Souvenirs du Galibier
Raymond Poulidor : « Le Galibier est redoutable mais peut aussi être fabuleux. Je garde notamment un bon souvenir de ce col en 1967, lorsque Roger Pingeon a gagné le Tour de France par équipe nationale. Javais eu un pépin dans létape du Ballon dAlsace. Pingeon méritait sa victoire alors je me suis mis à son service et jai monté le Galibier sans men apercevoir. Jétais comme dans un rêve, avec Pingeon qui était en train de renforcer sa position de leader sur le Tour. Mais le Galibier ma aussi laissé de mauvais souvenirs. Jy ai souvent connu des défaillances. Pour moi, ce qui fait la difficulté de ce col, cest laltitude. Certaines personnes, au-delà de 2000 mètres, commencent à se sentir mal. En ce qui me concerne, jai monté le Galibier un sacré nombre de fois mais je le montais bien seulement une fois sur deux. »
Gilbert Duclo-Lassalle : « Cette année, le Galibier fête ses 100 ans et cest une belle chose. La première fois que les coureurs lont franchi, il nétait pas goudronné. Comme la Croix de fer ou la Madeleine, cest un col mythique notamment en raison de sa longueur. Avec 25-30km dascension, on y passe plus dune heure et donc on sen souvient forcément. La première fois que je lai franchi, je lai trouvé très long et très dur. Et aujourdhui, cest encore le souvenir que jen ai. »
Jean-René Bernaudeau : « Le Galibier est majestueux. Quand jétais coureur, je prenais souvent deux minutes pour regarder au sommet les neiges éternelles. Depuis que je suis dans une voiture, comme manager, je savoure. Cest tout ce quil y a de plus beau dans la montagne. Cest mon col préféré et jy ai beaucoup de bons souvenirs. Je le franchissais souvent en tête ou dans les cinq premiers. Du coup, le Galibier, ça me parle. La première fois que je lai franchi, je ne lappréhendais pas. Jaimais bien le final car il y des lacets. Et quand il ya des lacets, le moral est meilleur. »
Richard Virenque : « Jai plus de souvenir du Galibier il y a 20-30 ans sur le Tour que quand je lai franchi au cours de ma carrière. Personnellement, le Galibier nest pas un col qui ne me plaît pas énormément. Quand on vient du Lautaret, on a limpression dêtre sur une autoroute et moi, ce que jaime dans les cols, ce sont les petites routes étroites et sinueuses. Le Galibier est un peu lunaire mais manque, selon moi, dun peu de charme. En plus, je nai eu que des déceptions dans le Galibier. En 1996, létape du Galibier sur le Tour avait été annulée à cause de la neige. Jétais alors 3e au général et javais prévu dattaquer fortement. Pour être sincère, je préfère de loin lIzoard. Il est beaucoup plus beau et majestueux et quand on le monte, il se passe vraiment quelque chose. A côté, le Galibier, cest vraiment la galère. »
Pascal Chanteur : « En 1998, on partait de Grenoble et il y avait une grosse bagarre. A lavant, Rodolfo Massi et Alberto Elli étaient échappés. Derrière, on était environ 30 coureurs. Une pluie fine a commencé à tomber. On a fait la descente de la Croix de Fer dans un brouillard à couper au couteau. On ne voyait pas à 5 mètres. On a passé le Télégraphe et, dans lascension du Galibier, jai commencé à avoir froid. Malheureusement, les deux voitures de léquipe étaient loin. Au sommet, cétait carrément de la neige fondue et là, je me suis demandé comment jallais faire. Jai demandé un k-way ou un sac poubelle aux gens sur le bord de la route. Un espagnol ma donné un bidon de thé chaud et je me suis aspergé avec. Jai continué la descente mais, avec le froid, je mendormais sur le vélo. Un motard de la garde républicaine ma alors dit de me concentrer sur sa moto. Arrivé dans un des tunnels du Lautaret, le motard ma donné sa veste et jai fini la descente avec. Le soir, en rentrant, je me suis dit, ce nest pas possible, je ne peux pas faire de vélo comme ça. Comment vais-je faire pour repartir demain ? »
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