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Tour de France 2019 - Nicolas Portal (Ineos): "On n'a jamais vraiment douté"

Pour la 7e fois sur les 8 dernières éditions, Nicolas Portal, directeur sportif de l'équipe Ineos, a mené un de ses coureurs à la victoire finale sur le Tour de France. Même si Egan Bernal n'aura porté le maillot jaune que trois jours, il ne s'est jamais senti en danger malgré le numéro de Julian Alaphilippe, qui "fait du bien au cyclisme français".
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Est-ce que ce Tour de France était plus compliqué que les autres pour Ineos ?
Nicolas Portal: "Pas forcément. On n’a jamais vraiment douté. Le plus compliqué, c’était l’année où Chris avait toujours quelques secondes d’avance, en 2017 (Froome s’est imposé avec 54 secondes d’avance sur Uran, Ndlr). C’était très tendu. Là, finalement, on ne s’est jamais senti en danger. On savait qu’on avait une bonne équipe, même si certains pensaient qu’on était plus faibles. On sentait que G (Geraint Thomas) était là, qu’Egan aussi. On savait que cette semaine serait décisive. On espérait que Julian craque. Ca a été dur pour y parvenir, mais hier (jeudi) on a vraiment forcé. On avait deux cartes à jouer, mais on voulait bien les jouer et on a été patients. On est premier et deuxième du Tour de France, ça fait très plaisir."

"Bernal a l'avenir devant lui"

Avec Egan Bernal, vous avez un quatrième vainqueur différent sur vos 7 victoires en 8 années...
N.P.: "Il est issu d’un pays où la culture du vélo est vraiment incroyable. Les Colombiens attendaient ça bien plus que nous on attend un successeur à Bernard Hinault. Ils ont maintenant leur premier vainqueur du Tour. Je ne peux même pas imaginer ce qui va se passer lorsqu’il va atterrir en Colombie. Ca va être gigantesque. Il a l’avenir devant lui. On va tout faire pour essayer de le protéger."

Est-ce le Tour de France où votre équipe a eu le moins besoin de rouler, de maîtriser le peloton ?
N.P.: "Ce Tour est étrange. Même en début de Tour, il n’y a pas eu ce stress qu’on peut connaître sur les étapes de plat. Il y avait du stress bien évidemment, mais cela n’avait rien à voir avec les éditions précédentes. On n’a pas eu besoin de se mettre trop devant, de contrôler. On faisait attention sur les départs d’avoir la course sous contrôle, mais les équipes comme Deceuninck ou celles des sprinteurs sur les étapes de plat faisaient un très bon boulot. Cette année, ce n’était pas compliqué de se placer dans le peloton. Ca s’est bien passé finalement."

"Julian fait du bien au cyclisme français"

Finalement, est-ce que le maillot jaune porté par Julian Alaphilippe durant 14 jours vous a arrangé ?
N.P.:
"Je ne dirais pas ça comme ça. Je vous dis la vérité : on a eu beaucoup de mal, mine de rien, à prendre ce maillot jaune. Hier (jeudi), on a dû forcer énormément. On était la seule équipe avec cinq hommes au pied de l’Iseran. Il ne fallait pas attendre. C’était le plan. Mais ça a été très dur. Il a fallu rouler longtemps, longtemps, jusqu’à 7km du sommet, où Julian était encore là. C’est uniquement quand G a attaqué, que les meilleurs grimpeurs ont accéléré, que Julian a montré une petite touche de faiblesse. Mais il n’a pas craqué complètement. C’était vraiment dur. Ca ne nous a pas forcément arrangé que Julian ait ce maillot jaune. Je suis Français aussi, et je suis fier qu’on ait un coureur comme ça. Le panache qu’il a. Ce n’est pas forcément du panache: il est intelligent. Ca fait du bien au cyclisme français."

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L'an dernier, Chris Froome semblait être le N.1 dans votre équipe et c'est Geraint Thomas qui s'est imposé. Cette année, Egan Bernal paraissait être N.2 mais il s'impose...
N.P.:
(rires) "C’est pour ça qu’on étudie le fait d’essayer de partir avec deux leaders. Peut-être que sur le papier, 'G' avait un peu plus d’expérience et de maturité. Il avait déjà gagné un grand Tour. Mais on se devait, tant qu’on le pouvait, de supporter les deux, qu’ils courent ensemble. Ca s’est très bien passé. Au dernier moment, ça s’est décidé tout seul, à la pédale, tout simplement, dans l’Iseran."

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7 victoires sur les 8 derniers Tours, est-ce que vous réalisez ?
N.P.:
"C’est une fierté de pouvoir faire partie de l’équipe, d’amener même si ce n’est que 0.1%, partager ces émotions, voir les gars souffrir à l’entraînement, être hyper motivés. Tant qu’on gagne, on ne réalise pas vraiment. On ne veut pas regarder derrière ce qu’on a accompli. On veut continuer à bosser. J’imagine qu’un jour, on s’arrêtera, une année ou deux j’espère pas plus. Cela aurait pu se passer cette année. On en a conscience : c’est le sport. On a forcément cette chance de perdre, même si tout le monde est animé par la victoire."

De notre envoyé spécial

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