Cet article date de plus de huit ans.

Tour de France 2016. Le Tour s'élance aujourd'hui du Mont Saint-Michel… ou presque

Le Tour s'élance pour sa 103e édition aujourd'hui du Mont Saint-Michel. Pourtant, à observer la grande carcasse entourée de sable, impossible de deviner un quelconque engouement pour l'épreuve. L'îlot se passe de toutes décorations à l'effigie du Tour. Au contraire même, il semble s'en préserver.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Le Tour s'élance ce samedi du Mont Saint-Michel. Ah bon ? Quelques heures encore avant le lancement de la course, il est difficile de deviner en découvrant l'îlot escarpé que la Grande Boucle va y jouer sa 103e ronde. Pas de pancartes chamarrées, pas plus de vélos jaunes fixés à chaque coin de rue ou de maillots à pois rouges accrochés aux balcons des restaurants. Les arches à l'effigie du Tour sont encore introuvables, les barrières de sécurité invisibles et les routes encore exemptes d'encouragements peinturlurés aux noms des coureurs les plus populaires du peloton.

Pourtant, c'est bien au milieu de la passerelle reliant la presqu'île à l'Hexagone que le départ fictif de l'épreuve sera donné dans peu de temps. C'est bien sur ce bout de territoire breto-normand (ou Normo-breton ?) que les 198 acteurs de la course vont s'élancer pour 3535 kilomètres d'aventure. Un écrin idyllique à mettre en avant et l'assurance de séduire les dizaines de télévisions étrangères diffuseuses.

Mais le Mont reste un site touristique protégé. Protégé de certaines dérives écologiques grâce à l'UNESCO - et visiblement - de certains débordements populaires grâce à ses marchands. Lorsque l'on progresse vers son sommet, on remarque que les boutiques n'ont pas modifié leur vitrine pour l'occasion. Galettes au beurre, cartes postales, bols nominatifs en faïence, porte-clés ou boules à neige… les grands classiques du marchandising ont la belle vie. Les produits dérivés de la course cyclistes, eux, sont une fois encore aux abonnés absents.

Il faut avoir l'œil pour repérer les quelques fanions dédiés à l'événement, accrochés ça et là à des volets et sujets aux bourrasques de vent régionales. A croire que personne ici ou presque n'est au courant de la venue de la plus grande épreuve cyclise au monde. Comment l'expliquer ?

"Mes employés ne pourront pas venir travailler"

Figure reconnue des commerçants du Mont Saint-Michel, Christine Gaulois a un début d'explication. Oui, le Tour est une fête populaire. Oui, il sera un formidable promoteur de leur bout de terre entre sable et mer. Mais non, il ne fait pas le bonheur immédiat de ses marchands. "On est très perturbé. C'est un jour (ndlr : samedi) où on ne travaillera pas. Le restaurant ne sera pas ouvert ce midi. Mes employés ne pourront pas venir travailler. Certains commerçants ne viennent carrément pas dans leur boutique. C'est trop compliqué pour eux d'y accéder !"

Plutôt que de galvaniser, le Tour paralyse leur activité. Les touristes refroidis par les possibles embouteillages provoqués par le rassemblement autour du Mont - en plus de la météo capricieuse ? - se font rares en ce début juillet. L'activité est au ralenti, principalement à cause du Tour. On évite la zone, de peur de s'y retrouver bloqué. Un comble. 

De plus, la présence des coureurs chevauchant leur machine n'a pas de quoi enchanter les sédentaires du Mont. Eux qui s'étaient battus il y a encore quelques années pour empêcher l'omniprésence des voitures et des vélos, mettant en péril l'équilibre de leur joyau ensablé. Le Tour a imposé ses conditions, faisant fi des désidératas des "autochtones".

"Pour un Grand Départ, le site est un peu mal choisi"

"En temps normal, reprend Mme Gaulois, les vélos ne sont pas autorisés sur le Mont, sur la digue, ou sur le pont-passerelle." Samedi, ce sera tout l'inverse. Les deux roues seront rois dans les environs de la presqu'île. Une occasion de plus pour les résidents montois de grincer des dents. "Pour un Grand départ, le site est un peu mal choisi" souligne-t-elle avec un sourire jaune.

Pourtant, pas question d'être de mauvaise foi. Un Grand Départ offre une exposition sans commune mesure. Avec des retombées financières très intéressantes… à moyen terme. Les images qu'offriront les hélicoptères et les drones de France Télévisions à l'étranger auront un impact. Mais l'hiver prochain. Ce sont d'ores et déjà les marchés étrangers qu'il faut séduire, ou reconquérir. Les touristes asiatiques représentent la majorité des visiteurs hivernaux. Le Tour va garantir leur présence sur la butte au monastère.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.