Le peloton solidaire de Chris Froome
« Si c’est vraiment le cas, c’est ridicule et honteux », indiquait Thibaut Pinot. « Je ne sais pas quoi dire, je n’ai pas vu car j’étais devant. Mais ce sont des choses qui sont déjà arrivées, il y a des gens aigris », a résumé le leader de la FDJ. Parmi d’autres, Mark Cavendish avait en effet vécu le même sort lors de la 11e étape du Tour 2013.
S’il est difficile de trouver des témoins de la scène, la solidarité entre coureurs est bien présente. Brice Feillu a appris la nouvelle sur Twitter. « Je n’étais pas au courant. C’est décevant. Quand on est aussi performant, ça crée forcément de la jalousie, et certains peuvent avoir de la suspicion. Mais qui a dit qu’il était dopé ? Personne ! », a lancé le coureur de Bretagne-Séché. « On ne balance pas de l’urine comme ça. Au pire, si on est suspicieux, on ne l’encourage pas, on n’encourage les autres, mais on ne lui crache pas dessus, on ne l’insulte pas », poursuit le grand gaillard. « Il y a des coureurs que j’apprécie, d’autres que j’apprécie moins, mais on fait tous un métier qui est difficile. Et du premier au dernier, il faut plutôt encourager les mecs que les détruire. »
Après la polémique suscitée par la nette victoire de Froome à la Pierre Saint-Martin, le Britannique ne cesse de répéter que lui et son équipe militent pour un cyclisme propre, mais en raison des précédentes affaires, le discours ne convainc encore pas tout le monde. C’est au terme de la 14e étape qu’il a raconté ce qui lui était arrivé. « Après 50-60 kilomètres, un spectateur a jeté sur moi une tasse avec de l'urine dedans en criant ''dopé'' (en français dans le texte, ndlr). Je suis extrêmement déçu d'entendre ça. C’est vraiment dégoûtant. (…) Je ne pointe pas le public, c'est vraiment une minorité. Pour moi, la responsabilité revient à une partie des médias qui est très irresponsable », avait-il tenu à déclarer.
"Il faut savoir reconnaître la valeur des champions"
Vincent Lavenu abonde dans son sens. « Il faut savoir reconnaître la valeur des champions. Quand j’étais gamin, j’adorais Merckx, il était stigmatisé aussi. Il avait reçu une fois un coup de poing dans le foie, parce que la presse ne supportait pas sa domination, et l’histoire se répète, résume le manageur d’AG2R. C’est vraiment dommageable. Il faudrait en priorité respecter le travail qui est effectué par les champions. Froome est un grand professionnel, il faut respecter ce qu’il fait. Si un jour il y a des problèmes, c’est à l’UCI et aux contrôles de le dire », a affirmé Vincent Lavenu, un brin agacé, soutenant « que ce qui est arrivé est vrai. Le public lit les journaux, certains articles ont été ambigus, et forcément, quand un coureur domine le Tour de France, il est considéré comme un coureur dopé », analyse-t-il.
Face à la communication très bien huilée de l’équipe Sky, certains observateurs se demandent si cela ne sert pas à détourner l’attention. Mais quand on interroge les coureurs à ce sujet, la réponse est assez claire. « Pourquoi il mentirait ? déclare Arnaud Démare. Je ne me suis pas posé la question de savoir si c’était vrai ou pas, poursuit le sprinteur de la FDJ. Si c’est le cas, c’est vraiment dégueulasse. Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent, mais de là à faire ça… »
Damien Gaudin qui se trouvait à l’arrière du peloton quand les faits ont eu lieu, « ne pense pas que Froome s’amuse à raconter une histoire. » Le coureur AG2R pestait envers cette minorité de spectateurs. « S’ils n’aiment pas le vélo, il ne faut pas venir ! C’est vraiment irrespectueux envers Froome, envers le leader du Tour. Ils pensent ce qu’ils veulent, mais il ne faut pas en arriver là. »
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