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Paris-Roubaix : entre excitation et appréhension, les coureuses s’apprêtent à rouler sur un monument

Cent trente-deux coureuses prennent le départ du premier Paris-Roubaix féminin de l'histoire, samedi, 125 ans après la première édition de "l'Enfer du Nord".

Article rédigé par Hortense Leblanc, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Les coureuses du premier Paris-Roubaix féminin ont enchaîné les reconnaissances pour se familiariser avec les pavés de "l'Enfer du Nord". (DAVID STOCKMAN / BELGA MAG)

Après une annulation en 2020, puis un report cette année, la première édition du Paris-Roubaix féminin a enfin lieu, samedi 2 octobre. Les coureuses se départageront sur 116 kilomètres et 17 secteurs pavés entre Denain et le vélodrome de Roubaix. Du vent et de la pluie sont attendus, de quoi rendre cette édition encore plus spectaculaire pour le public et difficile pour les coureuses. 

"Pour moi, c’est la classique la plus mythique qui existe, celle qui représente vraiment le métier de coureur cycliste, de guerrier et l’esprit qu’il faut avoir quand on pratique ce sport. C'est vraiment la course que toute coureuse de classiques veut gagner dans sa vie", décrit la vice-championne de France 2021, Audrey Cordon-Ragot, avant de participer à son premier Paris-Roubaix. Avec les 131 autres coureuses du peloton, elles affronteront 17 secteurs pavés : "On passe par le Carrefour de l’Arbre, c’est le plus mythique. C’est génial de se dire que nous, les femmes, on y a notre place", se réjouit Gladys Verhulst (Arkea), troisième aux derniers championnats de France.

India Grangier (Stade Rochelais-Charente Maritime), championne de France Espoir, a davantage d’appréhension : "Je ne pensais pas faire cette course un jour, mais en même temps ça me fait peur. On se dit que ça va être super excitant mais peut-être que sur le vélo ça sera moins drôle". Les prévisions météo annoncent du vent et de la pluie, qui devraient rendre les pavés glissants. "Je pense que le corps humain et nos vélos ne sont pas faits pour ça. Mais c’est ce qui fait la beauté de cette épreuve mythique. C'est dans ces conditions là que les légendes s’écrivent et je pense que les filles sont prêtes à écrire une nouvelle page de Paris-Roubaix", assure Stephen Delcourt, le manager de l’équipe FDJ-Nouvelle-Aquitaine-Futuroscope. 

Des repères à trouver sur les pavés

Depuis plusieurs jours, les coureuses se succèdent sur les pavés pour reconnaître le parcours de leur Paris-Roubaix, qui partira de Denain. "C’est une course qu’on ne connaît pas du tout, on n’a pas de repères comme on peut en avoir sur un Tour des Flandres ou un Het Nieuwsblad", explique Audrey Cordon-Ragot.

La FDJ-Nouvelle-Aquitaine-Futuroscope a repéré l’intégralité du parcours deux fois, avant de se concentrer sur les secteurs pavés. "Les filles sont au courant de la dureté de l’épreuve pour les mains et les avant-bras. Elles ont enchaîné beaucoup de soins avec les ostéopathes et les kinés après les reconnaissances. C’est la seule course où on peut parler de traumatisme tout de suite, avec les vibrations et les brûlures, ça touche l’être dans la chair et il faut être capable de repousser ses limites. En plus, la course a lieu en fin de saison, en année olympique, donc les organismes sont encore plus fatigués", note Stephen Delcourt. 

Il faut s’apprêter à aller à la guerre contre les autres et contre soi-même pour arriver jusqu’à Roubaix.

Stephen Delcourt

à franceinfo:sport

Audrey Cordon-Ragot a profité des reconnaissances pour s’adapter à un nouveau vélo, spécial Roubaix, mis à disposition par son équipe (Trek-Segafredo) : "Ça nous a permis de l'essayer, de tester la pression des pneus et évidemment de connaître les secteurs et les pièges". Les mécaniciens des différentes formations seront très sollicités : "Il faut prévoir de casser du matériel, adapter les pneus. Il faut avoir confiance en son mécano encore plus que sur les autres courses", affirme India Grangier.

Une étape supplémentaire dans le développement du cyclisme féminin

Bien préparées, les 132 coureuses prendront donc le départ samedi 2 octobre, 125 ans après la première édition du Paris-Roubaix masculin. "Il a fallu du temps avant que les organisateurs se rendent compte qu'on en était capables. On est aussi plus souvent diffusées à la télévision, les organisateurs peuvent davantage voir nos courses et ils se sont bien rendus compte qu'on était en capacité", note Audrey Cordon-Ragot, qui aurait dû participer à la course avec le maillot bleu-blanc-rouge de championne de France si elle n’avait pas été reportée d’avril à octobre. 

Alors que les organisateurs de la Flèche Wallonne avaient été des précurseurs en organisant la première édition féminine de la course en 1998 et que Liège-Bastogne-Liège dispose de sa version féminine depuis 2017, la création d’un Paris-Roubaix féminin est une étape supplémentaire dans le développement du cyclisme pratiqué par les femmes. "J’imagine qu’il y aura beaucoup de public, ça va nous pousser. On va être médiatisées et c’est vraiment important de nous faire connaître", témoigne Gladys Verhulst. Peu importe la difficulté et les conditions météorologiques, les coureuses donneront leur maximum pour mettre en valeur leur sport sur les pavés de l’Enfer du Nord. 

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