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Tour de France: à quoi jouent Chris Froome et la Sky ?

Une descente dangereuse vers Bagnères-de-Luchon, une grosse débauche d’énergie vers Montpellier à la veille du Ventoux, le tout pour un gain total de 35 secondes. Chris Froome se sent-il moins fort sur le Tour 2016 ou est-il décidé à surprendre ses adversaires à tout moment ?
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
Christopher Froome, deuxième à l'arrivée à Montpellier (DAVID STOCKMAN / BELGA MAG)

Un coup de panache c’est une surprise, deux c’est une habitude ! Christopher Froome n’est décidément plus celui que l’on a voulu comparer au maître du calcul, Bradley Wiggins, son mentor et prédécesseur au palmarès du Tour et chez Sky. Entre Carcassonne et Montpellier, tout le monde s’attendait à une étape de transition conclue par un sprint à la veille du Mont Ventoux. Las, le vent en a décidé autrement et la course s’est disputée à vive allure. A quelques encablures de l’arrivée, on pensait encore que le sprint était inévitable et que les coups de bordures n’avaient rien donné. Oui mais voilà, Peter Sagan et Chris Froome avaient encore des fourmis dans les jambes. Surpuissant, le Slovaque a pris le maillot jaune sur son porte-bagages à douze kilomètres du but pour un contre-la-montre supersonique. « On ne pensait pas qu'il y avait quelque chose à faire dans le final, et puis Sagan et Bodnar sont partis… C’était totalement improvisé », a avoué Geraint Thomas qui a accompagné Froome quasiment jusqu’au bout.

Froome, tout ça pour douze secondes ?

La question qui se pose désormais est la suivante : le jeu en valait-il la chandelle ? Exactement comme à Bagnères-de-Luchon, le leader du classement général s’est acharné pour un gain minime, au moins par rapport à ce qu’il a été capable de faire par le passé dans la montagne (Pierre Saint-Martin 2015) en assommant littéralement la course dès la première arrivée en altitude. Le Tour 2016 en a connu une, à Andorre-Arcalis, et Froome n’a pas donné l’impression d’être imbattable comme l’an dernier. Pire, il a été attaqué par ses adversaires, à l’exception notable de Nairo Quintana. En revanche, il attaque là où on ne l’attend pas. « On essaye de trouver de bonnes tactiques pour gagner, détaille Dave Brailsford, le manager de la Sky. On a les coureurs pour essayer de surprendre et faire la course cette année. Dans notre jeunesse, on adorait tous ce sport pour ce côté fun. Nous voulons utiliser l’effet de surprise ». L’effet de surprise comme remède à des jambes moins aériennes ?

Les jambes dures dans le Ventoux ?

Si on peut se demander si Froome et Sky sont dans une opération séduction – à l’arrivée à Montpellier, Dave Brailsford a reconnu que Sky était venue pour « faire la course cette année » – on peut aussi se demander si Chris Froome ne craint pas la montagne ou plus précisément ses adversaires dans les cols ? A Montpellier, le Britannique s’est infligé un contre-la-montre de dix bornes à très vive allure. De quoi traumatiser les jambes alors que le terrible Mont Ventoux, même amputé de six kilomètres, se profile demain. « Peut-être que ce sera une petite erreur, on verra, on ne sait pas, c’est la course, a reconnu Dave Brailsford. On verra dans les jours qui viennent mais ils ont aussi roulé vite derrière pour revenir, tout le monde était à bloc ». Notons pour finir qu’il ne s’agit de pointer du doigt Christopher Froome – Nairo Quintana son principal adversaire pourrait largement être sous le feu des critiques pour son manque de concentration – mais plutôt de se demander ce qui le pousse à agir ainsi. C’est que les coureurs du Tour nous ont tellement habitués aux calculs d’apothicaire… Si Froome gagne le Tour pour 35 secondes, il faudra saluer son intelligence et applaudir un grand champion. Et quoiqu’il arrive, il aura au moins fait preuve d’un panache rafraîchissant.

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