Le Giro, un Tour mal-aimé
Lors de la présentation du parcours de l’édition 2014, en octobre dernier, tout le monde n’avait d’yeux que pour Vincenzo Nibali. Mais personne, déjà, ne se faisait d’illusion : le tenant du titre ne tentera pas le doublé. "Il s’était imposé avec tellement de classe l’an passé que j’estime normal le fait qu’il s’essaye au Tour de France cette année, soutient Mauro Vegni, le directeur du Giro. Je le comprends".
En revanche, le patron de la course regrette que tous les autres cadors du peloton aient décidé de suivre la voie du champion italien. Car Nibali ne sera de loin pas le seul absent de marque cette année. Christopher Froome a choisi de chercher le doublé sur les routes françaises. Alberto Contador, en quête d’un troisième sacre, tentera de l’en empêcher. Bradley Wiggins, qui aurait été un leader crédible de la Team Sky en Italie, sera lui aussi préservé pour le mois de juillet, tout comme Richie Porte qui, hors-de-forme, ne sera finalement pas aligné au départ en Irlande du Nord.
Grimpeurs, sprinteurs, ils ont tous préféré le Tour
"(L'équipe Sky) a eu des imprévus, c’est certain, mais changer comme cela un coureur qui aurait dû à l’origine participer au Giro? Cela ne me plait pas, déplore Vegni. Je suis contrarié par toutes ces absences, évidemment. Je ne vais pas prétendre le contraire". Outre les meilleurs grimpeurs (Froome, Nibali et Contador, donc, mais aussi Valverde, Betancur ou Rui Costa), le Giro devra aussi se passer des grands noms du sprint mondial. Les absences de Mark Cavendish, qui préfère continuer sa moisson de victoires sur le Tour, et d'André Greipel, qui fera plutôt ses gammes sur le Tour de Belgique fin mai, laisseront le champ libre à Marcel Kittel, brillant l'an passé en France (4 victoires d'étapes).
L’an passé, la neige et le froid avaient très largement perturbé la course, au point que certaines voix s’étaient élevées pour déplacer le Giro vers des régions plus ensoleillées, au centre et au sud de l’Italie. "Je ne pense pas que les fans sont prêts à accepter cela, rétorque Vegni. Ils sont habitués à voir les coureurs animer la dernière semaine sur les cols mythiques, comme le col du Mortirolo ou du Stelvio (au nord)". Mais la météo capricieuse ne suffit pas à expliquer ce manque d’engouement.
Vers un changement de calendrier ?
Il y a surtout le Tour de France, qui reste l’indéniable point d’orgue de la saison cycliste en juillet, et auquel les favoris préfèrent se préparer avec le Critérium du Dauphiné en juin. La seule solution, pour relancer l’attrait du Giro, serait donc de modifier le calendrier. "Il le faut, pour s’assurer que les meilleurs coureurs participent aux meilleures courses, martèle Vegni. Avec le calendrier actuel, ce n’est pas du tout possible". Mais si l’UCI (Union cycliste internationale) n’agit pas, c’est parce que cette manœuvre est très délicate. Personne n’a de véritable réponse à ce débat : impossible, par exemple, de l’organiser plus tôt en mai, sous peine de s’exposer encore un peu plus aux complications météorologiques.
En attendant de trouver une réponse à ce débat, c’est aux dates habituelles que le peloton s’élancera, vendredi, depuis l’Irlande du Nord. C’est donc à la maison que Dan Martin et Nicolas Roche débuteront cette course qui représente à leurs yeux une opportunité en or, au vu du relatif manque de concurrence. Relatif, car trois favoris logiques se démarquent malgré tout parmi les 198 coureurs : les Colombiens Nairo Quintana (Movistar), deuxième sur la dernière Grande Boucle, et Rigoberto Uran (Omega Pharma-Quick Step), deuxième du Giro 2013, sont des candidats tout aussi crédibles à la victoire finale que Joaquim Rodriguez (Katusha), vainqueur en mars du très relevé Tour de Catalogne. Trois sérieux prétendants… qui n’ont pas encore remporté le moindre Grand Tour.
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