Cet article date de plus de quatorze ans.

La décision de la discorde

Après avoir fait la « grève du sprint », lundi, à Spa, pour manifester leur mécontentement suite aux chutes qui ont ponctué la deuxième étape, les coureurs, mais aussi les directeurs sportifs, sont partagés. Le peloton a-t-il eu raison de boycotter l’arrivée ? Fallait-il neutraliser la course ? Eléments de réponse avec Bjarne Riis, Alain Galopin et Sandy Casar.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Fabian Cancellara et le peloton ont fait la grève du sprint lors de la 3e étape

Si on pouvait s’attendre à ce que l’étape entre Bruxelles et Spa soit disputée, personne n’aurait pu imaginer que la course allait se conclure par un boycott par le peloton du sprint final. Une décision prise pour dénoncer la dangerosité du parcours où plus de vingt coureurs ont chuté sur la chaussée glissante du Col de Stockeu. Consciente des risques encourus, l’organisation a même envisagé de neutraliser l’étape. Avant, finalement, de la laisser se courir jusqu’au bout. «Est-ce que c’était dû à la pluie ? Est-ce qu’un véhicule a perdu de l’huile ? Je ne sais pas mais en tout cas on glissait et on ne pouvait plus tenir sur le vélo», a regretté Anthony Charteau (BBOX). « Nous, on voulait faire le sprint, a confié Sandy Casar. Je suis un peu déçu car, si une portion du parcours était dangereuse, ce n’était pas le cas de la dernière ligne droite ». Prétendant au maillot vert, le Norvégien Thor Hushovd (Cervélo) n’a pas non plus caché sa colère: « Je suis vraiment frustré par ce qui s'est passé aujourd'hui. Notre équipe a beaucoup travaillé et nous avions une belle opportunité de victoire ». Difficile dans ces circonstances de parler, comme c’était le cas lundi soir, de décision collective. 

« Je ne sais pas si c’était une bonne décision mais ce qui est sûr, c’est qu’il fallait en prendre une, a affirmé Bjarne Riis, directeur sportif de la Saxo Bank. Parfois, c’est bien que certaines personnes prennent des décisions et soient dans l’action. Hier, c’était Fabian Cancellara, demain, ce sera peut-être quelqu’un d’autre.» Et d’ajouter : « Fabian a sacrifié son ambition personnelle pour le bien du peloton et je pense que c’était une bonne chose ». C’est en effet le Suisse de la Saxo Bank qui est allé voir l’organisation pour demander la non-attribution des points pour le maillot vert. « Je pense que l'équité devait passer avant l'égoïsme, a expliqué Cancellara. C'était la bonne chose à faire : attendre pour que tout le monde passe la ligne d'arrivée ensemble. Quand vous avez tout le monde à terre et des coureurs cinq minutes derrière parce qu'ils ne retrouvent pas leur vélo, c'est normal. » Pour Alain Galopin, directeur sportif chez RadioShack, « il est capital de respecter la décision des coureurs, une décision prise sans consultation avec les directeurs sportifs ». Il estime toutefois que « les coureurs auraient pu faire sprint, la route étant parfaitement sèche sur la dernière ligne droite. » Un regret que le public, venu nombreux à Spa, partageait entièrement après l’arrivée massive et la victoire en solo de Sylvain Chavanel.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.