Tour de France 2019 : Bardet et Pinot, l'année ou jamais, vraiment ?
Absence de Christopher Froome, de Tom Dumoulin et de Primoz Roglic, méforme supposée de Geraint Thomas, force de l’âge… Depuis quelques semaines, l’espoir de voir un successeur à Bernard Hinault, dernier vainqueur français de la Grande Boucle en 1985, n’a jamais été aussi grand. Est-ce pour autant l’année ou jamais pour Thibaut Pinot et Romain Bardet, les deux cartes maîtresses tricolores dans ce Tour 2019 ? A bien des égards, non.
Passons d’abord à la loupe les arguments qui penchent en faveur d’une chance qui ne se représentera plus. La première d’entre elles a déjà été abordée dans ces lignes. Il est vrai que l’absence conjuguée de Froome et Dumoulin, deux anciens vainqueurs de Grand Tour, ouvre des portes. Le parcours et ses sept passages au-dessus des 2 000 mètres a de quoi donner des possibilités aux purs grimpeurs que sont Pinot et Bardet. La part réduite - surtout pour le dernier cité - de contre-la-montre (27 par équipes, autant en solo) en offre tout autant. Signalons toutefois que son meilleur résultat, Bardet l’a obtenu en 2016 quand deux chronos individuels difficiles (54,5 km au total) étaient au programme.
"Les meilleures années sont là"
Si ces arguments sont recevables, ils ne suffisent pas pour affimer que la Grande Boucle 2019 est l'ultime chance du duo tricolore. Tous deux nés en 1990, Thibaut Pinot et Romain Bardet ont respectivement 29 et 28 ans. “Les meilleures années sont là et encore pour quelques années. Je veux en tirer le meilleur profit”, a expliqué à Stade 2 le leader d’AG2R-La Mondiale. Oui, le deuxième du Tour de France 2016 entre dans la meilleure période de sa carrière. Sauf accident, lui et Pinot devraient y rester pour au moins deux, voire trois saisons.
Dans L’Équipe du jour, Pinot évoque un “alignement des planètes”. Ce Tour parfait où tous les éléments tournent en votre faveur. Le leader de la Groupama-FDJ sait qu’il arrivera un jour ou l’autre. Mais jamais il n’évoque le Tour 2019. L’absence de certains favoris et le parcours montagneux ne suffisent pas, à ses yeux, pour y voir la chance d’une vie.
“Pourquoi l'année ou jamais? Je n'ai que 29 ans, il me reste pas mal de Tour de France derrière, relativise-t-il à l’AFP. Sans Froome, ni Dumoulin, ce serait presque facile d'aller gagner ? Mais quand on voit le niveau des équipes, on se rend compte qu'il y a beaucoup de favoris, beaucoup d'outsiders. C'est un des grands tours les plus relevés auxquels j'ai participé, car il y a une densité énorme.”
Le cas Bernal
Puisque l’absence de deux cadors ouvre la porte aux Français, pourquoi ce ne serait pas le cas pour les autres outsiders ? Au premier rang d’entre eux Egan Bernal dont la tête sort du lot. Grimpeur aérien, rouleur solide, le Colombien dispose d’un atout de choix dans sa manche : le Team Ineos, la meilleure équipe du peloton. Si Geraint Thomas venait à flancher, c’est vers lui que les regards se porteraient immédiatement. “Je ne suis pas certain que ce soit plus ouvert”, assure justement Bardet en pointant la force de l'équipe britannique.
Avant le Tour de France, et s’il ne s’agit pas de les sous-estimer, difficile de dire à coup sûr que Pinot et Bardet seront plus forts que Nairo Quintana, qui peut profiter des passages au-dessus de 2 000 mètres. Que Jakob Fuglsang, que Pinot cible, au regard de sa saison exceptionnelle, comme “favori numéro un” dans L’Équipe du jour. Qu'Adam Yates, solide depuis le printemps ou encore que Steven Kruijswijk, qui finira bien par voir la chance tourner en sa faveur sur un Grand Tour.
Avec huit outsiders sérieux, ce Tour de France 2019 s’avance comme l’un des plus indécis de la décennie 2010. En tout cas, c’est vrai sur la ligne de départ. Avant que la vérité de la course ne vienne tuer l’espoir dans l’oeuf. Ou pas.
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