes, comptant 35 secondes d’avance sur quatre hommes intercalés, mais 1min20sec sur le peloton.

Dix minutes plus tard, ils se retrouvaient à dix en tête, tandis que Simon Clarke devait s’arrêter après une chute. Pendant ce temps, les leaders enfonçaient le clou pour assurer une belle avance de 2min20 sec, suffisamment confortable pour s’épargner le désagrément de la poussière. Et le fameux passage de la Trouée d’Arenberg débutait, Elmiger en tête, et le reste des leaders suivant à la queue le leu. Derrière, pendant ce temps, les ennuis de la Quicsk Step continuaient. Après une crevaison puis une chute de Chavanel, c’était au tour de son coéquipier et co-leader, Boonen. Le triple vainqueur de l’Enfer du Nord, après une crevaison dans Arenberg, chutait à 69km de l’arrivée… Pendant ce temps, 17 hommes se trouvaient en tête, parmi lesquels Frédéric Guesdon, dernier vainqueur en 1997, et deux autres Français, Engoulvent, Boucher, Tjallinghi, Elmiger, Seubert, Docker, Veilleux, Greipel, de Kort, Stangelj, Van Summeren, Ytting Bak, Roelandts, Quinziato, Boom et Cooke. Alors que David Boucher semblait lâcher prise, Damien Gaudin faisait quant à lui l’effort pour recoller aux hommes de tête. Chavanel et Boonen n’étaient pas les seuls à chuter, Pozzato, puis Haddou et Leukemans tombant au sol.

Cancellara passe à l'attaque

Après une attaque dans le peloton de Hushovd, Cancellara se décidait alors à accélérer. « Spartakus » emmenait dans sa roue Hushovd et Flecha, puis Ballan revenu un peu plus tard. Les quatre grosses cylindrées sortaient du secteur de Mons-en-Pevèle. Alors qu’en tête, Stangelij tentait le coup de poker en vain, Cancellara maintenait la cadence devant Hushovd et Ballan, réduisant l’écart à 40 secondes. Sentant la pression des « gros » derrière, Gaudin et Guesdon voulaient à leur tour tenter leur chance, mais sans succès. Ces attaques permettaient néanmoins de tenir à distance le groupe Cancellara à 40 secondes. Le Suisse se relevait finalement et demandait à ses compagnons d’échappée de rouler à leur tour, mais sans un franc succès…

Les coureurs s’observaient, l’écart passait à plus d’une minute. Guesdon devait composer avec une crevaison mais le coureur de 39 ans revenait malgré tout, profitant de l’indécision de ses camarades. En revanche, Cancellara en profitait également et pointait à 45 secondes. C’est alors que Rast, Ytting Bak, Van Summeren et Tjallingi donnaient un coup d’accélération, laissant sur place les dix autres poursuivants. Le trou était fait à l’approche du Carrefour de l’Arbre. Leukemans avait beau relancer, Cancellara semblait avoir renoncé, alors que Hushovd relançait la machine, mais l’écart était désormais d’une minute, et leurs chances s’évanouissaient. Aux premières positions, Van Summeren accélérait toujours et encore. Le coureur Garmin sentait que ces derniers kilomètres le menaient vers la plus belle victoire de sa carrière, et devant un public conquis, pouvait savourer ce moment unique dans une carrière de cycliste, celle de triompher sur le mythique vélodrome de Roubaix.

Le classement

1. Johan Vansummeren (BEL/GRM), les 258 km en 6 h 07:28. (moyenne: 42,1 km/h)
2. Fabian Cancellara (SUI/LEO)     à 19.
3. Maarten Tjallingii (NED/RAB)       19.
4. Grégory Rast (SUI/RSH)               19.
5. Lars Bak (DEN/HTC)                    21.
6. Alessandro Ballan (ITA/BMC)       36.
7. Bernhard Eisel (AUT/HTC)            47.
8. Thor Hushovd (NOR/GRM)          47.
9. Juan Antonio Flecha (ESP/SKY)    47.
10. Mathew Hayman (AUS/SKY)      47.
11. Frédéric Guesdon (FRA/FDJ)      47.
12. Lars Boom (NED/RAB)              47.
13. Mirko Selvaggi (ITA/VAC)         47.
14. Jürgen Roelandts (BEL/OLO)     47.
15. Mitchell Docker (AUS/SKS)      47.

De notre envoyé spécial Romain Bonte

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