Kittel, successeur attendu de Cavendish
Désigné par de nombreux spécialistes comme le meilleur sprinteur de tous les temps (devant André Darrigade, Mario Cipollini et autres Erik Zabel), Mark Cavendish semble avoir trouvé son maître sur cette 100e Grande Boucle. Effet provisoire ou durable ? L’avenir le dira mais force est de constater que le Britannique n’a remporté qu’un seul sprint depuis le 29 juin, ses rivaux se partageant la part du lion (une étape pour Greipel, une pour Sagan et trois pour Kittel).
Cavendish gagne moins qu’avant
Bien entendu, à seulement 28 ans, Cavendish est loin d’être fini. A peu de choses près, il égalisait avec le jeune Allemand à deux victoires partout. Oui mais voilà, le Britannique a de nouveau failli, là où les années précédentes il trustait les succès sur la plus prestigieuse épreuve du monde (4 en 2008, 6 en 2009, 5 en 2010 et en 2011, 3 en 2012). Certes, le Tour n’est pas terminé mais les occasions de s’imposer s’amenuisent (en gros, deux à trois possibilités jusqu’à Paris). Et comme le maillot vert semble promis à Peter Sagan, Cavendish ne rigole pas.
Personne dans le peloton ne se risque toutefois à pronostiquer un début de commencement de déclin du coureur de l’île de Man. « Kittel, c’est une force de la nature », a confié Samuel Dumoulin. « Il fait des sprints énormes ». « Cavendish a été idéalement lancé mais Kittel est vraiment puissant et très très rapide », décrypte la meilleure carte d’AG2R-La Mondiale lors des arrivées massives.
Dumoulin : "Kittel est beaucoup plus physique"
« Je pense que c’est la révélation », explique-t-il. « L’année dernière, il aurait pu gagner une étape s’il n’avait pas été malade (abandon dès la 5e étape, NDLR). Cette fois, il montre tout son talent. Depuis qu’il est passé pro, ça doit être sa 50e victoire. Ce n’est pas non plus une surprise », poursuit-il avant de divulguer la grosse différence entre le roi et son challenger aux airs de successeur désigné. « C’est un style de sprinteur un peu différent de Mark Cavendish. L’Anglais est très rapide aussi, adroit. Il sait soit être emmené soit se sortir de situations plus compliquées. Il a vraiment la vista du sprinteur, l’adresse. Kittel est beaucoup plus sur le physique. Il faudra voir car ça fait trois victoires à une sur ce Tour, mais Cavendish reste pour moi la référence pour le moment ».
Même topo ou presque pour le directeur sportif de Cofidis, Didier Rous : « On ne peut pas encore parler de passation de pouvoir », a-t-il avancé. « Kittel, quand c’est dur, il est déjà moins bien. Cavendish est toujours mieux placé que lui. On n’est pas à la fin du Tour. Kittel en a gagné trois et c’est déjà beau pour lui. C’est un très bon sprinteur. Ca va être l’avenir du sprint d’autant que ses rivaux sont plus âgés que lui. Il est plus fort que Cavendish en ce moment, sur quelques étapes. Mais ce sont deux styles totalement différents ». Et d’avancer une autre explication à cette domination allemande momentanée. « L’équipe de Cavendish a beaucoup travaillé depuis le début, certainement plus que celle de Kittel. Les gars de Quick Step sont un peu émoussés, je pense ».
Cavendish adoube Kittel
Certains coureurs, comme Thibaut Pinot, n’hésitent pas à voir en Kittel comme la star du sprint dans un avenir très proche. « Kittel ? C’est un coureur encore assez jeune qui a vraiment le gabarit pour être un très bon sprinteur », affirme ainsi le leader de la FDJ.fr qui risque de côtoyer le cousin germain (25 ans) durant de longues années dans les courses de l’UCI Pro-Tour.
De son côté, le principal intéressé par la montée en puissance du colosse allemand affiche –pour l’instant- une grande décontraction, à la manière d’un Roger Federer refusant de voir dans l’éclosion de Rafael Nadal la fin annoncée de son règne. Mark Cavendish a ainsi fait preuve de fair play au terme de cette 12e étape entre Fougères et Tours. Il a félicité Marcel Kittel pour sa victoire au sprint dans un tweet. « Comme je l’ai dit, Marcel Kittel est la révélation du sprint. Il a simplement été meilleur que moi aujourd’hui. Désolé, je n’ai pas pu finir le travail de l’équipe ». Vu qu’il lui reste très peu de chances pour prendre sa revanche, le Cav a-t-il les moyens de se rebiffer ?
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