Une équipe médicale toujours en alerte sur le Tour de France
Lorsque la terrible chute du kilomètre 107 de la 3e étape, la course a été rapidement neutralisée car la sécurité des coureurs indemnes n’était plus assurée. Responsable du service médical du Tour de France, le médecin urgentiste Florence Pommery explique que « la décision a été prise très rapidement » avec la direction de course. « Je peux être amenée à dire que je n’ai plus assez de moyens », et il faut donc stopper les coureurs encore en course en attendant qu’une équipe médicale puisse assurer leur sécurité.
« Si vous avez 35 personnes qui tombent, il n’y a pas que des blessures dramatiques, mais il y a des gens à évacuer, il y a des ambulances bloquées. C’est une gestion qui dépend beaucoup du type de chutes, du nombre, de la répétition des chutes, et du terrain », explique le Dr Pommery. « Si je fais partir une ambulance à l’hôpital, il y a des endroits où je vais les récupérer assez vite, et des endroits en montagne où je ne les récupèrerai jamais. Donc ça veut dire que je n’ai plus d’ambulance… », résume-t-elle.
Avec 10 médecins urgentistes, cinq infirmiers, sept ambulances, deux voitures médecins, une moto et un camion, le Tour de France est sous bonne garde.
Des moyens conséquents
Sur le Tour de France, la sécurité est primordiale. En course et sur le passage de la caravane, de nombreux messages de vigilance sont régulièrement diffusés, mais le risque zéro n’existe pas. Un enfant qui traverser au mauvais moment, une chute de coureurs, tout peut arriver à tout moment. Pour être le plus réactif, le service médical de la Grande Boucle dispose de moyens conséquents.
Dans son équipe, Florence Pommery ne compte que des urgentistes, ou des gens qui travaillent en SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation). Il y a par ailleurs un chirurgien dans la caravane, et un orthopédiste sur la course. A l’étranger, elle fait même parfois appel à des médecins locaux pour simplifier l’organisation.
Les ambulances sont équipées à peu près comme celles du SMUR, note Mme Pommery. « L’appareil que l’on n’a pas mis dans toutes les ambulances, c’est le respirateur -un appareil pour les cas vraiment graves- l’un se trouvant à la fin de la caravane, l’autre en fin de course. Si on avait un cas réanimatoire, les autres ambulances peuvent traiter et ballonner en attendant les grandes ambulances, qui sont équipées totalement comme un SMUR. »
Une logistique complexe
Sur un événement aussi particulier que le Tour de France, la difficulté du staff médical ne réside pas dans les cas à traiter, mais dans la gestion de ces derniers. « Ce ne sont pas les pathologies qui sont compliquées à gérer, on est habitué à les gérer même si il faut aller très vite pour évaluer correctement les cas », souligne la responsable du service médical. « Ce qui est compliqué, c’est la logistique. C’est de savoir comme lundi si j’ai assez d’ambulances, si je vais pouvoir les récupérer à temps, si je peux faire revenir une ambulance de la caravane », dit-elle. Et c’est précisément ce qui s’est passé lors de cette troisième étape. Mais le temps qu’elle puisse revenir, en position, cela prend un certain temps. La neutralisation de la course a ainsi permis à cette ambulance de revenir en bonne position.
Pour assurer un nombre suffisant d’ambulances, il arrive parfois que les blessés ne soient pas évacués tout de suite, et qu’ils soient obligés de rester dans l’ambulance, en attendant la fin de la course. « On peut être en effet amené en montagne à garder une fracture du poignet, à ne pas l’évacuer. Je leurs dis à ce moment que j’ai besoin de les garder jusqu’à la fin, parce que j’ai besoin des médecins qui sont dans l’ambulance », explique Mme Pommery.
Mais lorsque des pompiers sont présents, ils sont souvent mis à contribution, comme il y a quatre ans, pour charger des blessés et pouvoir ainsi terminer la course. La solution de l’hélicoptère peut apparaître sur des endroits isolés, mais encore là, si cela peut être compliqué pour une ambulance de venir, cela peut être compliqué pour un tel engin de se poser…
Organiser les soins
En course, Florence Pommery se trouve derrière le peloton. Elle se sert également de Radio Tour qui alerte son équipe en cas de besoin. « Quand il y a une chute, je ne reste pas trop longtemps car il faut terminer la course. Je fais un bilan très rapide de ceux qui se relèvent, de ceux qui ne se relèvent pas, ceux qu’il faut surveiller en particulier, et je passe la main aux ambulances derrière par radio, et j’avance. »
« Mais il n’y a pas que la course et les coureurs, il y a du monde, beaucoup de public, avec les enfants, … Et ça aussi, il faut surveiller. Ce n’est pas simple. Si quelqu’un tombe dans le public, on va s’arrêter, bien sûr. C’est pour ça que c’est compliqué, car dès que l’on s’arrête, cela fait des ressources en moins », explique celle qui occupe cette fonction depuis cinq ans. Et son plaisir d’assurer ce rôle reste intact, car « cela ne se refuse pas le Tour de France ! »
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