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La saga Tom Boonen : 2012, le retour du grand blond !

Tom Boonen tire sa révérence dimanche 9 avril à l'occasion de Paris-Roubaix qu'il caresse de remporter une 5e fois. Avec également trois "Tour des Flandres" à son actif, "Tommeke" a longtemps été le grand monsieur du printemps, ce "Flahute enchanté" qui défiait les pavés et enflammait la Belgique. Francetvsport vous propose de revenir sur les grands moments de sa partition flandrienne. Aujourd'hui, place à son quadruplé historique en 2012.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Tom Boonen s'envole sur les pavés de Paris-Roubaix (2012) (POOL BERNARD PAPON / BELGA MAG)

Au lendemain de ses premières grandes victoires, il avait assuré à la presse et à son entourage qu’il resterait le même. Que le succès ne le changerait pas. Qu’il ne serait pas un clone de Frank Vandenbroucke, l’autre grand espoir belge au destin broyé par le dopage et la drogue. « Il ne faut pas gagner et connaître le succès pour se rater ensuite », disait-il en 2005 après la quête de son premier monument des Flandres. Problème, l’enfer n’est pas que pour les autres. Tom Boonen sort lui aussi de sa ligne. Deux contrôles positifs à la cocaïne, par chance hors compétition. Dans son malheur, le Campinois a bien fait les choses puisqu’il échappe à la suspension et, de fait, conserve la possibilité d’une reconstruction à moindre frais. Son image a été écornée mais le Flamand ne s’est jamais caché derrière ses fautes, son alcoolisme et ses excès. « Arrêter est la voie la plus facile », dit-il. Sa rédemption passera par les Flandriennes ou ne passera pas.

Malgré ses travers, Boonen n’a rien perdu de sa classe mais en 2010 il est renvoyé à ses chers pavés par Fabian Cancellara. Dans la forme de sa vie, le Suisse plante ses cale-pieds sur les terres du Belge. Sous le nez du Flahute, il réalise le triplé Grand Prix E3 - Tour des Flandres - Paris-Roubaix. A l’issue de la semaine sainte, « il n’y a plus rien d’autre à écrire car tout a déjà été fait et dit », affirme Boonen. On ne refait pas le printemps. Le suivant lui permet de refaire germer la graine de la victoire. Boonen n’accroche « que » son 2e Gand-Wevelgem mais il y a comme une forme de délivrance, la fin d’un long tunnel. A 31 ans, en pleine force de l’âge pour un coureur cycliste, il prêt pour la plus belle quinzaine de sa carrière avec en apothéose son chef d’œuvre. Boosté par sa 100e victoire chez les professionnels lors de Paris-Nice, il débarque sur les Flandriennes au sommet de son art. Rien ni personne ne lui résiste. Ni sur le GP E3, qu’il remporte une 5e fois (record), ni sur Gand-Welvegem (record égalé avec 3 succès). Des amuse-bouche au regard du « Ronde » et de la reine des classiques.

Victime du déplacement de l’arrivée à Audenarde, le Mur de Grammont disparaît du final du Tour des Flandres. L’épreuve, bien plus musclée, n’y perd pas son piquant. C’est sur les 2,2 km de pavés du Vieux Quaremont, visité trois fois dans les 80 derniers kilomètres avec le Paterberg, que Boonen se détache dans le sillage de Filippo Pozzato. Les deux hommes rejoignent Alessandro Ballan aux avant-postes pour un match à trois. « J’ai perdu beaucoup de courses comme ça mais j’en ai aussi beaucoup gagnées, raconte Boonen. J’ai mon sprint et c’est plus facile. » Une arme à double tranchant. Se sachant inférieurs au sprint, les Italiens roulent fort pour décrocher le Belge dans les plus forts pourcentages du Paterberg. « Tornado » Tom contrôle. Pas question de laisser passer l’occasion de remporter son 3e Ronde, là aussi pour un record de victoires égalé. Le sprint ne fait pas un pli malgré la résistance de Pozzato, qui gardera l’image d’un grand collectionneur de places d’honneur dans les Flandriennes.

VIDEO : Dans la légende du Tour des Flandres

En avoir ou pas ? Pour ce géant des Flandres au palmarès long comme le bras, il manquait un dernier coup d’éclat pour asseoir définitivement son statut de légende. Une chevauchée à la hauteur de ces héros qui ont transporté le cyclisme dans une autre dimension. Une ode au vélo d’un autre temps, quand on écrasait les pédales à en saigner juste pour un bouquet, la bise d’une hôtesse ou au mieux une caisse de champagne. Stratège une semaine plus tôt sur le « Ronde », Tom Boonen s’abandonne au romantisme dans l’enfer du Nord. Un coup de folie pure ou tout simplement un coup de sang. « Quelquefois, tu as juste besoin d’avoir les couilles pour tenter quelque chose comme ça », justifiera-t-il quelques années après. « Tout le monde attend le Carrefour de l’Arbre. La meilleure façon d’être battu, c’est d’être prévisible. Parfois tu dois risquer de perdre la course pour la gagner. Je pense que beaucoup de coureurs préfèrent perdre sans attaquer plutôt que d’attaquer et de se faire lâcher. Ce n’est pas ma conception du sport. »

Ce coup de folie ? Une attaque à 58 km de l’arrivée alors qu’il reste encore onze secteurs pavés soit 17,5 km de vibrations et de souffrance. Pozzato, Ballan et Turgot le suivent avant de se rendre à la raison. Partir d’aussi loin est forcément voué à l’échec. Niki Terpstra se met à la planche cinq petits kilomètres avant de mettre le clignotant. Voilà Boonen seul en piste pour les 53 bornes restantes. « Je me suis sentais incroyablement fort ce jour-là, expliquera-t-il. Inarrêtable. Je faisais ce que je voulais. » Au bout de l’aventure dans un Vélodrome médusé son quatrième pavé, qui en fait l’égal de Roger De Vlaeminck, et pour l’éternité son plus grand souvenir sur un vélo. Ni dieu, ni Merckx, Tom Boonen est devenu le nouveau « Monsieur Roubaix » et c’est déjà pas mal.

VIDEO : Son chef-d'oeuvre sur les pavés de Roubaix

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