Amstel Gold Race : de vainqueur à vaincu, "l'ascenseur émotionnel" de Benoît Cosnefroy
Le coureur de la formation AG2R Citroën a été déclaré vainqueur quelques instants avant que la photo finish ne donne raison à Michal Kwiatkowski (Ineos Grenadiers).
Un instant d'extase, des bras qui se lèvent et une fierté immense. Puis une douche glacée, implacable, difficile à avaler. Benoît Cosnefroy a cru le temps d'une minute vivre le plus grand frisson de sa carrière. Le coureur AG2R Citroën a été annoncé vainqueur de l'Amstel Gold Race, dimanche, au terme d'un sprint final intense avec Michal Kwiatkowski. Mais à peine la joie venue, la photo finish est venue déjuger la première annonce des commissaires, et le Polonais d'Ineos Grenadiers a hérité de la victoire finale. Un dénouement pénible, injuste et indigne d'une course de ce standing.
Deuxième d'une grande Classique pour la deuxième fois de sa carrière après son explosion lors de la Flèche Wallonne en 2020, Cosnefroy l'a joué beau perdant, conservant son sourire jusqu'au podium. "Il est beau ce podium, j'en suis heureux, a-t-il assuré dans une première réaction transmise par son équipe. Même si j'aurais préféré gagner face à Kwiatkowski au sprint, il a été plus rapide que moi. Cela s'est joué à peu."
C'est bizarre avec les moyens qu'ont que les commissaires, qu'ils se trompent, et que ce soit aussi flagrant
Benoît Cosnefroyau media belge Sporza
Parti rattraper la roue de l'ancien champion du monde à 19,5 kilomètres de l'arrivée pour former un tandem qui ne sera plus revu, le Normand n'a pas grand-chose à se reprocher. Face à l'un des plus gros puncheurs du peloton, Cosnefroy n'aura cédé que sur un dernier effort au terme d'un sprint pourtant jusque-là bien mené. "J'ai quasiment fait la course parfaite, a-t-il confirmé au micro du média belge Sporza. Je me suis mis en position de gagner, ce n'est jamais facile dans un final comme celui-ci. Je me sentais fort. Kwiatkowski a mieux joué que moi, mais je n'ai pas fait beaucoup d'erreurs."
Fair-play et philosophe, Benoît Cosnefroy. Mais aussi un rien circonspect par cette situation ubuesque, "un ascenseur émotionnel" selon ses mots à Eurosport-GCN, une fois la ligne d'arrivée passée. "Quand on m'annonce vainqueur, on m'annonce vainqueur. Pour moi, cela voulait dire que la photo finish avait été regardée, avance-t-il, incrédule à Sporza. Au final, on me montre la photo… et il n'y a pas photo pour le coup. Ce n'est pas comme l'an passé avec Wout van Aert et Tom Pidcock (ndlr : van Aert s'était imposé pour quelques millimètres, là aussi à la photo). Là, il y avait au moins un boyau d'écart. Je ne comprends pas pourquoi ils ont pris une décision aussi vite pour dire que j'avais gagné, alors que ça se voit très bien que je n'ai pas gagné à la photo finish. C'est bizarre avec les moyens qu'ont que les commissaires, qu'ils se trompent, et que ce soit aussi flagrant."
Radio Tour dans le collimateur d'AG2R Citroën
Cette confusion vient ternir une Amstel Gold Race une nouvelle fois spectaculaire, et rondement menée par AG2R Citroën. Souvent placée dans les courses d'un jour mais jamais au sommet, la formation française avait cette fois toutes les raisons d'y croire. Un peu plus encore quand la communication officielle de la Classique a annoncé Benoît Cosnefroy grand vainqueur. "Il y a beaucoup, beaucoup de frustration actuellement, insiste Julien Jurdie, directeur sportif de l'équipe, à Eurosport-GCN. Radio Tour annonce dans un premier temps Benoît vainqueur. On a bien vu à la télé que c'était tendu. J'espérais que Radio Tour annonce le résultat en ayant vu la photo finish. La joie était immense, la déception l'est tout autant."
"Il y a des moments où les informations de Radio Tour sont compliquées à comprendre, poursuit Jurdie. Même le kilométrage entre la retransmission TV par rapport à notre logiciel était faux. C'était un peu la cerise sur le gâteau avec le nom de Benoît vainqueur."
Et celle-ci elle est gagnée ? https://t.co/PNi01wAwFg
— Cosnefroy Benoit (@BenoitCosnefroy) April 10, 2022
La crispation est légitime. Mais les principaux intéressés préfèrent souligner tout le positif à retenir de ce dimanche. Benoît Cosnefroy faisait partie du groupe des cadors et est parvenu à s'en échapper à la pédale. Un excellent signe en vue des prochaines échéances : la Flèche Wallonne le 20 avril et Liège-Bastogne-Liège le 24 avril. "Aujourd’hui j’ai perdu, mais j’ai pris énormément de plaisir sur le scénario de course, sur ma forme physique, a assuré le coureur de 26 ans en conférence de presse. Si je commence à pleurer sur un podium à l’Amstel, autant arrêter le vélo. Je sens que la forme est bonne, très bonne même. Je vais essayer d’aller chercher une victoire, après ce sera sans doute moins facile à manœuvrer dans les prochaines courses, je serai sans doute plus regardé."
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