Tour de France 2019 - Bernal, Thomas, Alaphilippe et les autres : la bataille finale
Que nous réserve le dernier épisode de la 106e saison du Tour de France ? Au départ de Bruxelles, bien malin qui pouvait prédire les nombreux rebondissements qui ont émaillé les trois dernières semaines sur les routes belges, néerlandaises et françaises. Dans toute sa cruauté, le Tour a rappelé à travers de Thibaut Pinot, l’habituel malheureux, qu’il pouvait d’un coup d’un seul ôter toutes les joies qu’il a offert pour les transformer en peine. Egan Bernal, le leader du Tour de France, est prévenu. A la veille de l’arrivée à Paris, il ne lui reste qu’un obstacle à franchir, mais quel obstacle.
Tout pour le tour à Val-Thorens
Val-Thorens. Le nom n’a rien de légendaire. Tourmalet, Izoard, Galibier, Iseran, tous ces géants toisent la station savoyarde du haut de leurs riches histoires sur le Tour. En Savoie, le menu aurait pu être plus copieux mais il a fondu comme fromage au soleil. Exit le Cormet de Roselend et ses quasi 2 000 mètres d’altitude, exit aussi la côte de Longefoy censé faire transition entre l’entrée et le plat de résistance, placé, coutume du Tour de France, en fin de repas. Val-Thorens ce n’est pas donc pas tout à fait un grand lieu de l’histoire du Tour. Le seul Nelson Rodriguez a dompté les 33,4 kilomètres d'ascension sur la Grande Boucle. Le Colombien y avait décroché, en 1994, son unique victoire d’étape dans le Tour.
Lui aussi est Colombien, lui aussi vise sa première victoire d’étape sur la plus belle épreuve du monde. Egan Bernal s’est paré de jaune vendredi au sommet de l’Iseran, là haut, tout-là haut à une altitude que lui et ses compatriotes maîtrisent à la perfection. Plus fort que ses adversaires en montagne jusqu’ici, l’aigle de Zipaquira pourrait bien en revanche manquer de maîtrise pour gérer sa situation actuelle. Et pour cause, jamais il n’a été en position de remporter un Grand Tour. Lui qui avait découvert les épreuves de trois semaines sur le Tour 2018 et qui a manqué le Giro 2019 à cause d’une clavicule cassée.
Thomas, chasseur ou loyal ?
Qui attend la chute de Bernal comme le touriste attend sa fondue savoyarde en hiver ? Julian Alaphilippe ? Le Français, héroïque depuis les Pyrénées, a écarté la possibilité de reprendre le paletot jaune à Val-Thorens. Geraint Thomas peut-être ? Chez Ineos, depuis le Tour 2012 et la guéguerre Wiggins-Froome, jamais une tête n’a dépassé. Même quand Thomas lui-même a pris le dessus sur Froome, pas de vague. L’équipe avant tout.
L’édifice tient bon et fait corps face aux critiques. Jusqu’à ce Tour 2019 où les duettistes Bernal et Thomas ont semblé, parfois, se courir dessus. Avec trois adversaires, si l’on excepte Alaphilippe donc, sous les deux minutes, Bernal a plusieurs lièvres à courir. Sa tâche sera d’autant plus ardue si Thomas décide de partir le premier pour semer la zizanie. Après tout, les attaques franches de Kruijswijk et Buchmann se font encore attendre.
Il reste un scénario dans lequel Egan Bernal éclabousse encore un peu le cyclisme mondial de son immense talent qu’Ineos n’a évidemment pas laisser passer. Plus fort en montagne que ses adversaires, le Colombien a les jambes pour mettre tout le monde dans le vent, une fois de plus. Un succès au sommet à Val-Thorens lui assurerait les maillots jaunes et blancs mais aussi sans doute le maillot à pois de meilleur grimpeur. A moins que le Tour ne nous réserve un ultime chambardement. On n’est plus à ça près.
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