Giro 2023 : Primoz Roglic plus fort que la poisse
Le nouveau roi du Tour d'Italie est Slovène. Primoz Roglic a remporté l'édition 2023 du Giro, dimanche 28 mai, fêtant son quatrième sacre sur un grand tour après ses trois succès sur la Vuelta (2019, 2020, 2021). Discret pendant les deux premières semaines, le coureur de la Jumbo-Visma a renversé le classement général lors de l'avant-dernière étape, samedi, qu'il a largement dominée. Le coup parfait pour celui qui n'aura porté le maillot rose que le dernier jour, dans les rues de Rome.
"C'est incroyable. Le public m'a donné des ailes. Je volais", s'est extasié ce dernier face caméra, son fils sur les genoux. Pourtant l'ex-sauteur à ski n'est pas passé loin d'une de ces froides déconvenues qui lui collent à la peau. Dans l'ascension du Monte Lussari, sa folle ruée vers la victoire a été contrariée par un saut de chaîne qui l'a obligé à mettre pied à terre. De quoi faire remonter le douloureux souvenir d'un autre contre-la-montre, celui de la Planche des Belles filles, quand il avait perdu le Tour de France 2020 alors qu'il était maillot jaune la veille de l'arrivée.
La résilience du champion
Mais, cette fois, il n'y a pas eu de mine livide, ni de casque ballottant. Malgré sa réputation de coureur malchanceux, le Slovène a repris sa marche en avant et terminé en boulet de canon. Il devait reprendre 26 secondes à son principal adversaire, Geraint Thomas, et a fait bien mieux, le reléguant, lui, à 40 secondes, et le reste de la concurrence au-delà. "Pour être honnête Primoz le mérite. Il a connu un ennui mécanique et il m'a quand même fracassé", a reconnu le Britannique, fair-play.
"C'est Primoz, il a l'habitude de revenir toujours plus fort", a commenté son fidèle lieutenant en montagne, Sepp Kuss, soulagé après la montée "stressante" de son leader. L'Américain était là quand son coéquipier a sombré sur le Tour 2020, quand il avait abandonné le Critérium du Dauphiné la même année alors qu'il était leader avant la dernière étape. Il était tombé une semaine avant lui sur la Vuelta 2022, au moment où Roglic se battait avec Remco Evenepoel pour monter sur la plus haute marche du podium.
Sur ce Giro, le sort n'a pas été plus clément à l'égard de "Rogla". C'est avec une équipe remaniée qu'il s'est présenté sur la ligne de départ à Fossacesia Marina. Prévus pour entourer le Slovène, Tobias Foss, Robert Gesink et Jos van Emden ont tous été rattrapés par le Covid-19 à la dernière minute tandis que Jan Tratnik a été victime d'un accident à l'entraînement à la veille du contre-la-montre inaugural. Que ce soit Rohan Dennis, Michel Hessmann, Thomas Gloag ou Sam Oomen, aucun de ces quatre coureurs qui ont accompagné Roglic n'avait été préparé à encaisser trois semaines de course à cet instant de sa saison.
Une stratégie payante
Primoz Roglic lui-même n'a pas donné l'impression d'être impérial, se montrant moins fort que la concurrence sur les deux premiers chronos. Pendant la première partie de la course, nombreux sont ceux qui se sont demandés si ses contre-performances n'étaient pas liées à une contamination par le coronavirus. "Il m'a dit qu'il avait le Covid vendredi (12e étape), alors je lui ai dit: 'Tiens-toi loin de moi, alors'", avait d'ailleurs confié Geraint Thomas à Cyclingnews le 13 mai.
Covid ou non, le Slovène a avancé masqué, ne se précipitant jamais pour délester Thomas, Armirail ou Leknessund du maillot rose. Il a été pointé du doigt, comme les autres leaders, pour l'attentisme dont ont fait preuve tous ceux qui avaient des ambitions au classement général. "On savait qu'il attendait le grand moment. Bien sûr, il y avait un risque d'attendre aussi longtemps", a reconnu Sepp Kuss. Malgré les aléas, Roglic est resté fidèle à son plan, misant très gros sur le dernier contre-la-montre. Koen Bouwman, un autre coéquipier, a par exemple expliqué qu'il avait reconnu le Monte Lussari à plusieurs reprises, le montant en courant et en marchant, en plus d'une nouvelle reconnaissance, à vélo, le matin de l'épreuve.
Après avoir échoué lorsqu'il a tenté de maîtriser le Giro (mais aussi le Tour de France) de bout en bout, le coureur de 33 ans a revu ses plans et tout misé sur la troisième semaine. Sans la responsabilité de la gestion du peloton, il a évité la pleine lumière et brillé dans un rôle de poil à gratter. Sur la 18e étape, il s'est volontairement placé à l'arrière du peloton pour laisser croire à une défaillance, avant de placer une attaque violente dans le final, que seul Geraint Thomas a pu suivre. C'est comme s'il s'était volontairement défait de la pancarte qu'on lui avait collée avant le début du Giro (et encore plus après l'abandon de Remco Evenepoel) pour mieux assouvir ses objectifs.
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