Prudhomme: "Une course étincelante"
Q: Quel regard portez-vous sur ce Tour ?
R: "Nous avons vécu un Tour formidablement dense, avec de l'émotion, du suspens, des joies, des larmes, de la passion, de l'enthousiasme. J'aime que l'on ait un vainqueur qui est présent de mars à octobre, tout au long de la saison. Dans le Tour, il était présent derrière Philippe Gilbert au Mont des Alouettes, il a gagné à Mûr-de-Bretagne, au cours de la première semaine à laquelle nous avions prêté un soin tout particulier. Cette étape était faite pour les leaders, je n'imaginais pas que son vainqueur soit le vainqueur à Paris, c'est un symbole de ce qu'on veut faire avec le parcours du Tour."
Q: Que pensez-vous de Cadel Evans ?
R: "C'est la récompense d'une longue et belle carrière pour quelqu'un qui a parfaitement préparé le Tour. Contrairement aux frères Schleck, il était là pour le Critérium du Dauphiné, il connaissait mètre par mètre le parcours du contre-la-montre, il a tiré des leçons de l'année dernière quand il avait fait le Giro et le Tour. Il n'a pas laissé passer sa chance."
Q: Est-ce une victoire symbolique ?
R: "Oui, elle symbolise l'internationalisation du cyclisme. C'est le premier vainqueur australien, c'est aussi le premier vainqueur de l'hémisphère sud, qui vient du VTT aussi. Pour moi, l'avenir du vélo est double: faire le lien entre la bicylette de monsieur ou madame tout le monde et le vélo de compétition, et ensuite retrouver des champions qui sont là de mars à octobre. Le Tour de France est une locomotive, une chance pour le cyclisme mais il ne doit pas être l'obsession unique des leaders, il doit s'inscrire dans une saison, un feuilleton."
Q: Quels enseignements tirez-vous pour les parcours des prochains Tours ?
R: "Il n'y a pas de dogme, je le répète. On me dit que le parcours est formidable. Mais il faut savoir que le parcours est étudié chaque année avec la plus extrême attention. Il dépend après de ce que les champions en font. Ce qui rend l'étape du Galibier exceptionnelle, c'est le fait qu'Andy Schleck attaque à 62 kilomètres de l'arrivée."
Q: Une arrivée mémorable...
R: "En 2007, on nous avait volé l'arrivée au sommet de l'Aubisque avec l'affaire Rasmussen. En 2009, le Ventoux était un extraordinaire succès populaire mais, dans la course, il n'y avait rien eu. En 2010, il y avait eu un mach nul de très haut niveau dans le brouillard au Tourmalet entre Alberto Contador et Andy Schleck. Là, on a eu une course étincelante grâce aux champions, dans des paysages magnifiques. Les coureurs se sont mis au diapason et je leur en suis reconnaissant. Pour la première des quatre fois où nous avons fait ce type d'arrivée emblématique, tout était réuni. Mais le boulot est le même à chaque fois."
Q: Au-delà de la course, le Tour semble à la limite de l'explosion, par son gigantisme...
R: "On ne doit pas être dépassé par notre propre succès. Le Tour est un géant. (sur les embouteillages) C'est un tel succès que lorsqu'il y a une seule route, on ne sait plus quoi faire."
Q: Ce paramètre doit-il être pris en compte au moment d'établir le parcours ?
R: "Tous les paramètres sont pris en compte. Mais il y a tellement de contraintes qu'à un moment, il n'y en a plus. La seule chose qui compte, c'est qu'on aille là où le sport nous guide."
Q: En somme, l'intendance suivra...
R: "Elle suit déjà ! L'arrivée au Galibier est impossible si l'intendance ne suit pas. C'est quelque chose qui ne s'était jamais fait. Il y a l'exploit des coureurs et l'exploit derrière de l'organisation du Tour, des partenaires, des prestataires. Sans eux, sans les élus et les services de l'Etat, on ne fait rien. Ce qui fait plaisir, c'est que le Tour fédère."
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