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Riblon en costaud, Contador neutralisé

Parti au kilomètre 19, Christophe Riblon a réalisé une étape parfaite pour s’imposer à Ax-3-Domaines après avoir dompté le Port de Pailhères. Le pistard français a résisté aux assauts du peloton. Dans la course des leaders, Andy Schleck a neutralisé Alberto Contador dont les attaques ont été inoffensives. La grande bataille des Pyrénées n'a pas encore eu lieu. Le Luxembourgeois conserve 31 secondes d'avance sur l'Espagnol.
Article rédigé par franceinfo
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Christophe Riblon

Un scenario très classique pour cette la première étape des Pyrénées: de la chaleur, des cols terribles, des coureurs motivés. L’étape se jouait en deux temps. Dès les premiers kilomètres, les attaques se sont multipliées. Au km 24, 9 coureurs, dont cinq français Riblon (Ag2r), Rolland (BBox), Moinard et Augé (Cofidis), Vaugrenard (FdJ), ont réussi à prendre la bonne échappée du jour qui a pris très vite 10 minutes d'avance. Pas plus car le peloton, mené par la Rabobank et Astana, a imprimé un tempo rapide pour stabiliser l’écart. En ordre de marche, l’équipe d’Alberto Contador a contrôlé parfaitement la course dans la partie roulante et grignotait peu à peu l’avance de l’échappée, moins de 4 minutes à l’entrée de la première montée. 

Tout au long de l’ascension de 15,5 kilomètres à 7,9% de pente moyenne mais avec plusieurs portions entre 9% et 10,5%, le train kazakh gérait ses efforts pour imprimer un tempo régulier qui dynamitait le peloton dont le meilleur français au classement général (21e) Damien Monier (Cofidis) puis Lance Amstrong (RadioShack) qui a finalement terminé à plus de 15 minutes, Cadel Evans (BMC)... La tactique, simple au prime abord, a été claire: étouffer la Saxo Bank pour isoler le plus vite possible Andy Schleck. Gagné. Mais, comme l’avait annoncé son directeur sportif Yvon Sanquer le matin même, Contador a pris simplement le pouls de son rival luxembourgeois. Inhabituellement en queue de peloton en signe de non-agression, les deux premiers n'ont pas voulu s’attaquer dans cette montée. Dommage. Devant, Augé et Vaugrenard ont lâché très vite prise. Les autres ont suivi. En tête, Riblon est passé seul en tête du col. En contre, Valls (Footon), Sastre (Cervelo) ou Kirienka (Caisse d’épargne) sont sorti tour à tour du peloton. Le maillot à pois Charteau (Bbox) est allé chercher huit points précieux dans le classement de la montagne.

Après une descente technique, la montée finale vers le plateau de Bonascre, classée en première catégorie (7,8 kilomètres à 8,2%), courte mais nerveuse, a permis de poursuivre le travail de sape des Astana. Contador a encore jaugé Schleck dans les premières parties de la montée, Vinokourov et Navarro ont fait sauter la concurrence. Connu pour ses qualités d’explosivité, le double vainqueur du Tour a placé des attaques pour tester le maillot jaune. En vain, les deux premiers se sont lancés dans un jeu de piste : Contador devant, Schleck dans la roue. Devant tant d’attentisme, Menchov (Rabobank) et Sanchez (Caisse d’épargne) ont pris la poudre d’escampette. Au jeu du chat et de la souris, le maillot jaune a remporté une bataille. Le marquage à la culotte de Schleck a neutralisé Contador, découragé et incapable d'attaquer une troisième fois. La stratégie stérile de double vainqueur du Tour a profité à Riblon qui conservait son avance malgré la souffrance et la fatigue. En costaud, le Francilien d’Ag2r a serré les dents pour s’offrir la victoire d'étape. La plus belle de ce pistard de 29 ans, sélectionné pour les JO de Pékin et double vice-champion du monde de la course aux points. La quatrième des Français sur le Tour. 

Riblon: "Un grand moment d'émotion"
Q: Comment s'est passée la montée finale avec les favoris en poursuite  derrière vous?
R: "Quand on est devant pour la gagne, on se transcende. Le plus incroyable,  c'est le public sur le bord de la route qui n'arrête pas de crier +c'est bon,  c'est bon...+ Mais j'ai refusé de me dire que c'était gagné avant le dernier  kilomètre. Je voulais avoir la ligne d'arrivée en point de mire. Je ne voulais  pas voir un mec débarquer de l'arrière même si je savais qu'avec les voitures  (officielles) derrière moi, ça voulait dire que j'avais de l'avance."
      
Q: Vous étiez déçu de votre début du Tour...
R: "Mais je n'étais pas au bord de l'abandon quand même... Je suis un  coureur qui se bat et qui y croit toujours. Au départ, je m'étais fixé des  ambitions au classement général. Mais, dans ces quinze premiers jours, je n'ai  pas eu de très bonnes sensations. Les trois derniers jours ont été un supplice  pour moi, c'était très difficile. Hier (samedi) soir, j'étais déçu de moi, de ma  performance. Je ne voulais pas faire un Tour comme ça. On a parlé avec Vincent  (Lavenu, son directeur sportif, ndlr) et Julien (Jurdie). Je suis un coureur qui  récupère bien, qui a la +gnaque+. Les troisièmes semaines me réussissent bien.  Mais, hier soir, je n'aurais pas mis un euro sur moi. C'est aussi ça, le vélo,  on a des jours avec et des jours sans..."
      
Q: Comment réussissez-vous à concilier la piste et la route?
R: "Je suis licencié depuis que j'ai six ans et j'ai toujours fait de la  piste, ça fait partie de mon bagage. J'ai la chance que l'équipe AG2R La  Mondiale me laisse faire les deux. C'est comme ça que je conçois ma carrière. Je  suis en train de prouver que l'on peut concilier les deux, ça se passe très  bien, avec une équipe qui me laisse gérer mon programme de courses et  d'entraînement. Je ne fais pas de la piste juste pour en faire, mais pour  chercher les médailles et des titres mondiaux. Quand j'étais petit et que devais  faire des voeux, l'un d'eux était de devenir professionnel et de réussir une  grande carrière. J'en fais une honorable, je garnis tout doucement mon palmarès.  Ici, j'ai vécu un grand moment d'émotion. J'en rêve depuis plus de vingt ans!"

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