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Le système Armstrong vacille

Le système Armstrong commence à vaciller avec la suspension à vie infligée mardi à trois de ses proches par l'Agence antidopage américaine (USADA), qui lève le voile sur le système de dopage organisé au sein de l'US Postal au temps de ses victoires sur le Tour de France. Les trois hommes sont les premiers à tomber alors que l'USADA a lancé une procédure disciplinaire contre six individus au total, dont Lance Armstrong
Article rédigé par franceinfo
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Alors que lundi le septuple vainqueur de la Grande Boucle tentait de  stopper la procédure disciplinaire engagée contre lui via une vaine contre-attaque devant un tribunal fédéral au Texas, l'Usada annonçait la condamnation de trois protagonistes de l'affaire.   Le médecin espagnol de l'équipe US Postal, Luis Garcia del Moral, l'entraîneur espagnol "Pepe" Marti, et le préparateur physique italien Michele Ferrari, un des amis de Lance Armstrong, "ont reçu une suspension à vie dans le cadre d'un système de dopage organisé au niveau de l'équipe US Postal". Concrètement, ils ne pourront plus prendre part à des activités sportives placées sous l'égide du Code mondial antidopage, c'est-à-dire quasiment tout le sport de compétition. 

Les deux autres accusés sont le médecin Pedro Celaya, actuel docteur de RadioSchack, et le directeur sportif Johan Bruyneel, aussi chez RadioSchack, qui a dû renoncer cette année au Tour de France à cause de cette affaire. L'Usada précise que les trois autres, sans les nommer, ont soit obtenu un délai de cinq jours supplémentaires pour répondre aux accusations, soit demandé une audience devant une commission d'arbitrage, qui entendra des témoins sous serment, avant de rendre son verdict.   

Le mythe s'effondre

Le mythe du survivant du cancer devenu héros du cyclisme s'effrite sérieusement, alors que l'USADA détaille ce système de dopage sophistiqué en vogue dans son équipe durant les années où il dominait le peloton. Selon les preuves recueillies, Del Moral, médecin de l'US Postal de 1999 à 2003, aidait les coureurs à se doper aux transfusions sanguines. Ils se faisaient ainsi prélever du sang dans sa clinique du sport à Valence (Espagne). Il les aidait aussi via des injections de préparations salines à manipuler leurs valeurs sanguines afin d'échapper aux contrôles antidopage. Il leur fournissait et administrait aussi de l'EPO, de la testostérone, des corticostéroïdes, de l'hormone de croissance et autres substances dopantes. Marti, qui oeuvra au sein de l'US Postal, puis Discovery Channel et Astana - trois équipes cyclistes par lesquelles est passé Armstrong, assurait la livraison des produits dopants depuis l'Espagne aux différents endroits où les coureurs se trouvaient, soit en stage soit en compétition. Quant à Ferrari, invité souvent sur des stages d'entraînement, il prodiguait ses conseils à plusieurs coureurs, avec comme grande spécialité l'EPO. Le sulfureux préparateur, déjà condamné en 2004 dans son pays à un an de prison avec sursis pour fraude sportive et exercice abusif de la profession de pharmacien, avait aussi lui développé une mélange d'huile d'olive et de testostérone, que les coureurs devaient prendre sous la langue afin de faciliter leur récupération.

Evidemment, Lance Armstrong qui a toujours nié s'être dopé au cours de sa carrière, n'entend pas laisser réduire en miette son palmarès aussi facilement. L'ancien coureur, pour qui Travis Tygart mène une "vendetta" personnelle à son encontre, compte bien obtenir gain de cause devant la justice civile, malgré la première rebuffade qu'il a essuyée lundi. Sans doute, s'il n'avait pas disposé d'autant de moyens financiers, aurait-il déjà subi les foudres de la justice. Pour l'heure, il essaie encore de se sauver de l'étau qui se referme sur lui.

La justice passe un peu tard

Toutefois, l'agence américaine aujourd'hui a beau jeu de mettre tous les moyens pour confondre le Texan alors que durant des années les autorités de son pays ont tout fait pour empêcher toutes les enquêtes approfondies alors que le doute pointait quant à la validité de ses résultats. Armstrong était une caricature du rêve de l'Amérique qui gagne. Et il était devenu un symbole en même temps qu'un champion. En Europe également, lorsque les observateurs osaient apporter quelques critiques sur la façon dont  Armstrong dominait le tour de France, osaient émettre quelques interrogations sur les questions de dopage, ils se faisaient railler et traiter de rabat-joie car le Tour a besoin de héros. La direction même du tour de France ne trouvait pas étonnant qu'un coureur moyen devienne supersonique en quelque années, d'autant qu'il évoluait dans une équipe où le mystère était la règle. Tous ceux qui se sont extasiés ont désormais bonne mine. Tous ces champions se sont révélés des tricheurs. C'est pourquoi sans doute aujourd'hui  encore, il convient de rester circonspect face à certains résultats étonnants. Sous peine de voir un nouveau cas Armstrong dans quelques mos. En attendant, si l'américain est vraiment convaincu de dopage et déchu de ses titres, ce sera un coup dur pour tous ceux qui ont été ses principaux outsiders et qui sans passés à côté d'une reconnaissance plus importante.  


CG

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