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Prudhomme : «Une course difficile mais un dimanche idéal »

Avant de donner, dimanche, le départ de la 109e édition de Paris-Roubaix, Christian Prudhomme, le directeur de la course, a accepté de nous parler de ses favoris, du tracé de l’épreuve et du mythe Paris-Roubaix qui, cette année, devrait se dérouler dans des conditions estivales.
Article rédigé par franceinfo
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Christian Prudhomme

La 109e édition de Paris-Roubaix devrait se courir cette année sous un franc soleil. A quelle course peut-on s’attendre ?
Cela fait dix ans qu’il n’a pas plu sur Paris-Roubaix. La dernière édition pluvieuse, c’était en 2001 avec la victoire du néerlandais Servais Knaven. Cette année, les conditions vont être carrément estivales comme en 2007 lors de la victoire de Stuart O’Grady. Contrairement à ce qu’on peut imaginer, c’est parfois bien plus difficile pour les coureurs quand il ne pleut pas car ça roule beaucoup plus vite et il y a énormément de poussière. Ils finiront donc tous avec le fameux masque même s’il ne sera pas de boue. On peut donc s’attendre à une course dure mais pour les spectateurs ce sera clairement un dimanche idéal.

Qui est en mesure de battre le Suisse Fabian Cancellara, tenant du titre ?
Cancellera est le grand favori et peut-être encore plus après sa prestation dans le Tour des Flandres. Même si contre toute attente il ne l’a pas gagné. Tom Boonen (Quick Step) peut le battre. Thor Hushovd (Garmin-Cervélo) aussi. Il a déjà fait troisième et deuxième. Le soir même de son titre de champion du monde, il a dit que son obsession c’est Paris-Roubaix et qu’il veut gagner ici avec le maillot arc-en-ciel. Il serait alors le premier coureur depuis Bernard Hinault en 1981 à triompher à Roubaix avec ce maillot sur les épaules. Sylvain Chavanel (Quick step) a lui aussi les moyens de battre Cancellara. Il y a deux ans, après un très bon Tour des Flandres, il avait fini 8e de Paris-Roubaix. Cette année, il a fait un excellent Tour des Flandres même si la victoire lui a échappé. Il devrait donc répondre présent. Et puis, il ne faut pas oublier les vieux guerriers comme Juan Antonio Flecha (Sky) qui peut devenir le premier Espagnol à s’imposer dans cette course. Enfin, chez les jeunes, il faudra garder un œil sur le Britannique Geraint Thomas (Sky) qui a gagné Paris-Roubaix chez les juniors et qui était dans le groupe de tête en juillet dernier quand le Tour de France est passé sur les pavés.

Qu’est-ce que Paris-Roubaix a de plus que les autres courses ?
Cette course est totalement hors du temps. Et c’est parce qu’elle est hors du temps qu’elle ne sacrifie pas aux effets de mode. On le dit pour le Tour de France mais c’est aussi vrai pour Paris-Roubaix : c’est plus que du cyclisme. C’est la reine des classiques et il n’y a pas d’équivalent. De cette course, c’est forcément un champion qui sort. En 2001, tous les favoris avaient attaqué et, tout à coups, un coureur était sorti. C’était Servais Knaven, champion des Pays-Bas mais qui n’avait pas le palmarès des autres prétendants. Je me souviens, le lendemain du dessin dans l’Equipe. Il disait : « Qui c’est celui-là ? S’il a gagné, c’est forcément un grand. » Paris-roubaix, c’est exactement ça.

Comme tous les ans, le parcours a été un peu modifié. Parlez-nous de celui de cette nouvelle édition.
Il y a effectivement des ajustements de parcours, c’est indispensable. C'est Jean-François Pécheux qui s’en charge. Il y a une cinquantaine de kilomètres pavés au programme chaque année sur environ 75 km disponibles. C’est important de varier les plaisirs pour la course. Selon moi, les équipes s’habituent très vite, peut-être même trop vite, au parcours. Il faut donc pouvoir changer les choses pour ne pas être dans une course chloroformée qui deviendrait lassante. Les changements de cette année me plaisent beaucoup, notamment le rapprochement de la trouée d’Aremberg de la ligne d’arrivée. Du coup, il n’y a plus de temps mort avec une douzaine de kilomètres sans pavé mais un nouveau secteur pavé 4km plus loin, Millonfosse, qui est très beau, très bucolique. Avec ce tracé, une prise de position dans Aremberg sera encore plus déterminante que les années précédentes.

Quel est votre plus grand souvenir de Paris-Roubaix ?
Ce n’est pas une victoire. C’est le dernier Paris-Roubaix de Raymond Poulidor en 1977. Il avait fait la une de Cyclisme Magazine. On le voyait avec le bras levé tenant la roue après sa énième crevaison. Et puis, je garde aussi en souvenir Roger De Vlaeminck, alias le Gitan, qui a gagné Paris-Roubaix quatre fois. Il est le seul à y avoir obtenu autant de victoires. Il savait parfaitement aller sur le haut du pavé et c’était vraiment magique. Car c’est dur d’y aller et encore plus dur d’y rester. 

Isabelle  TRANCOEN

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