Nacer Bouhanni, un puncheur qui arrive à "poing"
Lanecdote fait encore sourire Marc Madiot. Nous sommes le 24 avril 2011. A larrivée de la première étape du Tour de Turquie, Nacer Bouhanni joue le sprint. Dans la roue de Farrar, le jeune coureur de la FDJ saccroche à sa position malgré la pression exercée par un certain Alessandro Petacchi. Furieux de voir que le jeune effronté ne le laisse pas passer, Petacchi lui a asséné un coup de poing dans le dos, un geste qui lui coûtera 200 francs suisses, et une minute de pénalité. Madiot précise que le coureur italien qui aurait appris que Bouhanni maîtrisait le noble art, se serait empressé de venir sexcuser pour son geste. Depuis, le natif dEpinal est vu différemment dans le peloton, et ce nest pas plus mal avant daborder chaque sprint.
« Petit par la taille, grand par le tempérament », dit de lui Marc Madiot. « Il nhésite pas à se frotter aux plus costauds des sprinteurs, comme avec lépisode Petacchi ( ). Cest un garçon qui sait se faire respecter, et qui de belles qualités de sprinter », affirme le manager de la FDJ. Dès sa première année chez les pros, le coureur dorigine algérienne a obtenu des résultats convaincants, avec notamment une première victoire dans la Tropical Amissa Bongo.
Un ancien gendarme, fan de Mike Tyson
Le parcours de ce sprinteur pur jus est plutôt atypique. Pendant plus de deux ans, Bouhanni était Gendarme Adjoint Volontaire au Groupement des Vosges à Epinal. Il bénéficiait alors dun planning aménagé pour suivre les entraînements. Au sein de larmée, Bouhanni a accumulé de lexpérience et appris à tempérer ses ardeurs. Mais cest surtout par le biais de la boxe quil a le plus appris. Son idole nest pas un coureur cycliste, mais un boxeur. Et non des moindres, puisquil sagit de Mike Tyson. Ce goût pour le cyclisme et la boxe lui vient de son père. Et sil a finalement préféré la Petite Reine aux Gants de boxe, cest parce que tout simplement il a très vite commencé à gagner des courses. « Mon père était boxeur étant jeune. Jai toujours fait de la boxe, tous les hivers. Je me suis mis au vélo à lâge de six ans, et jai commencé à gagner des courses, cest surtout le fait de gagner qui ma décidé à me tourner vers le vélo », raconte-t-il.
« Avant jétais plus impulsif, maintenant, grâce à la boxe, jarrive à garder mes nerfs, intérioriser. Contrairement à ce que lon peut croire, avec les sports de combats il y a une véritable maîtrise de soi », explique-t-il. La boxe lui sert énormément, que ce soit sur un plan mental ou physique. « Au niveau du rythme, cardio, on travaille très haut, la boxe est un des sports les plus durs avec le cyclisme », indique le protégé de Marc Madiot qui utilise même la boxe anglaise dans ses préparations hivernales. « Ce qui est dur avec la boxe, cest que non seulement cest dur physiquement, mais en plus on reçoit des coups. Cela ma apporté beaucoup à tous les niveaux. »
Outre son goût pour la boxe, le jeune homme sait que sa présence dans le peloton est également remarquée de par ses origines. « Il est vrai que nous ne sommes pas beaucoup de maghrébins dans le vélo, et cela sexplique par le coût élevé de ce sport », regrette Bouhanni. Désormais, il sait quil peut faire naître des vocations et se concentre sur sa carrière. Son discours est sobre, mais lenvie de bien faire est présente. « Mon objectif cette année cest de gagner des courses. Peu importe laquelle, cest toujours bien de gagner », estime le jeune champion qui na plus quun rêve, celui de participer à un Tour de France dans les prochaines années.
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