Prudhomme : «Une course difficile mais un dimanche idéal »
La 109e édition de Paris-Roubaix devrait se courir cette année sous un franc soleil. A quelle course peut-on sattendre ?
Cela fait dix ans quil na pas plu sur Paris-Roubaix. La dernière édition pluvieuse, cétait en 2001 avec la victoire du néerlandais Servais Knaven. Cette année, les conditions vont être carrément estivales comme en 2007 lors de la victoire de Stuart OGrady. Contrairement à ce quon peut imaginer, cest parfois bien plus difficile pour les coureurs quand il ne pleut pas car ça roule beaucoup plus vite et il y a énormément de poussière. Ils finiront donc tous avec le fameux masque même sil ne sera pas de boue. On peut donc sattendre à une course dure mais pour les spectateurs ce sera clairement un dimanche idéal.
Qui est en mesure de battre le Suisse Fabian Cancellara, tenant du titre ?
Cancellera est le grand favori et peut-être encore plus après sa prestation dans le Tour des Flandres. Même si contre toute attente il ne la pas gagné. Tom Boonen (Quick Step) peut le battre. Thor Hushovd (Garmin-Cervélo) aussi. Il a déjà fait troisième et deuxième. Le soir même de son titre de champion du monde, il a dit que son obsession cest Paris-Roubaix et quil veut gagner ici avec le maillot arc-en-ciel. Il serait alors le premier coureur depuis Bernard Hinault en 1981 à triompher à Roubaix avec ce maillot sur les épaules. Sylvain Chavanel (Quick step) a lui aussi les moyens de battre Cancellara. Il y a deux ans, après un très bon Tour des Flandres, il avait fini 8e de Paris-Roubaix. Cette année, il a fait un excellent Tour des Flandres même si la victoire lui a échappé. Il devrait donc répondre présent. Et puis, il ne faut pas oublier les vieux guerriers comme Juan Antonio Flecha (Sky) qui peut devenir le premier Espagnol à simposer dans cette course. Enfin, chez les jeunes, il faudra garder un il sur le Britannique Geraint Thomas (Sky) qui a gagné Paris-Roubaix chez les juniors et qui était dans le groupe de tête en juillet dernier quand le Tour de France est passé sur les pavés.
Quest-ce que Paris-Roubaix a de plus que les autres courses ?
Cette course est totalement hors du temps. Et cest parce quelle est hors du temps quelle ne sacrifie pas aux effets de mode. On le dit pour le Tour de France mais cest aussi vrai pour Paris-Roubaix : cest plus que du cyclisme. Cest la reine des classiques et il ny a pas déquivalent. De cette course, cest forcément un champion qui sort. En 2001, tous les favoris avaient attaqué et, tout à coups, un coureur était sorti. Cétait Servais Knaven, champion des Pays-Bas mais qui navait pas le palmarès des autres prétendants. Je me souviens, le lendemain du dessin dans lEquipe. Il disait : « Qui cest celui-là ? Sil a gagné, cest forcément un grand. » Paris-roubaix, cest exactement ça.
Comme tous les ans, le parcours a été un peu modifié. Parlez-nous de celui de cette nouvelle édition.
Il y a effectivement des ajustements de parcours, cest indispensable. C'est Jean-François Pécheux qui sen charge. Il y a une cinquantaine de kilomètres pavés au programme chaque année sur environ 75 km disponibles. Cest important de varier les plaisirs pour la course. Selon moi, les équipes shabituent très vite, peut-être même trop vite, au parcours. Il faut donc pouvoir changer les choses pour ne pas être dans une course chloroformée qui deviendrait lassante. Les changements de cette année me plaisent beaucoup, notamment le rapprochement de la trouée dAremberg de la ligne darrivée. Du coup, il ny a plus de temps mort avec une douzaine de kilomètres sans pavé mais un nouveau secteur pavé 4km plus loin, Millonfosse, qui est très beau, très bucolique. Avec ce tracé, une prise de position dans Aremberg sera encore plus déterminante que les années précédentes.
Quel est votre plus grand souvenir de Paris-Roubaix ?
Ce nest pas une victoire. Cest le dernier Paris-Roubaix de Raymond Poulidor en 1977. Il avait fait la une de Cyclisme Magazine. On le voyait avec le bras levé tenant la roue après sa énième crevaison. Et puis, je garde aussi en souvenir Roger De Vlaeminck, alias le Gitan, qui a gagné Paris-Roubaix quatre fois. Il est le seul à y avoir obtenu autant de victoires. Il savait parfaitement aller sur le haut du pavé et cétait vraiment magique. Car cest dur dy aller et encore plus dur dy rester.
Isabelle TRANCOEN
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