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Les coureurs ne sont pas des robots

Si Thibaut Pinot avait respecté les consignes de ses directeurs sportifs, il n’aurait assurément pas remporté la huitième étape du Tour de France. Si les fameux briefings du matin gardent à l’évidence une importance de taille dans la stratégie de course, la part de liberté offerte aux coureurs reste heureusement encore assez importante.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le peloton du Tour à Mâcon (BALFIN JEAN PIERRE / MAXPPP)

Chaque matin, c’est un peu toujours le même refrain aux abords de la ligne de départ. Après le défilé de la caravane du Tour, les bus des équipes -avec à leur bord les coureurs- prennent place sur les emplacements qui leurs sont dédiés. Ils sont aussitôt suivis des voitures des directeurs sportifs qui s’empressent de rejoindre leurs coureurs et tenir l’habituel briefing du matin. Le matin de l’étape de Porrentruy, le staff de la FDJ avait demandé à ses coureurs de ne pas attaquer. Quelques heures plus tard, Marc Madiot encourageait avec toute sa rage son jeune coureur Thibaut Pinot, qui après lui avoir désobéi, lui procurait l’une de ses plus belles satisfactions.

« Il a désobéi aux consignes, mais heureusement que les coureurs prennent des initiatives », avait lâché Marc Madiot au sujet de Pinot. « Le vélo doit rester une affaire d’hommes, de motivation, d’inspiration et de destin», avait commenté le patron de l’équipe FDJ-BigMat. « Même si l’on sait ce qui nous attend le jour J, les briefings nous permettent de nous remettre dans la course, de redéfinir les rôles », précise Sébastien Hinault. Le coureur d’AG2R-La Mondiale tient à ajouter que « les coureurs ne sont pas des robots. Il faut aussi aller à l’instinct de temps en temps. »

« On a notre mot à dire »

« Même si c’est le directeur sportif qui définit le menu du jour, tout le monde parle, c’est une discussion. On a notre mot à dire ! », lance l’expérimenté coureur. Car si l’on connaît bien le profil de chaque étape, une course cycliste garde toujours une part d’inconnu, et c’est tant mieux pour le spectacle. « Lorsqu’il y a un régional dans une étape, le coureur le fait savoir, même si souvent, le DS le sait », déclare Cyril Dessel. « Il peut se manifester en montrant son intérêt pour l’étape du jour. »

Les briefings du matin définissent la tactique du jour. Sur un grand Tour, elle évolue un peu en fonction du classement général ou des maillots distinctifs, mais les grandes lignes ne changent presque pas : la protection du leader reste la priorité, suivie de près par la présence d’un coureur dans les échappées. Dans ce dernier cas, une véritable stratégie est mise en place pour glisser un coureur dans une échappée, et on va plutôt orienter soit un puncheur soit un grimpeur en fonction du profil de l’étape.

« Les briefings sont indispensables », affirme Dessel, car ils permettent notamment de pointer du doigt les pièges de la journée, comme les secteurs sujets au vent. « Il est important d’avoir des coureurs à l’avant de la course. Avec Pinot, on a vu que c’était une étape très débridée, et dans ces cas là, il est très important d’avoir du monde dans les échappées. Pinot en a profité ce jour là, même si il n’avait pas eu pour consigne d’attaquer. » Quant aux oreillettes, on a cru comprendre qu’elles n’étaient pas toujours bien acceptées par les coureurs, Thomas Voeckler, vainqueur la veille, peut en témoigner. Comme le dit Madiot, le vélo est une affaire d’inspiration, et doit le rester tant que faire se peut.

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