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Arnaud Démare : "L’objectif, c’est Paris-Roubaix"

Après avoir enchaîné 15 succès l’an passé, Arnaud Démare (23 ans) compte privilégier "la qualité à la quantité" cette saison, qu’il débute ce dimanche au Tour du Qatar. Seul chef de file du sprint à la FDJ depuis le débat de Nacer Bouhanni, le Nordiste rêve surtout de lever un jour les bras à Roubaix, et se donne les moyens de ses ambitions. Entretien.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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La joie d'Arnaud Démare  (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

- Autour de quel(s) objectif(s) va être axée votre saison 2015? 
Mes ambitions grandissent et je me projette davantage sur le long-terme, mais l’objectif, c’est Paris-Roubaix. Si un jour, je dois gagner une classique, c’est celle-ci. Je ne vais pas vous le cacher : quand je pars à l’entraînement et que j’en ‘chie’ sur mon home-trainer ou sur la route, j’imagine que la porte de mon garage, c’est le Vélodrome de Roubaix. J’ai vraiment envie de pouvoir gagner cette course un jour. Ça ne sera peut-être pas encore cette année, ni la prochaine, mais ça reste mon objectif ultime, mon rêve.

- Que change le départ de Nacer Bouhanni?
Ça ne va pas changer grand-chose pour moi. Mon programme d’entraînement est resté le même. Nacer a fait un choix sportif. Il était adversaire au sein de la FDJ, il sera adversaire cette année chez Cofidis. Il voudra gagner, moi aussi, donc il va encore y avoir de beaux sprints entre nous cette saison.

- Quel sera votre programme de début de saison?
Tour du Qatar, Tour d’Oman, Het Nieuwsblad, Paris-Nice, puis enchaînement des classiques avec Milan San-Remo, Gand-Wevelgem, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.

"Je ne peux plus dire que j'apprends"

- Vous sentez-vous encore loin des meilleurs sprinteurs étrangers ?
L’an passé, je n'avais pas encore fait le Tour de France et je ne pouvais pas trop juger, mais aujourd’hui, je ne peux plus dire que j’apprends. C’est ma quatrième année. J’ai autant ma place que d’autres sprinteurs comme André Greipel, Mark Cavendish, John Degenkolb ou Marcel Kittel. Il me manque juste encore un peu de force et de maturité, mais je dois montrer que je peux les battre régulièrement.

- Finalement, il ne vous manque plus qu'une victoire de renom...
Je considère que je l’ai eu d’entrée de jeu au Grand Prix de Hambourg, en 2012. Maintenant, oui, il faut que je récidive le plus souvent possible, que je me canalise davantage, de façon à atteindre mon pic de forme au bon moment.

- Seul André Greipel a gagné plus de courses (16) que vous (15) l'an passé...
Peu de coureurs peuvent se targuer d’avoir été aussi prolifiques en 2014. Quinze victoires c’est déjà une énorme satisfaction. Il n’y a pas de gros succès de renom dans l’épuisette, mais il y a tout de même le Championnat de France et quelques places de prestige, comme à Gand-Wevelgem (2e) ou sur le Tour de France (deux podiums, ndlr). J’espère continuer à ‘scorer’ cette saison.

"Je le sens, il y a quelque chose de nouveau"

- Vous sentez-vous plus fort physiquement, après avoir terminé un grand Tour ?
Oui, clairement. J’ai gagné en force, en puissance. C’était un Tour difficile, j’ai vraiment souffert pendant trois semaines. Je ne pensais pas être à ce point dans le dur. Peut-être que j’avais aussi fait trop de courses au mois de mai. En août, j’avais senti une grosse fatigue, et ce n’était revenu qu’au mois de septembre où j’avais lancé une fin de saison exceptionnelle avec l’Eurométropole Tour notamment. Même depuis la reprise, ces dernières semaines, je le sens : il y a quelque chose de nouveau.

- Comment s'est déroulée votre préparation cet hiver?
J’ai fait un peu moins de cyclocross mais je n’ai pas modifié mon programme d’entraînement. Mon hiver était aussi bon, voire mieux que l’an passé. On est parti deux fois en Espagne avec l’équipe. J’ai senti que le fait de travailler au chaud me permettait de récupérer mieux ; peut-être cela me fera-t-il passer un cap plus rapidement cette saison.

- Comment appréhendez-vous le Tour du Qatar, que vous débutez ce dimanche?
C’est une course de préparation, mais comme à chaque fois que je prends le départ d’une course, même à 80 ou 90% de mes capacités, j’ai envie de la gagner… J’ai pu le faire l’an passé et il y a deux ans, j’y vais avec le même état d’esprit. Dans la tête, je suis prêt.

- Privilégier la qualité à la quantité, n'est-ce pas l'étape ultime du développement d'un coureur cycliste de votre âge?
C'est vrai que je vais faire l’impasse sur des courses que j’ai gagnées l’année dernière. Cela me fera autant d’occasions de victoires en moins, mais cela me permettra surtout d’avoir davantage de fraîcheur sur les courses de renom. Même si j’affectionne les Quatre Jours de Dunkerque ou le Tour de Picardie, ce sont des courses sur lesquelles je n’ai plus rien à prouver. Je veux aussi laisser la place à des jeunes comme Marc Sarreau, et me concentrer sur d’autres objectifs.

- Avez-vous déjà commencé à transmettre votre expérience aux nouveaux jeunes sprinteurs de l'équipe?
Je vois qu’ils m’observent quand je fais des sprints, quand je mange, quand je me prépare… Ils veulent apprendre et ils le font vite. (Marc) Sarreau, (Lorrenzo) Manzin, ils ont envie de réussir, ils écoutent bien. Quand on leur dit quelque chose, on n’a pas besoin de leur répéter trois fois, ils savent que c’est pour leur bien. Je suis là pour les aider.

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