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Cyclisme : trois questions que pose le projet de fusion entre Jumbo-Visma et Soudal Quick-Step

Si l'association venait à se réaliser, l'équipe la plus dominante du peloton pourrait devenir encore plus forte.
Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Wout van Aert (Jumbo-Visma) et Julian Alaphilippe (Soudal Quick-Step) lors d'une session d'entraînement avant le départ du Tour de France 2023, le 30 juin, à Bilbao. (DIRK WAEM / AFP)

Le scoop est tombé le 24 septembre : "La Jumbo-Visma travaille sur un projet de fusion avec Soudal Quick-Step". Le site spécialisé Wielerflits [lien en néerlandais] a bouleversé la quiétude du peloton, qui se dirigeait tranquillement vers la fin de sa saison. Ainsi, la meilleure équipe du moment, Jumbo-Visma, et la valeur sûre des vingt dernières années, Soudal Quick-Step, joindraient leurs forces dès 2024 pour écraser la concurrence. Même si rien n'a encore été officialisé, la rumeur a fait tellement de bruit qu'elle a forcé l'Union cycliste internationale à réagir, mardi 3 octobre. Franceinfo: sport tente d'éclaircir le brouillard qui enveloppe ce projet.

En quoi consiste ce projet de fusion ?

D'après Wielerflits, une nouvelle équipe appelée Visma-Soudal verra le jour en 2024. Soudal prendrait alors la place de Jumbo, qui va se retirer du sponsoring après l'arrestation et la démission en septembre 2022 de l'ex-patron de la chaîne de supermarchés, Frits van Eerd, dans le cadre d'une affaire de blanchiment d'argent. Au moment des premières révélations, le média néerlandais n'en a pas dit plus sur les modalités de fusion.

L'Equipe a avancé, lundi, qu'elle prendrait plutôt la forme d'une "absorption de la structure de Patrick Lefevere (le patron de Soudal Quick-Step) par celle de Richard Plugge (celui de Jumbo-Visma)". De quoi renforcer l'équipe néerlandaise, qui écrase déjà la concurrence en 2023. Pour rappel, elle a réalisé un triplé historique en remportant les trois Grands Tours avec un coureur différent : le Giro pour Primoz Roglic, le Tour de France pour Jonas Vingegaard et la Vuelta pour Sepp Kuss.

Qu'en dit l'Union Cycliste Internationale ?

Alors que le projet n'en était encore qu'au stade des rumeurs, l'instance qui gouverne le cyclisme mondial lui a donné une teneur concrète. L'UCI a publié un long communiqué, mardi, dans lequel elle a mis en garde les parties prenantes du deal. "Toute opération de ce genre devra s'effectuer dans le respect des procédures et dispositions prévues dans le règlement", a-t-elle écrit. Qu'une telle évidence soit répétée dans un communiqué de presse accessible au grand public est une indication du tremblement de terre que représenterait ladite fusion.

Le règlement de l'UCI veut "garantir le respect des dispositions contractuelles pour tout le personnel des équipes concernées (coureurs, mais aussi équipes de direction et autres personnels tels que médecins, mécaniciens, assistants sportifs, pilotes, etc.)". Si l'instance prend acte en rappelant des principes de base, elle ne s'oppose pas à cette hypothétique fusion. Elle se projette même sur les conséquences de cette dernière, en prévenant qu'elle ne délivrerait pas de licence World Tour (le plus haut niveau mondial), décidées pour trois ans à partir de 2023, à une autre formation malgré la place laissée vacante.

"Dans l'hypothèse où la continuité d'une des deux équipes ne serait pas assurée pour la saison 2024, le nombre d'UCI World Teams sera de 17 (et non 18) pour les saisons 2024 et 2025. En conséquence, le nombre d'UCI Pro Teams (le deuxième échelon mondial) automatiquement invitées sur les épreuves de l'UCI World Tour augmenterait", explique l'UCI. Ce qui veut dire qu'une équipe comme la formation tricolore TotalEnergies, qui évolue en deuxième division et n'est pas automatiquement alignée sur les grandes courses, aura plus de chances de décrocher un ticket pour celles-ci.

Que vont devenir les coureurs des deux équipes ?

Pour l'année 2024, Jumbo-Visma compte 27 coureurs sous contrat, quand Soudal Quick-Step en a 23. D'après le règlement UCI, une équipe ne peut pas disposer de plus de 30 coureurs dans son effectif. Ainsi, au moins 20 coureurs seront sur le carreau dès le 19 octobre prochain si la fusion est effective. Ces derniers seront alors libres "de rejoindre une autre équipe, sans préavis, ni indemnités", explique l'UCI. Mais jusqu'à cette date, le flou demeure, pour les coureurs comme pour les staffs.

"On ne sait pas grand-chose. C'est un peu compliqué dans la tête de tout le monde. On essaie de rester concentrés sur la course. On espère que la situation va se débloquer, qu'on aura des nouvelles, parce que c'est un peu chiant", a confié le Français Julian Alaphilippe (Soudal Quick-Step) au départ de la Coppa Bernocchi, lundi. "C'est triste. C'est une équipe qui depuis de nombreuses années est dans le cœur du cyclisme et avec une histoire", a même acté ce dernier, pensionnaire de l'équipe belge depuis le début de sa carrière professionnelle en 2013. S'il s'est immédiatement repris, en rappelant que "les choses n'en sont pas encore là", le double champion du monde a cristallisé la crainte de toute une équipe.

Vainqueur des Trois vallées varésines, mardi, Ilan Van Wilder (Soudal Quick-Step) en a remis une couche face caméra : "Ce sont des semaines difficiles pour nous. Cette victoire est pour mes coéquipiers et le staff, pour montrer que nous ne sommes pas d'accord avec toute cette merde. Nous voulons continuer avec Soudal Quick-Step, nous sommes assez forts." Des mots qui tranchent avec ceux de Wout van Aert (Jumbo-Visma) qui a insisté sur le fait qu'il n'y avait "aucun stress" dans l'équipe néerlandaise.

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