Cancellara, un trône à défendre
Deux options : soit Fabian Cancellara n’est pas au mieux, soit il brouille très bien les pistes. L’an passé, impitoyable, il avait annoncé -et rempli- ses objectifs, remporter le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, avec une maîtrise impressionnante. Mais il s’y était préparé de la plus belle des manières, décrochant un podium sur Milan-San Remo puis une victoire pleine d’autorité sur le Grand Prix de l’E3. Cette saison, la donne semble quelque peu différente.
Le début des "vraies courses"
Certes, le Suisse a terminé deuxième de la dernière ‘Primavera’, pour la troisième fois en quatre éditions. Mais s’il passait la ligne en lâchant un hurlement de frustration, c’est aussi et surtout parce que ‘Spartacus’ n’a pas maîtrisé la course comme il espérait le faire. Transparent, il n’a pas été capable d’imposer son rythme et de prendre les choses en main dans le final, comme il parvient à le faire dans les Flandriennes. "C’était une loterie, se désolait-il. Une loterie dans le Poggio, une loterie dans la descente, une loterie au sprint. La semaine prochaine commencent les vraies courses".
Par "vraies courses", comprenez "celles que Cancellara gagne". Les classiques pavées, celle où la machine suisse peut faire étalage de sa puissance sans égal dans le peloton, une force exceptionnelle couplée à une endurance et un mental à toute épreuve. Dans le Grand Prix de l’E3 vendredi dernier, pris dans une chute à quarante kilomètres de la ligne, il a réalisé une remontée exceptionnelle pour arracher la neuvième place. Mais son placement, à un moment pourtant stratégique de la course, a semblé hautement contestable, l’obligeant à "continuer pour ne pas laisser tomber", loin de ses ambitions. Deux jours plus tard, sur Gand-Wevelgem, il échouait au 38e rang, mais assurait avoir vu "beaucoup de choses intéressantes, plus nécessaires que la victoire" dans l’optique des Flandres et de l’enfer du Nord.
Pas prêt à se faire "botter le cul par les jeunes"
En observant ainsi ses concurrents sans passer à l’attaque, en tombant dans certains pièges qu’il avait l’habitude d’éviter, Fabian Cancellara attaquera dimanche le ‘Ronde’ sans avoir pu annoncer la couleur. S’il a donc les jambes, le Suisse n’a encore rien montré. En outre, son statut de favori semble aussi fragilisé par les nouveaux grands noms (Peter Sagan, Michal Kwiatkowski) de plus en plus performants sur les classiques Son expérience sur les Flandriennes suffira-t-elle à effacer ces doutes?
L’intéressé assure que la succession pourra encore attendre, car si la nouvelle génération "(l’)inspire", Cancellara n’est clairement "pas prêt à (se) faire botter le cul par les jeunes". Un peu à l’image d’un Tom Boonen pas au mieux, le double-vainqueur du Tour des Flandres (2010, 2013) aura donc à cœur de prouver que sa maîtrise des courses longues et intenses peut encore, malgré ses 33 ans, écraser la concurrence.
"Il n'est plus le même (à l'approche de ces courses), assure son directeur sportif Dirk Demol. Sur cette période, il parvient à monter en puissance physiquement et mentalement. Il fait partie des meilleurs coureurs de classiques de l'Histoire. Il sera encore un prétendant à la victoire". Dans deux semaines, il pourrait même dépasser ‘Tommeke’ et devenir le premier coureur de l’histoire à réaliser trois fois le doublé Tour des Flandres-Paris Roubaix. Un Monument.
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