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Tour de France : Les coureurs passent, le Tour reste

Une chronique d'Eric Fottorino
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Le Tour est fini, vive le Tour qui n’est pas mort puisque déjà les esprits sont tournés vers Düsseldorf, ville du Grand départ de l’édition 2017. Pour l’apothéose des Champs-Elysées, - apothéose pour Christopher Froome, vent d’espoir pour son jeune dauphin Romain BardetParis s’était paré de soleil comme un hommage au maillot jaune, à sa sérénité affichée, à son sourire qui tranchait avec ses airs défensifs et crispés des années précédentes, victorieuses pourtant. Il faut dire que le champion britannique a fini par séduire un public jusqu’ici récalcitrant. En attaquant dans les descentes et sur le plat, en construisant sa victoire avec méthode et persévérance, en courant sans vélo vers l’arrivée du Ventoux, en donnant la sensation que lui seul, plus que ses adversaires, voulait vraiment gagner le Tour, le « kényan blanc » a marqué les esprits. Et ses efforts pour parler notre langue ont fini d’emporter le cœur des supporters de cette Grande Boucle 2016 que rien, pas même la tragédie de Nice, n’a empêché de poursuivre sa route.

C’est une victoire pour tous, au-delà de celle de Froome. Cette parenthèse enchantée que constitue le Tour de France n’a pas été refermée par un drame qui ne la concernait pas directement, mais qui aurait pu avoir raison de la fête. Les organisateurs du Tour ont été bien inspirés de ne pas renoncer à l’épreuve, en dépit des menaces qui pouvaient peser sur cette cohorte de 4500 personnes qui se déplacent chaque jour à travers la France – et cette année jusqu’en Andorre et en Suisse – sans oublier ces millions de spectateurs venus au bord des routes applaudir les champions au maillots multicolores, porteurs de légèreté comme des poignées de confettis. C’est que le Tour de France, comme l’a dit en direct sur France 2 le philosophe Régis Debray, c’est un cours de France, une leçon que nous aimons à réapprendre en juillet, notre histoire, notre géographie, nos racines, notre identité lovée sous les roues des coureurs éclaireurs qui ouvrent la voie. Cette leçon mérite chaque année une révision générale. Du Mont-Saint Michel aux plages du Débarquement, des ruines d’Oradour aux châteaux Cathares, des montagnes à fromage aux grandes plaines à blé. Le Tour, une fois de plus, nous a montré de l’humain. Le courage sur un vélo, l’enthousiasme bon enfant des spectateurs (et téléspectateurs), l’obstination d’un pays à vouloir rester ce qu’il est. Ce n’est pas si mal, pour une épreuve de petits (et grands) coureurs lâchés par monts et par vaux à travers nos souvenirs ravivés. Comme nous avons aimer émietter cette petite madeleine où les champions du jour côtoient ceux d’hier, Hinault avec Bardet, Sagan avec Poulidor, Froome rejoignant Bobet et Lemond au club fermé des triples vainqueurs. Les coureurs passent, le Tour reste. Et c’est ainsi que le bonheur est à portée de roues.

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