Paris-Nice 2023 : quatre questions autour du format inédit qui va dépoussiérer le contre-la-montre par équipes
C'est la curiosité des huit jours de course. Pour la première fois depuis trente ans, Paris-Nice propose un contre-la-montre par équipes, mardi 7 mars, à l'occasion de la troisième étape, longue de 32,2 kilomètres autour de Dampierre-en-Burly. En plus d'être une occasion rare, cette épreuve sera disputée avec une toute nouvelle règle, testée pour l'occasion pour la première fois en course. Franceinfo: sport vous explique pourquoi ce détail du règlement pourrait finalement changer beaucoup de choses.
1 Quelle est la règle classique ?
Sur un contre-la-montre par équipes classique, le temps de l'équipe sur l'étape est pris au passage sur la ligne du quatrième coureur sur les sept de l'équipe. Ce format oblige donc les équipes à trouver une vitesse moyenne qui permet à (au moins) quatre coureurs de franchir la ligne ensemble. Si une formation roule trop vite, elle peut rapidement perdre en route les éléments plus faibles dans l'exercice. Et si le quatrième coureur, lâché, se retrouve esseulé, le retard à l'arrivée peut être important pour toute l'équipe, malgré trois coureurs arrivés bien en amont.
2 Quelle est la nouvelle règle sur Paris-Nice ?
Pour cette édition de Paris-Nice, l'organisateur a voulu innover, en modifiant la règle pour créer un "chrono individuel couru par équipes". Mardi, le chronomètre ne s'arrêtera pas au moment où le 4e coureur d'une équipe franchira la ligne, comme le veut la règle habituelle, mais au passage du premier.
Pour faire simple, pour la victoire d'étape, le temps de chaque équipe sera pris sur le premier coureur, qui peut très bien franchir la ligne seul. En revanche, pour le classement général, les temps réalisés par chaque coureur seront, eux, conservés individuellement.
3 Quels changements pour les équipes ?
D'ordinaire, la stratégie est la même pour toutes les équipes dans cette épreuve : amener quatre coureurs le plus rapidement possible à l'arrivée, et si possible son leader au général. Avec cette nouvelle règle, un leader d'équipe qui excelle en contre-la-montre, comme Tadej Pogacar ou Jonas Vingegaard, pourrait finir l'étape seul afin de grappiller de précieuses dizaines de secondes. "On peut imaginer qu'à un kilomètre de l'arrivée, il n'y ait plus que deux coureurs d'une équipe et que l'un d'eux lance son leader pour finir au sprint. Ce sera intéressant de voir quelle tactique les équipes vont adopter", explique à l'AFP le directeur de course François Lemarchand.
Conséquence : les formations qui disposent d'un leader très bon dans l'exercice en plus d'un excellent coéquipier rouleur, devraient être avantagées, puisqu'un ou deux coureurs pourront finir très fort l'étape sans se soucier d'où se classe le quatrième. "On est souvent obligé de garder le 5e coureur jusqu’aux abords du final en cas de problème avec le 4e, donc on peut être tenté de freiner pour assurer le coup. Alors que là, tant que le leader est en capacité de suivre, on ne le freinera pas, puisqu'ils peuvent arriver à deux ou trois sur la ligne", observe Philippe Mauduit, directeur sportif chez Groupama-FDJ.
4 Quel impact sur la course ?
Ce petit détail peut donc avoir son importance pour faire les comptes entre les favoris à l'arrivée à Nice, alors que la victoire finale s'est toujours jouée à moins de 40 secondes depuis 2013. Mais peut-il vraiment faire basculer la course ? "C’est un changement négligeable, avance Philippe Mauduit. Il y aura peu d’écart, les meilleures équipes vont être resserrées en une trentaine de secondes. Je ne pense pas que Paris-Nice se jouera sur le chrono par équipes. La montagne est suffisamment dure pour creuser des écarts."
Le parcours de 32,2 km, avec de longues lignes droites rapides "où les coureurs vont prendre beaucoup de vitesse", selon Philippe Mauduit, pourrait empêcher cette nouvelle mouture d'accoucher d'une vraie révolution. "Si ça avait été une arrivée en haut d’une côte de 4 km, ça aurait été différent. Là, ça reste un chrono plat : un coureur seul ira toujours moins vite que trois ou quatre coureurs lancés."
Alors, quel intérêt pour l'organisateur ASO de tenter cette nouvelle règle ? "Ça nous permet d'éviter peut-être de voir l'équipe qui gagne le chrono placer plusieurs coureurs en tête du classement général", avance François Lemarchand à l'AFP. "Ça peut apporter un attrait car les équipes peuvent avoir des stratégies très différentes en fonction de leurs propres objectifs. Rien que chez Groupama-FDJ, on peut imaginer quatre scénarios en fonction de ce qui s’est passé les premiers jours, qui sont très piégeux. Cela peut intéresser le public de voir plein de scénarios différents", conclut Philippe Mauduit.
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