Nibali, Ackermann, Peters : les trois infos à retenir à mi-Giro
Pour l'instant, seul Nibali peut lutter avec Roglic
Ils étaient quatre grands favoris à la victoire finale au départ du Giro à Bologne, samedi dernier : Primoz Roglic (Jumbo-Visma), Simon Yates (Mitchelton-Scott), Miguel Angel Lopez (Astana) et Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida). Une semaine et neuf étapes plus tard, le Slovène a écrasé les deux chronos et pointe à la deuxième place du général, 1'50 derrière Valerio Conti (UAE Emirates).
Derrière, c'est l'hécatombe après le chrono en côte de San Marin. Yates ? A 3'46. Lopez ? Encore plus loin, à 4'29. Un seul favori parvient à tenir tête à Roglic à la mi-Giro, et ça tombe bien, c'est le préféré des tifosi. Vincenzo Nibali a su limiter la casse sur les deux chronos et est aux portes du Top 10 (11e). L'écart peut paraître conséquent avec le Slovène (1'44), mais il fait pour l'instant de lui le principal (et le seul ?) concurrent du Slovène pour le maillot rose.
La question : Le Giro peut-il échapper à Roglic ?
Le Slovène est pour l'instant intouchable sur ce Giro. Il a remporté facilement les deux chronos, et a même repris du temps sur une étape accidentée remportée par Richard Carapaz. Avec Tom Dumoulin out, Yates et Lopez largement distancés, c'est la voie royale pour le vainqueur du dernier Tour de Romandie.
Mais deux questions restent en suspens : Roglic a souvent eu un jour sans dans les Grands Tours, comme lors de la 20e étape du dernier Tour de France, où il perd plus d'une minute sur les favoris lors de l'ultime chrono. La terrible troisième semaine qui s'annonce peut lui faire tout perdre. Ensuite, c'est paradoxalement les positions éloignées de Yates et Lopez qui pourraient le perturber. Plus libres, moins marqués, ils pourraient tout renverser sur une étape, comme Chris Froome l'année dernière. Privé de Laurens De Plus, Roglic ne pourra pas contrôler tout le monde. Il faudra bien choisir son lièvre au risque d'exploser.
Ackermann est au rendez-vous, pas les autres sprinteurs
Pour un coup d'essai, pour l'instant c'est un coup de maître. Premier Grand Tour et déjà deux victoires (5 podiums) pour Pascal Ackermann (Bora-Hansgrohe) sur ce Giro. C'est mieux que tous ses concurrents : Fernando Gaviria (UAE Emirates) et Caleb Ewan (Lotto-Soudal) n'ont qu'un seul bouquet. Elia Viviani (Deceuninck-Quick Step) ou Arnaud Démare (Groupama-FDJ) aucun.
On attendait Viviani, son maillot d'Italie et ses quatre étapes glanées sur l'édition précédente. Pour l'instant, on a Ackermann, son maillot de champion d'Allemagne et 9 petites étapes de Grand Tour, toutes disputées sur ce Giro.
La question : Quelles occasions restantes pour les sprinteurs ?
Pour les grosses cuisses, ce Giro est déjà presque terminé. Avec une dernière étape en contre-la-montre individuel, la traditionnelle étape de plat a été supprimée de cette édition. Il ne reste a priori que trois étapes dévolues aux sprinteurs : la 10e et la 11e mardi et mercredi, et la 18e à Santa-Maria-di-Sala. De quoi sans doute en décourager certains. Gaviria a déjà abandonné. Viviani et Ewan, qui devraient doubler avec le Tour de France, pourraient l'imiter après la 11e étape.
Sans tête de gondole, les Français font plus que de la figuration
Nans Peters (AG2R La Mondiale) surprenant maillot blanc, Valentin Madouas (Groupama-FDJ) souvent à l'attaque, Arnaud Démare bien placé dans les sprints : sans tête de file connue pour le général, les Français tentent des coups et pour l'instant, ça leur réussit. Après la 9e étape, Nans Peters est troisième au général, à seulement 31 secondes de Roglic. Madouas est 8e, devant tous les autres favoris.
Certes, les deux Français ont profité des circonstances de la 6e étape, où la Jumbo-Visma a laissé l'échappée prendre une grosse avance pour lâcher le maillot de leader. Mais les deux Français ont bien résisté depuis : le coureur d'AG2R est même allé chercher le maillot blanc à Giovanni Carboni (Bardiani-CSF) sous la pluie dimanche. Quand à Démare, il n'a certes toujours pas gagné, mais il a quatre Top 10 et se classe deuxième au maillot cyclamen derrière Ackermann.
La question : Jusqu'où Peters et Madouas peuvent-ils aller ?
La très haute montagne qui s'annonce devrait sonner le glas de la place sur le podium de Peters, et sans doute de celle de Madouas dans le Top 10. Les énormes dénivelés entre la 12e et la 18e étape et la répétition des efforts quotidiens rendent forcément compliquée la lutte pour les plus hautes cimes du général, surtout pour Madouas, dont l'équipe est normalement constituée pour emmener Démare au sprint.
Si elle décide de jouer à fond la carte Peters, AG2R peut elle soutenir le Français d'une manière bien plus solide : Gallopin, Dupont, Gastauer et Vuillermoz ont des références en montagne. S'ils se mettent à la planche pour conserver le maillot blanc jusqu'à Vérone, c'est possible, malgré la concurrence de Sam Oomen (19e à 2'41 de Peters), Pavel Sivakov (26e à 3'40) voire Miguel Angel Lopez (27e à 3'58).
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