Rolland, gare à l'excès de pois
Il l’avait lui-même annoncé avant le Tour : le maillot à pois deviendra son ambition prioritaire si, et seulement si « ça ne se passe pas bien au classement général ». Mais Pierre Rolland, qui quittera la Corse en tête du classement des meilleurs grimpeurs, court pour l’instant comme si ce maillot, qui « petit, [le] faisait rêver », est toujours la plus belle tunique qui puisse être portée sur le Tour de France.
Sa capacité à briller au classement général est pourtant évidente : dixième et meilleur jeune en 2011 pour sa première participation, huitième l’année dernière, le grimpeur d’Europcar n’est pas qu’un formidable dompteur de col. C’est un coureur capable de chercher un podium à l’arrivée à Paris. Et cette année, leader logique et indiscutable de la formation de Jean-René Bernaudeau, c’est avec une équipe entière à sa merci qu’il a préparé le Tour.
Ne pas se tromper d'objectif
Pourtant, loin de s’économiser, Rolland se donne déjà à fond. Et s’en défend. « Sur le Tour, tout est très important », a-t-il expliqué à l’issue de la troisième étape. « Hier [dimanche], c’était une surprise d’avoir le maillot, mais une fois qu’on l’a, on n’a pas envie de le laisser… » Alors, quand il voit que Simon Clarke est sur le point de lui chiper ce beau maillot, il se fait porter par son coéquipier David Malacarne vers le sommet du col de Marsolino. Et puisqu’il se retrouve seul en tête, il roule, estimant que le retour de Chavanel pourrait lui offrir une improbable victoire d’étape.
« Ça ne va pas me tuer de faire un kilomètre et demi à bloc », assure-t-il pour justifier son attitude. Mais après s’être débloqué dimanche, était-il vraiment nécessaire faire le forcing pour les pois lundi ? Certes, Rolland estime – légitimement – qu’il pense pouvoir garder sans problème cette tunique pour les trois ou quatre prochaines étapes majoritairement plates. Certes, porter le maillot à pois sur le Tour est un « plaisir », comme il ne cesse de l’expliquer avec le sourire. Certes, la formation française, toujours à la recherche d’un sponsor, serait bien bête de refuser la moindre occasion de s’illustrer.
Mais sur le Tour, lorsqu’on se présente avec l’étiquette de favori ou de sérieux outsider, la gourmandise est un vilain défaut. Il faut savoir choisir ses moments. Et Rolland serait bien triste de s’en mordre les doigts dans les Pyrénées puis les Alpes. Sur les étapes qui comptent vraiment.
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