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Tour de France 2018 : Cinq questions pour des pavés

Le Tour de France retrouve dimanche les pavés du Nord. Une étape très attendue. On vous explique tout en cinq points.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
 
  • Un mini Paris-Roubaix ?

Et de deux dimanches en enfer ! Trois mois après Paris-Roubaix, la crème des cyclistes est de retour sur les pavés du Nord à l’occasion de la 9e étape du Tour de France entre Arras et Roubaix. Une journée taillée pour les Flandriens avec 15 secteurs pavés soit 21,7 km au programme quand la reine des classiques en a compté 29 (pour 54,5 km) ce printemps. Sur le papier c’est peu pour les habitués mais pour un peloton du Tour de France après une grosse semaine de course, c’est sans aucun doute énorme. « C’est beaucoup plus difficile que ce qu’on peut imaginer ou vu par le passé avec les quelques petits secteurs pavés qui étaient saupoudrés sur l’étape, explique Marc Madiot, le manager de Groupama-FDJ et double vainqueur de Paris-Roubaix. Là on a une vraie course sur pavés. » Si c’est le patron qui le dit, certains doivent s’attendre à souffrir.

  • Un tournant du Tour ?

Ok, il restera douze étapes après Roubaix avec les Alpes et les Pyrénées à escalader. Alors pourquoi faire de cette étape des pavés un point clé du Tour 2018 ? Tout simplement parce que ce type de parcours va inévitablement produire des écarts et que certains leaders comptent en profiter. « Les principaux protagonistes vont essayer de mettre en difficulté des coureurs comme Nairo Quintana, prédit Cédric Vasseur, le manager de Cofidis qui a mis une grosse pancarte dans le dos de Vincenzo Nibali, « excellent sur les pavés ». Un terrain propice à l’attaque qui inspire Chris Froome. « Il adore les pavés, nous a confié son directeur sportif chez Sky Nicolas Portal. Froomey aime courir agressivement. Il voudrait toujours attaquer. Il est dans l’idée de prendre du temps sur ce genre de journée car il sait qu’il a une équipe forte autour de lui. » Dans l’incertitude quant à la forme de ses « flandriens » Naesen, Gallopin et Dillier, Romain Bardet s’attend lui aussi à « de gros écarts ». Roubaix sera un point de bascule qui va changer la donne au classement général.

  • Le peloton va-t-il exploser ?

« On emprunte quasiment tous les secteurs du final de Roubaix, explique Sébastien Hinault, le directeur sportif de Fortuneo-Samsic. Et pas les plus faciles. Ceux qui n’aiment pas ne vont pas apprécier la journée. » C’est à la fin de l’étape qu’on comptera les coureurs piégés par les pavés. Ils risquent d’être nombreux si on regarde le profil du peloton hétérogène à souhait. « Il y a un tiers qui a déjà participé à Paris-Roubaix, détaille Philippe Mauduit, directeur sportif de la formation UAE Team Emirates. Un tiers qui n’a jamais mis une roue sur des pavés. Et un dernier tiers constitué des leaders et de leurs proches serviteurs qui ont repéré une ou deux fois le parcours mais qui ne sont pas au niveau des coureurs des Flandres et qui ne vont pas prendre l’étape relax. » L’étape devrait donc se jouer sur trois niveaux avec ceux qui vont jouer la gagne, ceux qui se battront pour le général et ceux qui vont essayer de rallier Roubaix sans bobo et dans les délais (32 minutes à 43 km/h de moyenne, c’est large). Il ne faudra pas se tromper de groupe…

  • Ça va coincer où ?

Si on devait jeter un pavé dans la marre, ce serait à l’entrée du premier secteur, celui d’Escaudoeuvres à Thun (1600 m). Une entrée en matière musclée où le peloton va débouler à grande vitesse d’une grande route pour entrer dans un secteur large comme une voiture. « Celui-là m’inquiète un peu », avoue Hinault. Pour beaucoup, c’est déjà entendu. Les chutes vont se multiplier et planter le décor très tôt dans l’étape. « Il y aura une chute dans le premier secteur, une autre dans le deuxième, dans le troisième, reprend Mauduit. Il faudra essayer de les éviter, de minimiser les dégâts pour rallier l’arrivée dans les meilleures conditions. » Avec toutes ces cassures, chacun va essayer de retrouver ses petits à Roubaix. Les costauds qui passeront la journée sans couac auront de grandes chances de jouer la victoire avenue Maxence Van Der Meersch, derrière le Vélodrome qui accueille les géants d’avril. Reste à savoir combien seront-ils. « Il y aura des coureurs et des groupes un peu partout. Je pense qu’il peut y avoir entre 7 et 10 coureurs qui se présentent à Roubaix pour la gagne », estime Vasseur. Et s'il faut sortir un coureur du lot, facile : Peter Sagan, le vainqueur du dernier Paris-Roubaix.

  • Bien pour le Tour ?

En 2014, les pavés avaient apporté un peu de folie au Tour de France. Nibali avait douché ses principaux rivaux dans un superbe exercice d’équilibriste pendant que Froome abandonnait. L’année suivante, pas grand chose à signaler hormis le doublé de Tony Martin (étape et maillot jaune). C’est peu dire que les pavés du Tour 2018 sont très attendus, surtout après une première semaine de course assez fade. « La configuration est bonne pour le Tour, analyse Vasseur dont l’équipe sera sur ses terres. Ça fait deux jours qu’on s’est un peu ennuyé. Il faut varier et ne pas proposer que des étapes stéréotypées. Ça va remettre de l’ordre dans le classement général et mettre un peu de piment avant d’aborder les Alpes. » Cette étape va permettre à chacun se projeter sur la suite et clarifier la stratégie des prochains jours. « C’est bien pour le Tour car quelqu’un aura du temps à reprendre dans la montagne, ajoute Mauduit qui espère déjà limiter la casse dimanche avec son leader Dan Martin, touché sur une chute avant Amiens. J’espère juste qu’on ne sera pas de ceux-là ! »

De notre envoyé spécial

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