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Tour 1983-Madiot: "Fignon avait un grand sens de la course"

Il y a 30 ans, Laurent Fignon remportait son premier Tour de France à la surprise (presque) générale. D’aujourd’hui à vendredi, revivez cette épopée à travers les souvenirs des protagonistes de l’époque, Bernard Hinault, Pascal Simon, Gilbert Duclos-Lassalle, Marc Madiot ou encore Daniel Mangeas.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Coéquipier de Laurent Fignon sur cette Grande Boucle 1983, Marc Madiot est revenu pour nous sur ce succès pas forcément attendu. Il s'est également prêté au jeu des comparaisons entre Bernard Hinault et Laurent Fignon. Instructif.

Quels souvenirs gardez-vous de ce Tour 1983. Aucun favori ne se dégageait vraiment au départ…

"Effectivement. On partait avec une équipe très jeune. Il y avait relativement peu d’expérience. On partait un peu dans l’inconnu sans savoir très bien où on allait. A la sortie, ça a été un très bon Tour pour l’équipe Renault avec le résultat qu’on connait. Sur la ligne de départ, on ne partait pas pour gagner le Tour. On espérait juste faire un bon Tour".

Vous ne pensiez pas que Laurent Fignon était capable de gagner le Tour ?

"Même lui ne le pensait pas à ce moment-là. C’est venu en cours de route. Pour les années suivantes peut-être, mais pour cette année là, ce n’était pas le but de l’opération. Maintenant, je n’étais pas à sa place. Il était là pour faire un bon Tour. Hinault n’était pas là et on venait de gagner le Tour d’Espagne avec lui quelques semaines auparavant. Donc il n’y avait pas de pression particulière".

Comment avez-vous géré le fait d’être co-leader avec Laurent Fignon au sein de l’équipe Renault ?

"Par la force des choses du fait de l’absence de Bernard Hinault, Cyrille (Guimard) avait un peu décalé ses ambitions et ses priorités dans l’équipe. Après tout, ça s’est plutôt bien terminé. Personnellement, je n’ai pas de regret par rapport à ma 8e place. J’aurais peut-être pu gagner une ou deux places selon les circonstances mais bon… Je n’ai pas retrouvé ce niveau-là dans les éditions suivantes parce que je ne suis pas au fond de moi un homme du Tour. Je suis plus axé course d’une journée pour l’adrénaline. Les trois semaines du Tour étaient longues pour moi et j’arrivais assez fatigué vu que je faisais du cyclo-cross l’hiver. Et puis le Tour n’avait pas le même impact. J’aimais bien le Tour mais ça me faisait moins vibrer que d’autres courses".

Pensez-vous que Pascal Simon aurait gagné le Tour sans sa chute ?

"Honnêtement, je ne sais pas. Je ne peux pas vous répondre. L’histoire est ainsi faite. Voilà. C’est le destin. On ne va pas réécrire l’histoire. Laurent (Fignon) a fait une belle carrière ensuite. Quand on est en situation de gagner le Tour et qu’on le fait, derrière ça roule, en général. On savait qu’il avait un gros potentiel".

Ca reste un de vos plus beaux souvenirs ?

"J’avais davantage été marqué par le Tour 1982, mon premier, avec Hinault. Mais ça reste un bon souvenir, évidemment".

Un dernier mot pour décrire Laurent Fignon et Bernard Hinault…

"C’était deux coureurs de talent exceptionnel. Hinault était peut-être plus doué intrinsèquement. Fignon avait un grand sens de la course mais Hinault était vraiment une bête en course. Il était impressionnant, avec un côté animal. C’était un beau félin. Il avait une emprise sur le peloton. Fignon, c’était plus subtil, plus construit, plus réfléchi. Le résultat arrive à la même chose ou presque".

Le Tour de France 1983 a été remporté par Laurent Fignon (Renault) devant l’Espagnol Angel Arroyo et le Batave Peter Winnen. Pascal Simon (Peugeot) a longtemps mené la course avant d’abandonner son maillot jaune à six jours de l’arrivée, lors de l’étape de l’Alpe-D’Huez, après six jours à lutter contre une fracture de l’omoplate consécutive à une chute dans les Pyrénées.

Vidéo: le portrait de Laurent Fignon

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